Aux becs de gaz éteints, la nuit, en la maison,
Ils prolongent souvent des plaintes éternelles ;
Et sans que nous puissions dans leurs glauques prunelles
En sonder la sinistre et mystique raison.

Parfois, leur dos aussi secoue un long frisson ;
Leur poil vif se hérisse à des jets d'étincelles
Vers les minuits affreux d'horloges solennelles
Qu'ils écoutent sonner de bizarre façon.

Cette terreur du chat, âmes glabres de bêtes,
Viendra versant ses feux griffer les cœurs, les têtes.
Ô spasmes, gueule ouverte au fond d’un noir fauteuil !

Près de l’âtre d’angoisse, horreur des servitudes,
Nos chats montrent des yeux de sympathie au deuil,
Tout joyeux aux bruissants soucis des solitudes.


Les 2 quatrains d'Émile Nelligan ci-dessus, d'humeur bien plus sombre, partagent cependant avec "Les chats" de Baudelaire une rime (-son) et 4 mots : "maison", "prunelles", "mystique(s)", "étincelles".
À supposer que ç'ait été un sonnet dont on a égaré les tercets, qu'aurait écrit Nelligan ? Pour tenter d'y répondre, tous les mots ici proviennent d'autres vers félins du poète québécois, "horreur" et "solitudes" de Baudelaire.