Le blogue de Robert Rapilly

Le Spectre et le Taulier

S'agissait d'inventer une histoire qui raconte la scène, d'après un collage de Philippe Mouchès — Watteau sur Rembrandt. Le texte ci-dessous, signé Pierrot Labryl, sera lu par Olivier Salon à la fin d'une soirée François Le Lionnais à l'Auditorium du Louvre vendredi 29 septembre 2017.
Un hiatus navrant (vers 34) a été corrigé ci-dessous.

 
Voix du Spectre en surplomb ; doyen des patriarches,
le Vieux compte répondre et le nombre de marches.

— Fors la sobriété d’occultes décorums,
  descendons l’escalier et cinq bières, deux rhums.
  Mon habit de lin blanc camoufle un corps succube
  capable d’engloutir le vin par mètre cube.

— Las ! riposte l’Ancien, ma gargote est à sec,
  on n’y boit que de l’eau… mes paroles avec,
  à supposer d’ouïr - supplémentaires jeûnes -
  les heures du Taulier qu’ont rembarré les jeunes.

— Ici souvent il pleut, mais toi tu n’as pas plu ?!

— Je cache un cou trop long sous ce menton poilu.

— Que n’as-tu rehaussé ton col d’une ou deux broches,
  pour essuyer les verres, non plus les reproches ?

— J’ai pris tant de râteaux des brus du monde entier
  qu’un manche advint, fatal, qui brisa mon dentier :
  prétexte à m’adjuger bonus d’affront saumâtre.
  Même la Gouvernante attachée à mon âtre,
  me rhabille de bric et de froc au bazar ;
  ne coud du dé jamais ; bouillira le falzar
  en mélangeant ma soupe à son jus de semelle.

— Non mais dis donc alors, de quoi qu’elle se mêle !

— Il me souvient d’un Ogre à ta place, méchant
  et tout nu descendant un écolier ; du chant
  de sa pétoire ; et du poupon dont la carcasse
  vrilla comme au manège en batave ducasse.
  L’ombre et le détraqué, Dragon et Maquereau
  planent sur cet hôtel. Pour seul jour, mon carreau
  de fenêtre aux confins d’une hélice nocive.

Ce pleurant, le Taulier… recrache sa gencive
- artefact aux râteaux gâté de malfaçon -.
Or, le Spectre figé dans le colimaçon,
sardonique, déjà s’ennuie :
                            — Adieu, l’Épave.

Édenté, qu’en déduire ? Opportune épitaphe,
le but résume tout, que couronne un Râteau.
Sans R, doublant les T, il chevrote :
                                      — Watteau !

Pieux voguant

Alternance de vers asphyxiés A1—A2 et oxygénés O1—O2.

Pieux voguant ou noix, siècle, épave, nuage,
cette lune — au fait ange — et tes legs, Hamada :
pieuvre au Grand Trou noircie, éclair parvenu rage.
Certes l’urne offre étrange éther, l’erg Armada.

A1 = O1 phonétiquement et A2 = O2
sauf que les A sont asphyxiés (sans R), les O oxygénés.

On note entre A1 et O1 une inversion de diérèses et synérèses :
"Pi—eux" = 2 syllabes, mais "Pieuvre" = 1 syllabe,
"siècle" = 1 syllabe, mais "-cie—écl-" = 2 syllabes.

Disposition inverse, vers 1 et 2 oxygénés, 3 et 4 asphyxiés.

Ahuri Freud heurté, Pierrot crut certes l’urne.
L’archange Georges croit, car d’esprit nos ardeurs
à huit feuilles de thé : pieds hauts qu’eut cette Lune.
Lacan, je jauge quoi ? Cadet Spinoza II !

Ici encore, inversion de diérèses et synérèses :
A—hu—ri—Freud—heur—té = 6 = à—huit—feui—lles—de—thé

Noémie & Léon

Distiques d’alexandrins identiques à l’oreille, sauf que le son R, absent des vers impairs, sature au contraire les vers pairs. Une lecture fluide lissera les voyelles approximatives :
É = È = Ê
E = HEU
O = Ô
IN = UN = AN (v. 5 & 6)

Noémie et Léon — selon Denis Papin —
n’auraient miré les ronces, Londres, ni parpaing
à lamelle où six chats coulent Doge en Tacite.
Alarmez l’ours Richard, couleur d’orge anthracite.

Si ces coups, bancal Max, dialoguent à jeun,
Circé courbant Karl Marx dira l’ogre Trajan.
Ô Sapho, toussas-tu cahin-caha mais leste ?
Or ça frotte ours Arthur, car un caramel reste.

Tout agave le toque et Pâque s’avoue : oeufs,
tourte à graveleux troc, ers par coeur savoureux.
Quoi ! s’en dégante Pise ? En cabas la fatigue,
croissant d’aigre entreprise, ancra balafre à tigre.

Douce lune à cachette et pis meuble, Eio but ;
d’Ourse l’urne a craché tes primeurs, Blériot brut
et haut Musset, papillon bas... Gédéon monte,
Réaumur s’éparpille, ombragé d’air on montre.

Le stuc tua, gentils, Noémie et Léon :
leur structure argentine aurait miré l’héron.

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