Le Cygne ou la Sirène
1/4/14 = Jour J de l'année du sonnet / Apollinaire refait surface...
Je suis soumis au Chef du Signe de l’Automne Partant j’aime les fruits je déteste les fleurs Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs Je regrette chacun des baisers que je donne Mon Automne éternelle ô ma saison mentale Des amantes d’antan les mains jonchent ton sol Les colombes ce soir prennent leur dernier vol Une épouse me suit c’est mon ombre fatale Suis-je Énoch suis-je Icare ou Thomas de Quincey Mélodieux le chant du batelier délire Empli d’un vin trembleur soleil d’ardente lyre Navire ma mémoire après qu’un cœur glacé Fut de retour enfin faut-il qu’il m’en souvienne Nageurs morts suivrons-nous le Cygne ou la Sirène
Cliquez ici puis lisez la variante des quatrains ci-dessus, extraits pour « Alcools » d’un très long poème. Apollinaire avait opté pour des rimes croisées sous le titre « Signe », titre transformé, après 1916, en « Le Cygne ou la Sirène ». Identiques sauf l’ordre des vers, donc le schéma des rimes, ces strophes se sont prolongées en un sonnet certes inédit, mais consultable au Fonds Gilbert Farelly de Bruxelles, tel que non publié because le naufrage des éditions Ichthusson. Intérêt oulipien oblige, examinant une note manuscrite à la marge, on déchiffre cela de la main d’Apollinaire : « Toute paire de strophes est un Desdichado en devenir », ce à quoi Gilbert Farelly ajoute (feuillet saumon intercalé) : « Quel processus ferait qu’un texte donné esquisse le Desdichado ? Ayant choisi d’un auteur quelconque 2 quatrains de tonalité déshéritée, composer les tercets manquants en pêchant parmi le reste de son œuvre. » N’hésitons pas à nous y plonger... Et merci à la documentation Farelly, grand fonds bruxellois qui nous réserve des découvertes à la fois passionnantes et foisonnantes : poissonnantes serait le mot juste, vraiment.
Robert Rapilly, mardi 1 avril 2014, à 14:14 [in Sonnets] 3 commentaires - aucun trackback