Un sélénet dont le système de rimes est paradoxal :
- féminines vers 1 & 3, masculines v. 2 & 4 ;
- cependant, on entend des holorimes vers 1 & 4 et v. 2 & 3.

Ô corne féroce !
En rhinocéros
Henri noce et rosse
au corps neuf Éros.

Sa tresse automate
à doux bateaux mats
adouba tomate ;
ça tressaute aux maths.

Zéro muse : ceci fut composé avec les premiers mots valides extraits du lexique, sans chercher davantage un sens suivi. Quand la contrainte est étroite, elle a tendance à monopoliser la parole ; effet surréaliste mâtiné d’oulipo. D’aucuns qualifieront cela d’anti-littérature. Or, ne pourrait-on y prospecter quelque chose qui émerge de l’inconscient ; pas seulement l’inconscient du poète, mais encore de la langue — française en l’occurrence ? À ce titre, l’homophonie serait privilégiée, situation linguistique où l’on dit simultanément deux choses, distinctes mais soudées.

Variante approximative (superflue ?) sur un autre schéma de quasi holorimes (1-2 et 3-4) :

Marmelade et horde
m’arment là-dehors,
ma chandelle est morte
mâchant de laids mors.

Son dogue répète
son do guère épais :
saperlipopette,
ça perle hip-pop ouais !

Le suivant sur 4 rimes orphelines en français : dogme, soif, sépulcre, rapt. Le sélénet n’élidant pas le E des rimes impaires (luNE, pluME), il devient facile de trouver une famille d’accueil aux féminines orphelines. En bricolant un peu, on se débrouille aussi des masculines.

Sade à maboul dogme
sans cabot est-ce ouaf ?
Sa dame à bulldog me
sent cow-boy et soif.

Après dix sépulcres
parlons qu’au ball-trap t’
as prédit ces pulls creux
par long cobalt-rapt.

Holorimes encore ; seule la féminine est orpheline : sépulcre.

Élégants sépulcres,
trions fantôme, ors
et laids gants et pulls creux
triomphant aux morts.

Un p’tit dernier ? Sans holorime, et une seule orpheline : goinfre.

Les goujats et goinfres
se gorgent d’oiseaux :
autruches, pingouins, freux,
phénix et dodos.