Le blogue de Robert Rapilly

Boileau vs Horace

Les contraintes ci-après invoquant Boileau puis Horace ont été simultanément explorées, mais de manière bien plus exhaustive par Gilles Esposito-Farèse.

I — Nicolas Boileau dans L'Art poétique réfute "qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer". Imaginons pousser cette injonction jusqu'aux mots-outils : déterminants, prépositions, conjonctions, interjections... Un poète nous facilite le travail, Mallarmé, tant il accorde attention à enrichir le texte de mots différents, à doter les mots-outils d’extrême précision.

1/ Salut à peine retouché :

Adieu —

Rien, cette écume, vierge vers
à dissimuler fors en coupe ;
telle loin se noie une troupe :
sirènes, mainte vue envers.

Nous naviguons — hello ! divers
amis —, moi déjà sur la poupe,
vous avant fastueux qui coupe
houles et foudroyants hivers.

Quelle ivresse belle m’engage
sans craindre même son tangage
apportant debout mon salut

solitude, récif, étoile
pour n’importe si ça valut
au blanc souci de notre toile.

2/ D'après le Sonnet en X :

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
angoissé ce minuit soutient, lampadophore,
maint rêve vespéral consumé du phénix
que ne recueille pas de cinéraire amphore

sur les crédences — quel salon vide ? —, nul ptyx,
aboli bibelot d’inanité sonore,
(car, maître, il dut aller puiser des pleurs, ô Styx,
avec pour seul objet : où son néant s’honore !)

mais proche la croisée au nord vacante, un or
agonise selon peut-être tel décor
moult licornes ruant en feu contre une nixe,

elle, défunte nue ici mirée, encor
que, dans l’oubli fermé par tout cadre, se fixe
sous scintillations sitôt le septuor.

NB — On a ci-dessus toléré la présence simultanée de "d’ & de", "l’ & le", "s’ & se" = chaque fois le même mot mais avec deux graphies distinctes.
Le "que" de la locution conjonctive "encor que" (entre les vers 12 et 13) ne double pas le "que" du vers 4, pronom relatif.

3/ Petit Air II commettant des fautes systématiques de liaison supposée à la rime, partout des pluriels avec des singuliers... excepté vers 5 et 7, là où Mallarmé avait intentionnellement mis "bosquet" et "jamais" en mots-rimes :

Indomptablement ont dû
Comme espoir où je m’y lance
Éclater sous ciels perdus
Avec furie et silences

Voix étranges aux buissons
Ou par nul écho suivies,
D’ornithologiques sons
Toute autre fois en la vie.

Quels hagards musiciens,
Cela dans leur doute expire
Si de mon sein pas du sien
Jaillissaient les sanglots pires

Déchirés vont-ils entiers
Rester sur quelque sentier !

4/ Variante à partir du même sonnet. Cette fois, sauf aux vers 5 et 7 où la rime de "bosquets" avec "aguets" est académique (à nouveau en contradiction de l’entorse volontaire de Mallarmé), la faute permanente des autres rimes est double : masculin avec féminin, singulier avec pluriel ; la contrainte de Boileau est également tenue, nul mot n’apparaît plus d’une fois :

Indomptablement n’ont dû,
Comme mon espoir s’y lance,
Éclater là-haut perdues
Avec furie et pollens

Voix étranges des bosquets
Par aucun écho suivies :
Ces grives tout aux aguets
Nulle autre fois sans envi.

Maint hagard musicien,
Cela dans le doute expire
Si d’oreilles non pas siennes
Pousse une âme ses soupirs :

Déchirure, est-elle entière
Restée en quelques sentiers !

5/ Le même sonnet, cette fois lipogramme en E. On reste fidèle à l’exception calculée de Mallarmé : vers 5 et 7 la rime "buissons" et "song" est fautive. Le "qu'" de "qu'on tait" (vers 4) et celui de "Pour qu'alors" (vers 13) seront considérés comme 2 mots distincts de par une nature différente, l'un pronom relatif et l'autre locution conjonctive :

Air succinct —

Aucun dominant n’a dû
Quand s’y lança mon souhait
Jaillir là-haut morfondu,
Ouragan pourtant qu’on tait

Par voix d’inconnus buissons,
Sinon miroitant du bruit
Sans piaf dont ouïr nul song,
Nonobstant hasard fortuit.

Hagard façon troubadour
Fluctuant parmi moult flots,
Si hors son for — pas autour —
Ont sailli cris ou sanglots

Pour qu’alors quasi-haillon
Aboutît sur un layon.




II — "Bis repetita placent" : d'après l'Ars Poetica d'Horace, maxime latine selon laquelle "deux fois les choses répétées plaisent". L'oulipote Rémi Schulz a suggéré d'appeler "contrainte d'Horace" celle imposant que tous les mots d'un texte apparaissent deux fois, pas plus, pas moins. Il est commode d'écrire un palindrome de mots pour y arriver sans risque d'erreur.
Signé d'Alain Chevrier, un précédent intitulé "Menu symétrique" figure dans le n°4 de la Bibliothèque Liste-Oulipienne.

1/ Sonnet à non-rimes masculines :

Envers l’à-propos, tenons-nous
bien pour mener tel va-et-vient
moins au terme ? Quel risque alors
abouti serait disparu ?

Avoir d’ordre tout retourné :
ainsi, vers ces coupes tu vois
répétition chaque mot,
mot chaque répétition.

Vois : tu coupes ces vers ; ainsi
retourné, tout ordre d’avoir
disparu serait abouti.

Alors, risque quel terme au moins
vient et va tel mener pour bien ;
nous tenons propos à l’envers.

2/ D'après El Desdichado :

Fée ou ténébreux cri, dit-on qu’inconsolé
Orphée arme Aquitaine en enceinte abolie.
L’Achéron astral mort voyageant constellé,
Sirène ancrons soleil noir et mélancolie.

Reine encor ! D’Oc rougit tombeau du Consolé.
Biron accostait Oïl, océane Italie ;
Élie inverse fleur à pampre désolé.
Seul ! seul désolé pampre à fleur inverse : Élie.

Italie océane, Oïl accostait Biron.
Consolé du tombeau, rougit Oc d’encor reine...
Mélancolie et noir soleil, ancrons sirène.

Constellé voyageant ? Mort astral ? Achéron !
L’abolie enceinte en Aquitaine arme Orphée,
inconsolé qu’on dit cri ténébreux ou fée.

Et pour quelques ouïseaunets de plus...

Façon d'exaspérer Nicolas Boileau ou Théodore de Banville, les entorses seront doubles en cet ouïseaunet à vers homophones, où les rimes associent à la fois singulier & pluriel, masculin & féminin.

L’oiseau vit par
lois ovipares :
songe et nid
sont génies.

Le sonnet suivant aligne trois ouïseaunets et demi qui varient les fautes prosodiques : le premier déroge à la règle de la liaison supposée, le deuxième se conforme comme un bon élève aux rimes classiques, mais aussitôt le troisième enfreint à la fois le genre et le nombre, et la strophe de chute associe féminin et masculin. Les couples de vers se succèdent quasi homophones, y compris le distique final en 4 et 3 syllabes, diérèse à "ou-ïe" pour synérèse à "oui".

Homard, mit-on
aux marmitons
dix rondelles
d’hirondelle ?

Hé ! lapin, son
aile à pinson
vaut l’attelle.
Vola-t-elle ?

Vois : le dépit
voile des pies
qu’on traçait
contrastées.

C’est l’oie ouïe ?
Ses lois, oui !



Gavées de céréales et fleurs, plus question d’imposer un régime à tes colombes (strophe 1), fier hobereau anglo-normand dont le camaïeu du bibelot s’échange au prix du blé... si ne le chipent des passereaux chapardeurs (strophe 2) à l’origine d’édits félons donnant ta colombe pour sale rongeur, voire pour colvert décoloré dont on prétendra que la bande à Bonnot le fume (strophe 3).

Dans l'esprit où Raymond Roussel a écrit certains de ses livres, ci-dessus l'ébauche d'un conte déduit non de l'imagination, mais de trois ouïseaunets dont les vers homophones font double entorse au genre et au nombre des rimes :

Épis, jonquilles
et pigeons qui
t’en picorent...
tant pis corps !

Lord-Duc, ah mais
l’or du camée
vaut l’épi ?
Volez pies !

Lois scélérates :
l’oiselle est rat,
canard gris
qu’anars grillent.



Refoulant un fatras d'échassiers et de parasites, d’hémoglobine et d’aubépine, le tout acculé à des porches, le dieu du vent a délivré l’oracle (strophe 1) : « Ô gentil blason aquilin, ta céréale aux chlorures de sodium teinterait-elle d'indigo mes ciels multiples ? » (strophe 2)

... soit un autre scénario inspiré des méthodes de Raymond Roussel. La mécanique d’un procédé littéraire ultra contraint (ouïseaunets à vers homophones dérogeant doublement au genre et au nombre des rimes) y régit rebondissements et apparition de protagonistes que l'imagination serait en peine d'inventer, à moins de s'appeler Luis Buñuel ?

Poussant hérons,
poux, sang et ronce
par les halls,
parle Éole :

« Douce aigle, est-ce elle
d’où seigle et sels
m’y lasurent
mil azurs ? »



Enfin douze ouïseaunets normaux, sauf la richesse excessive des rimes. Chaque strophe peut être prise pour résumé d'un épisode rocambolesque à développer sans frein — cf. plus haut les recettes de Raymond Roussel...

Vingt exocets
vont t’exaucer
si dix Perses
s’y dispersent.

Ma thérapie
matera pies,
épi, jonc
et pigeons.

Parlez, moineaux,
par l’émoi nô
qui déchaîne
gui des chênes !

Levant frégates,
le vent frais gâte
l’orme où sont
leurs moussons.

En accords beaux
on a Corbeau,
poème, arbre,
Poe et marbres.

Nouveau ramage :
nous, vos Rois Mages,
le pigeons,
le pigeon.

Si querellez
ce cœur ailé,
mal y êtes
Maliette.

De quoi s’écrivent
Ducasse et grives ?
Mal d’or hors
Maldoror.

L’écho — hélant
les goélands —
sonne aux larmes
son alarme.

Ô lac, ô quilles,
ô la coquille !
Dizzy bout
dix hiboux.

Lacan nomma
la cane aux mâts
d’onde et signe :
don des cygnes.
Ode aux canards :
« Ô docte anar,
on se marre
en ces mares ! »



Post-scriptum :

Popes moujiks,
euh... pop-music
d’Ivan ; pire :
dix vampires.



Épilogue en survol synthétique de la linguistique structuraliste :

« Geais de Saussure,
j’ai deux chaussures,
Ferdinand !
Fiers dînons
où l’acte est signe :
au Lac des Cygnes
subclaquants »
sut Lacan.




Poème hybride combinant ouïseaunets avec automnet, où les quatrains = 4+4+3+3 syllabes et les tercets = 4+4+3 syllabes. On conviendra d’élider l’E final à "il n’y zieuta qu(e)", cf. Molière, Racine, etc.

Maliettes interjectives —

L’œil lune et pers
des maliettes
luit, saper-
-lipopette !

Si l’une meurt,
elle crie aïe !
Sourdes mœurs
des entrailles.

Argh ! Jacquemort
touche aux ressorts
cardiaques...

Tudieu d’aïeuls !
il n’y zieuta que
le cœur seul.

Sonnets acrostiches d'hémistiches

Sonnets générés par acrostiches d'hémistiches des vers successifs, forme explorée par Gilles Esposito-Farèse en 2020. Les chiffres ci-dessous indiquent l'ordre d'apparition des hémistiches. La densité répétitive croissante dote les poèmes d'un dénouement paroxystique.

1  -  2
3  -  4
5  -  6
7  -  8

9  - 10
11 - 12
13 - 14
1  -  3

5  -  7
9  - 11
13 -  1

5  -  9
13 -  5
13 - 13

D'après François Caradec

La première est la bonne en sortant de chez soi
Ô ville disparue ô la belle sortie
Celle que l’on fredonne et qui vous remercie
On en fait des refrains merci Paris ma foi

Aucun effet de l’art à chanter dans la rue
Merci les riverains merci d’avoir chanté
Une rue au hasard cette rue a rimé
La première est la bonne ô ville disparue

Celle que l’on fredonne on en fait des refrains
Aucun effet de l’art merci les riverains
Une rue au hasard la première est la bonne

Celle que l’on fredonne aucun effet de l’art
Une rue au hasard celle que l’on fredonne
Une rue au hasard une rue au hasard



Premier sonnet auto-acrostiche d'après Le cimetière marin (dont une entorse prosodique = rimes non alternées entre les quatrains) —

La mer la mer la mer toujours recommencée
D’imperceptible écume y compose de feux
Idoles du soleil sur le calme des dieux
Le vrai rongeur le ver après une pensée

Sous un voile de flamme un seul soupir résume
Édifice de l’âme un dédain souverain
Au silence pareil de mon regard marin
La mer la mer la mer d’imperceptible écume

Idoles du soleil le vrai rongeur le ver
Sous un voile de flamme édifice de l'âme
Au silence pareil la mer la mer la mer

Idoles du soleil sous un voile de flamme
Au silence pareil idoles du soleil
Au silence pareil au silence pareil



Deuxième sonnet auto-acrostiche d'après Le cimetière marin —

En l’abîme un soleil après une pensée
Semble se concevoir dominé de flambeaux
Au silence pareil y dort sur mes tombeaux
Dans une absence épaisse ô puissance salée

Cette flèche qui vibre à son frêle mouvoir
A bu la blanche espèce et jusque sur ma couche
Et referme mon livre il veut il songe il touche
En l’abîme un soleil semble se concevoir

Au silence pareil dans une absence épaisse
Cette flèche qui vibre a bu la blanche espèce
Et referme mon livre en l’abîme un soleil

Au silence pareil cette flèche qui vibre
Et referme mon livre au silence pareil
Et referme mon livre et referme mon livre



Taratantara ta rate en tara —

Citant Marathon Tensing il a ri
Au pied d’Everest tirebouchonnés
Pic d’hilarités la babouche au nez
Tant se marra-t-on avec Hillary

Taratantara l’ampleur des vers est
Deux fois cinq hoquets comptons dix latex
Ta rate en tara quand on dilate ex-
-citant Marathon au pied d’Everest

Pic d’hilarités tant se marra-t-on
Taratantara deux fois cinq hoquets
Ta rate en tara citant Marathon

Pic d’hilarités taratantara
Ta rate en tara pic d’hilarités
Ta rate en tara ta rate en tara



Une pensée après une pensée —

Sans mouvement sous un voile de flamme
Les derniers dons peuvent pour contenir
Maint diamant rendre nu l’avenir
Et l’amertume y dort sonnant dans l’âme

Sa flèche ailée a pris sur les maisons
Et m’accoutume à ne tenter de vivre
Une pensée est douce absolue ivre
Sans mouvement avec les derniers dons

Maint diamant se meurt et l’amertume
Sa flèche ailée y pense et m’accoutume
Une pensée en soi sans mouvement

Maint diamant ombre sa flèche ailée
Une pensée après maint diamant
Une pensée après une pensée

À la différence du "taratantara" précédent (5 + 5 syllabes), les décasyllabes de Paul Valéry pour Le cimetière marin se scindent en 4 + 6 syllabes. Dans le sonnet ci-dessus, les 2 syllabes après césure (celles en positions 5 & 6) ont un statut de joker. Les mots en question viennent certes du poème source mais ils sont librement répartis au service de la syntaxe. Simultanément la forme générale est un acrostiche de tétrasyllabes.




D'après Mallarmé —

Candeur de plume aux souvenirs qui sont
dans la révolte : ils mangent de la cendre
parmi l’écume, un soir fier d’y descendre.
Bel aujourd’hui le solitaire bond.

Un glaive sûr se laisse sur l’eau morte
taire ébloui… — Voulez-vous, mon enfant,
un sens plus pur que la blancheur défend,
candeur de plume où fuir dans la révolte,

parmi l’écume et le bel aujourd’hui :
un glaive sûr, solitaire, ébloui,
un sens plus pur que sa candeur de plume ?

— Parmi l’écume ainsi qu’un glaive sûr,
un sens plus pur : être parmi l’écume ;
un sens plus pur : donner un sens plus pur !



El Variablogéométricacrostichémisticho

Tour abolie et sirène, j’ai deux
cris, fée ou veuf au front encore rouge :
— Mélancolie ! a soupiré la rose,
— Desdichado ! le pampre ténébreux.

Tant à mon cœur qu’à la lyre d’Orphée,
nuit et tombeau rendent la grotte en fleur.
Le soleil noir, à toi plaisant vainqueur,
tourne aboli par les cris de la fée.

Mélancolie : ainsi Desdichado
tenta mon cœur dans la nuit du tombeau,
d’un soleil noir sur ma tour abolie…

Mélancolie où s’attenta mon cœur
d’un soleil noir : plus que mélancolie,
ce soleil noir porte tout soleil noir.

Décasyllabes 4+6 répétant ces mots ou sons au sein d’un sonnet acrostiche d’hémistiches à géométrie variable (chiffres entre parenthèses = ordre des apparitions et répétitions) :

- tour abolie   (1  - 15 - 22)
- cris fée      (3  - 16)
- mélancolie    (5  - 17 - 23 - 26)
- Desdichado    (7  - 18)
- tant mon cœur (9  - 19 - 24)
- nuit tombeau	(11 - 20)
- soleil noir	(13 - 21 - 25 - 27 - 28)

L’oiseau qu’on n’ouït jamais

L’oiseau qu’on n’ouït jamais, recueil illustré des somptueuses images gravées puis imprimées une page à la fois par Marie Vilain, a été édité en 2021 par Berline-Hubert-Vortex. Bonne nouvelle... sauf que le premier tirage fut épuisé en quelques semaines. Une réédition demanderait beaucoup de temps, peut-être un jour ?

     

Les 14 sonnets fractals (4-4-3-3 syllabes) ne recourent qu’à des rimes prohibées : une consonne finale "plurielle" (s ou x) corrompt la liaison supposée. Relisons Mallarmé - Petit air 2, second quatrain :

(...)
           Voix étrangère au bosquET
           Ou par nul écho suivie,
           L’oiseau qu’on n’ouït jamAIS
           Une autre fois en la vie.

Les canons prosodiques fixées par Malherbe et Banville supposent que les consonnes finales riment, même non prononcées ; "bosqueT" & "jamaiS" sont donc incompatibles. Aucun poème de Mallarmé n'a dérogé à la règle... sauf ici, souscrivant par anticipation au 1er principe de Roubaud : la rime "fautive" dit d'elle-même qu'on ne l'entendit jamais. Écoutons-en d'autres, 14 micro-sonnets dont l'ensemble forme un méga-sonnet ornithologique.
À noter, la liste Oulipo a trouvé un nom à cette forme : ouïseaunet.

Un bec dedans
n’a pas de dent
Les piafs rient
des caries

Montez hommages
Tombe un fromage
du jabot
des corbeaux

Va-t’en moquer
les perroquets
Ils redisent
nos bêtises

On sait par truche-
-ment des autruches
boucher un s-
-outerrain
Muets accueils
qu’en un clin d’œil
vous souhaitent
les chouettes

Que nul n’ulule
sorts ni formules
Les hiboux
c’est tabou

Leurre grisé
aux alizés
Nuée êtes-
vous mouette ?

Frégate en vrilles
qu’on colorie
Point rouge et
trait de jais
Bird dans Parker’s
Mood sait par cœur
chaque note
des linottes

La crête roide
fait aux pintades
bombe d’os
staccato

Poor Lords of War
les casoars
n’ont hélas que
pics et casques
Combien de plumes
pèse une enclume ?
De duvets
un pavé ?

Les pélicans
accostent quand
des dorades
sont en rade

Sous l’onde calme
battent des palmes
Les panards
d’un canard



Post-scriptum en janvier 2023, motivé par les récents ouïseaunets d’oulipotes : Annie Hupé, Alexandre Carret, Bernard Maréchal, Nicolas Graner et Noël Bernard —

Le canari
maudit Paris
On se caille
Butte-aux-Cailles

Gueux pyromane
Phénix en flammes
fait pin-pon
sous les ponts

Riri Loulou
sèchent jaloux
Fifi ferme
l’huis des Thermes
 
Un legs de douane
farde en pivoines
les oiseaux
de Rousseau

Souffle-t-il Pan
sur nos tympans
pour qu’on n’oie
plus les oies !

L’œil de Soulages
boute au plumage
des corbeaux
un flambeau

Comment Bonnard
peint les canards ?
Il les laque
sur des flaques

James Bond vise
haut les cerises
Dr No
les moineaux
Bombyx mori
à cocon gris :
que de joies
vaut la soie !

Du papillon
au moins ayons
la mémoire
en nos moires.
— Tant de gerfauts,
asked Truffaut,
ça murmure
quels augures ?

— De fuir les coqs,
answers Hitchcock :
ma phobie
pis que pies !

Ci-dessous le premier ouïseaunet a des vers holorimes, le second des distiques en contrepèteries.

Cuistre à moineau =
cuit stramoine aux
dix rondelles
d’hirondelle

Défaut des merles
des mots déferlent
du mauvais
mot duvet

Sonnet de 14 ouïseaunets (4+4+3+3) sous forme de conte :

Deux savants fous
font du kung-fu
à l’Asile
des Missiles.

Ces Montgolfier
profitent fiers
des poussettes
d’Archimède.

L’un me héla
et dit : hélas
point d’hélices,
vieil Ulysse.

L’autre : volons
tel Zébulon
en voltige
chez les Stryges.
Vois ces ballons
sur l’aquilon,
outres pleines
d’hydrogène.

Zéro moteur
à nos planeurs,
tu t’envoles
sans pétrole.

Réservoir sec
que fait Saint-Ex
des ouailles ?
Il rimaye.

Quand nous avions
un avion,
atterrîmes-
-nous en rime ?
L’azur est plein
de zeppelins,
des machines
made in Chine.

Car Xi Jinping
fait des loopings,
il repère
vos repaires.

Des culs-bénits
au Grand Zénith :
« Aïe aïe aïe
tu mitrailles ! »
Céleste don,
nous bombardons,
ça te change-
-ra des anges.

Ce magasin
dessous nos zincs ?
Pour les bombes,
ma colombe !

Deux savants fous
font du kung-fu,
aussi sages
que l’orage.



Légende du Grimoire des Oies de Pirou
I — Faire-part —

Combien d’œufs ? Neuf
éclos tout neufs :
jour de joie
chez les oies.



II — Les 9 Ouïseaunets du Grimoire —

Bien des grimoires
portent à croire
au grand art
d’avatars.

Mais il n’est qu’un
de ces bouquins
qui costume
tout en plumes.

Les mue et fuite
étaient écrites,
parchemins
cousus main.

On y montra
par des mantras
quelle voie
vont les oies.

Leur empennage
rit des menaces
de Vikings :
hop ! looping.

Le livre ouvert
page à l’envers
re-transforme
en bonshommes…

Sauf si l’on brûle
mots et formules :
c’est cramé
à jamais.

Dès lors toujours
on migre pour
redescendre
sur des cendres.

Cerbère aboie
après les oies :
ouah ouah ouah
par trois fois.



III — Post-scriptum —

Ci post-scriptum
aux vieux albums
qu’on déclame
dans les flammes.

Coin (coin peinard)
d’où les canards
et les cygnes
font un signe.

Mais l’oie hélas
que l’on héla
plonge et couve
dans les douves.

Là le donjon
cèle aux oisons
des histoires
de grimoire.

El Oximoreado y El Pleonasmado

Deux nouveaux avatars de Nerval parmi les centaines compilées chez Nicolas Graner -

1) Un oxymore par hémistiche, à savoir combinaison de deux mots aux sens contradictoires.

El Oximoreado —
Que luise, ténébreux, un baume inconsolé
en ma tour souterraine au ciel ensevelie :
ma langue d’Oc est chti dont l’orphéon sans clé
porte un chu soleil noir de sinistre embellie.

Dans l’éclat du tombeau ton blâme a consolé
le retour d’une perte en barbare Italie,
ce dégoût qui plaisait à l’entrain désolé
de contraires pareils à ma crampe amollie.

Suis-je Amour & Froideur ou Tri-Angle & Bi-Rond ?
Mon front, l’arrière intact, au baiser rougit beige ;
je veille somnolent où le naufrage émerge...

Une fois j’ai doublé dessus le pied du tronc
un motus déclamant qu’il faut lire, fors texte,
les sabbats de la sainte et ses cris de muette.

2) Chaque hémistiche d’un demi-vers contient un pléonasme qui répète la redondance inutile de synonymes disant la même chose.

El Pleonasmado —
Je suis le flou brumeux, le triste inconsolé,
noble duc d’Oc austral à la ruine abolie :
ma star défunte est morte et, d'astres constellé,
je porte pour fardeau spleen et mélancolie.

Qu’un tombeau de trépas m’apaise consolé
et m’offre les présents de latine Italie,
d’efflorescent pétale en mon blues désolé
et de treille où le pampre amalgamé s’allie !

Suis-je Amour et Vénus ?... Périgord et Biron ?
Tu m’empourpres grenat, ô reine souveraine !
Quel songe ai-je rêvé, femme-poisson sirène ?

J'ai vainqueur puis vainqueur claironné du clairon,
modulant la nuance assourdie, étouffée
des soupirs que gémit une magique fée.

La Mouette

La mouette est un petit albatros. Réduisons à proportion les alexandrins de L’Albatros en hexasyllabes. Pour contraintes voisines déjà existantes, "la redondance chez Phane Armé" et diverses haïkaïsations oulipiennes...

Pour le fun les marins
attrapent des mouettes,
ces planeurs pèlerins
dessus les goélettes.

Aussitôt sur le pont,
les as de la voltige
atterrent tout rebond ;
leur plumage se fige.

Qui dominait le flot
est frappé d’impotence !
L’un navre son jabot,
l’autre boite sa danse.

L’oulipote est ainsi :
englouti dans sa page
d’oiseau proie aux lazzi
sans l’azur ni la plage.


La même réduction appliquée à Demain, dès l’aube... poème de deuil de Victor Hugo :

Sitôt l’aurore claire,
exauçant ton affût
je traverse la terre 
vers toi — là mon salut.

Replié sur mon âme,
aveugle et sourd à tout,
je m’avance, ectoplasme
qu’un clair-obscur dissout.

Qu’importent l’agonie
du jour, le port, l’esquif :
ta stèle soit bénie
du bleu rameau d’un if.



Le schéma de rimes du Sonnet d’Arvers diffère entre les deux quatrains : A-B-A-B / B-A-A-B.
Ci-dessous paraphrase réduite en hexasyllabes.

Mon for couve contrit
l’ardeur d’un coup de foudre ;
déchirement non-dit
qu’elle ne peut recoudre.

Transparent me résoudre
au parage fortuit
à la fin me réduit
ignoré, pauvre en outre.

Son caractère accort
n’entend mon souffle : accord
éperdu sur sa voie.

Sa vertu ne connaît
assez de ce sonnet
pour qu’elle y s’entrevoie.

Une digression. Vu son nom, c’est tentant de disposer Arvers à revers. Ci-après les mots ou les idées défileront en ordre inverse de l’original. Un précédent s’intitulait El Dochadides.

Arvers à revers —

Elle ne comprend pas, cette Dame, l’atour
qui pare le sonnet lu de sa voix bien claire,
fidèlement pieuse à son devoir austère :
elle-même ! par où murmurait mon amour.

Car elle n’entendit — en chemin trop distraite
par ses tendres douceurs d’apanage divin —
rien que j’espérais d’elle, ayant soldé mon vain
bannissement terrestre aux confins de retraite.

Solitaire je fus, près d’elle à chaque instant
sans qu’elle remarquât mon passage attristant.
Elle ignora toujours l’exil qui me condamne.

Mais d’avoir mis sous clé l’incurable pathos,
j’ai cru juste un moment en l’éternel éros
qui crypta mon destin, secrètement mon âme.

Des calamars divins

Sonnet d'holorimes, contrainte initiée en 1892 par Jean Goudezki. Ce poème file un rapport très lointain avec le roman d’Hervé Le Tellier, sauf son prénom vers 8, le titre final du Goncourt, un dédoublement forcené qui est l’argument de l’Anomalie. L’holorime génère à foison d’abracadabrantesques synopsis, prétextes à des récits comme en écrivait Raymond Roussel.

Lardu d’un galbe atroce, ô mort d’Hugo hélant
l’art du dingue albatros au mordu goéland !
Ce facho faux canard sonnant brasse et sardine
se fâche au phoque anar ; son ambre à César dîne.

S’y cacha l’océan, mâle recette à ses
six cachalots céans malheureux cétacés.
Danseur ? Bal énervé d’écho doux par l’amorce ?
Dans sœur baleine Hervé décode ou parla morse.

Mais l’anguille rétorque ! alors Jonas sans dent
mêlant guillerette orque à l’or jaune ascendant
décala mardi vingt ; son seul anneau m’allie.

Ci-gît l’épais lit quand Zarathoustra pond un
sigillé Pelican’s à rate ou strapontin.
Des calamars divins sont-ce l’Anomalie ?



En langue d’oïl "Zeus & John" s’entend "d-z-e-s-é-d-j-o-n". Comment traduire en langue d’oc ?
Intercalons des E muets (notés en majuscules) : "d-E-z-e-s-é-d-E-j-o-n" = "2 œufs, c’est 2 jaunes".
Un autre exemple : "crochet" => "cœur-hochet" ; etc.
Ce procédé, appliqué au sonnet n°1 d’octosyllabes ci-dessous, va faire "éclore" en alexandrins le sonnet n°2...

1 —
Ness crible Gal, transperce habile,
son glaive exclu sonne huis hurlé.
Crime pas sport par temps râblé,
hormis serpents Stan obnubile.

Flotteur ce mentor versatile
escalade un sommet triplé,
clame fracasser vernis, clé...
Quel autre à-plat prend sein servile ?

Pearl fera zébrer Zeus marron.
Karl Marx, vraiment tôle et goudron,
cire autant posté qu’espoir draine.

Sang cruel, vin courbé, carcan,
Spot-Angkor surprit sa prochaine
Ford, ailleurs but cinq cents volcans.
2 —
Né scribe le galeux Terence perd sa bile,
Song l’évêque sec lut, son ouïe eut relais
que rimes-passeports parent tant Rabelais.
Or Remy se repent, se tanne aube nubile.

Feu l’hôte heureusement tôt révère cette île.
Est-ce qu’Aladin somme mes terrils pelés ?
Quelle âme fera cas : ces verres nickelés
que l’auteur appela peur en sincère ville ?

Pair le phrasé beurré, deux œufs se marreront
car le marc que sevraient menthol et goût de rond
sirote en pot ce thé, caisse, poire de reine...

Sans que ruelle vînt, courent bécarres quand
ce pote encore sûr périt sapeur au chêne,
fore d’aïeux rebuts, ceint que s’envole Kant.



Sonnet à peu près "écartelé" au sens qu’y donne François Le Lionnais. La syntaxe sera cohérente mais les mots, ou groupes de mots, se succèdent sans rapport logique — effet d’écrire des couples de vers quasi holorimes, sauf que divers E muets seront déplacés :

Song l’évêque se sent chromatique et prônait
son glaive exempt que Rome attique éperonnait.
Lake ce pair anglais râblé se colle, astique
l’expert engueulé : Rabelais — euh scolastique ?

Fréquenter l’hydrophile en d’heureux fous hérons
ferait Kant et leader aux filandreux fouets ronds.
Barres d’escalators, douze adversaires viles
bardaient ce cas-là tors doux à-devers serviles.

Karcher souple au feu lèche, accroche et dit ce trait
qu’archer soupe : hello flèche à cœur-hochet distrait !
Nos tricots chef Euler peureux n’ont pull placide,
notent Ricoche et Flair ; prenons pulpeux l’acide.

Ce glas sans claque sonne, escalade un col haut,
se gueule à cent Klaxons... est-ce qu’Aladin clôt ?

Le transparent glacier

Avant les notes 1, 2 et 3, on peut lire en vitesse :
- vingt-cinq sonnets (1),
- dix millions de sonnets (2),
- une myriade de myllions de byllions de sonnets (3).

              

(1) La version électronique des dix millions de sonnets palindromes "Être venu damer Icare" a été éditée aux Éditions du Camembert (hélas, la maison a coulé / photo ci-dessus du recueil épuisé). Voir encore le film de Bart Van Loo.

(2) Un autre dispositif de sonnets combinatoires existe, codé par Nicolas Graner puis Gef, et logé chez ce dernier : le "Sonnet combinatoire de lui-même" à paraître en 2021 aux éditions Berline-Hubert-Vortex à Lille.

(3) Enfin depuis octobre 2020, c'est grâce à un nouveau programme de Gef que "Le transparent glacier" peut être actionné en ligne :
10 000 000 000 000 000 000 000 000 000 sonnets.

Ces recueils divers s'inspirent d'une même invention, les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau.

            
                                            RQ par RR

Il se penche il voudrait attraper sa valise

Un rappel de l'actualité éditoriale de RR —



Une autre actualité vivace et belle se déroule chez Zazie Mode d'Emploi, où Raymond Queneau a été choisi comme Oulipien de l'année 2020. L'un des "Cent mille milliards de poèmes" est proposé à la réécriture : participez si le cœur vous en dit...

Quant à cette page, s'y ajouteront au fur et à mesure mes contributions.

Remarques liminaires sur le décompte des syllabes — à lire seulement si vous aimez triturer la prosodie...

  • Raymond Queneau adorait le jeu ; c'est aussi pur jeu si les réécritures ci-dessous se prononcent à la façon du XIXe siècle : diérèses sur "confusi-on", "provinci-aux", "zi-aux" etc.
  • Le poème source de Queneau modernise en 2 syllabes le verbe arguer (vers 10), autrefois et ci-dessous trisyllabique.
  • Il y a deux manières de prononcer l'hémistiche « cet alcool ouest-est », l'ancienne et la nouvelle :

« cet / al-co-ol / west / est » = « cet / al - cool / ou - est / est »
Découpages différents mais décompte final = 6 syllabes, identique chez les Anciens et les Modernes.




D'après Choses du soir de Victor Hugo dans "L’Art d’être grand-père", un texte mis en musique par Raymond la Valoche, alias Martin Granger.

Le coche au galop de Havre en Avranche
fait claquer son fouet tel un loup ses crocs ;
il craint par la nuit ces hordes d’escrocs
jaloux de valise ; alors il se penche.

Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.

Tout était douillet dedans la valise ;
mais au lieu d’effets, chandails et maillots,
il retrouve un sac jadis de fayots ;
un cri ! c’est l’orfraie à la lune grise.

Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.

Le voyageur plonge en ses ordes mythes ;
l’ombre du commerce a dressé l’étal
sur quoi lui greffer un fatum létal :
os, tissus, rideaux grignotés des mites.

Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.

Vague diable lâche à mine pâlotte,
« Voyez la gadoue ! » argüe un lutin.
Son cothurne accroche au pied le purin,
l’elfe debout donc relève sa cotte.

Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.

Dans les bois profonds, l’agreste bicoque
n’était point flouée ; en province encor,
l’écu déparé du vair et de l’or
ornait sans façon chaque infecte loque.

Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.



Lipogramme en E —

S’inclinant il voudrait saisir son balluchon
sur quoi guignait d’accord un gang d’impurs marauds.
Alors qu’il s’abaissait, à sa confusion
aussitôt n’y trouva qu’un sac d’aigris fayots.

On vous fait aboutir au point d’ord harpagon,
ravi qu’on usurpât d’ingrats provinciaux.
Dans la mort qui joignit — bis — l’ord califourchon,
la souris grignota tissus, os, pains, ponchos…

D’avant bas-fonds urbains, on troussa son habit
dont, couard à coup sûr, s’argüa qu’il pâlit :
lorsqu’il vit du limon, fouillait-il du purin !

À la fin nous briguons tant l’abri pastoral
où sans façon l’on mit son plus vilain futal.
D’or ni vair, nul blason n’a franchi nul matin.



Monovocalisme en E —

Elle se penche, entend reprendre ses effets
présentement bernée entre de prestes klephtes.
Elle se penche et perce entêtés les secrets
de restes desséchés et sénescentes nèfles.

Êtres dégénérés, relents des benne & frets
rêvez de délester les réserves cheyennes.
Le lent décès greffé d’enchevêtrements blets
pénètre tel le ver les vertèbres et serges.

Des glèbes, préservez revers et vêtement.
Cerné, blême ce hère embêté s’en défend :
dès le pré détrempé, l’excrément je le cherche.

S’égrène de regrets l’enfer de n’héberger
même le serf de ferme en béret de berger !
Chers, l'emblème et le fer ? Le temps les en empêche.

NB — Le Y de cheyenne a valeur de consonne.




Sacoches à M. Knock —

M. Knock trébuchant attrapa ses sacoches :
soupçons d’envie — ici sus à gang trafiquant.
Lequel Knock s’allongea, surpris, tâtonnant sauces,
navarin tout caduc sans semences ginseng...

Souffrons entre transit, licol, saloperies,
surplus à renarder l’engeance d’être pop.
Couic d’aléa létal, travailleront scories
d’eubaphe tortorant squelettes sous tricot.

Ô malstrom sis craspec, ô fief, l’étoffe essuie !
L’embusqué s’argüa teint d’exsangue effigie ;
l’éclaboussure emboue, elle tient encrassé.

Ensuite regretter l’élimé toit d’époque ;
simples, n’y revêtir d’ensemble chic : c’évoque
souquenilles, sequins, magnum ? Mortem ecce !

Contrainte dite de l'aléa furtif : les mots commencent et finissent par la même lettre.




Il se penche à rebours —

Le matin qu’a duré d’or ou de vair l’écu,
sa loque infecte et plus, sans façon il l'agrafe
dans la bicoque agreste, à la fin éperdu
quand le purin cherché peint gadoue au parafe.

Une pâlotte mine arguë : un lâche a pu
— cotte troussant l’urbain limon à l’étalage —
voiler l’os grignoté, tant la mite au tissu
s’abâtardit d’ordure et vous greffe outre d’âge.

Sa province appauvrie est flouée en plaisir,
sauf mercantile ordure — à vous d’y devenir
fayots jadis d’un sac aussi sec qu’on n’en gobe.

La surprise fut grande, alors il s’est penché
sur ces escrocs en horde, assuré du péché
que sa valise en main par-dessous se dérobe.

Les mots, du moins les idées, apparaissent en ordre inverse du poème de Queneau. On peut demander à quelqu’un complice de lire l’original en survolant cette réécriture à rebours.




Sauf les apostrophes, les points sur les i et j et les accents, rien ne dépasse de l’interligne par le haut : les lettres à hampe (b, d, f, h, k, l et t) et les majuscules sont absentes du sonnet suivant.

j’aspirais empoigner ma maroquinerie
que guigne j’en soupçonne un groupe assez coquin
mais saugrenu j’éprouve une grosse surprise
j’aperçois aussi sec un ancien sac à grain

on saccage sa vie en cargaison pas propre
qui s’amuse à gruger nos pauvres provinciaux
en agonie on vous cramponne au magma pouacre
un pou saura manger soierie os paréos

parisienne vermine épargnez-en vos grègues
peureux on arguera ces visages exsangues
crasse ou vaseux engrais je n’y vois que purin

on gémira pour suivre ô cagnas ô campagnes
sapés au pire avec moins que soignés nos pagnes
un jour ça vous épuise or écu vair ou crin



La contrainte inverse se prive des lettres à jambage (g, j, p, q et y) :

Il se dresse il voudrait relever sa valise
dont brûle de désir une horde d’escrocs
il se dresse et alors suite à leur convoitise
il retrouve aussi sec un sac de haricots

On vous fait devenir une orde marchandise
bienheureuse à berner des horsains chemineaux
de la mort on vous ente une orde bâtardise
la mite a dévoré tissus os et rideaux

Devant la boue urbaine on retrousse sa cotte
le lâche fera foi de sa mine falote
scrutant dedans la vase un fumier de bourrin

On se lamente enfin des cabanes rustaudes
on mettait sans chichi ses très infectes robes
l’écu de vair ou d’or ne déborde un matin



Les mêmes voyelles dans le même ordre, y compris accentuées, que celles du sonnet de Queneau

Filet vermeil, soudain l’alarme s’amarine.
Quel looping craint ce fût plus encore le fond ?
Lien des terres ras bord, jà l’ancrage du signe
fit retourner aux cieux, frugal, le sieur Raymond.

Fors pour Zazie enfin que d’ombre, d’accalmie !
L’ultime art gît, là dont Queneau revoit ziaux :
cet alcool ouest-est, surgeon de mât sa vie,
navire par tribord, défi d’un soleil d’eaux…

Tel sapajou feulant, Pierrot le couve aphone.
En âpre peur parue, en ami cher tâtonne
ou dit : moins Mara sort, plus s’est chiendent enfui.

Port et mer deçà d’air, Le Havre ex-impromptue
forgeait tant d’astronefs : l’utile fret tortue
s’élude papillon du cœur bleu Zhuangzi.

Zazie, les ziaux, le sapajou, Pierrot, Mara, le chiendent, Le Havre, le papillon, le bleu, Zhuangzi... sont des références à la vie et à l'œuvre de Raymond Queneau.




À l'inverse du précédent sonnet, voici les consonnes du sonnet de Queneau

Là sapin chu, là vide-ortie et torpeurs viles...
quoi ! c’invitait ce sot surin, hard du scie-arcs
à les punch étaler ? sous-ogre en doser pires ?
L’antre vissé sacquons coude, voix feue, oyats.

Niveau soif et du vin, oui renard y marche — ondes —
quasi plat, fol ardu ; poivré se prouve en cieux
dol amer... ton avis griffon radoub ? tu rôdes,
limite gorgone out tu saisis star ou dieux.

Devint-il bourbon noir, trisse à sauce têtue ?
Lui le chapitre grée, au dais mon aplat tue ;
il risque ulve outil good ; lâche arc houle éperon.

Un roi gratta le foin, l’Ys griset, Saab caïques ;
n’omit toits nus, faucons, souples nufactosliques,
lucide ovaire d’or né du requin-mouton.

Vers 13 assez difficile, au point de transformer le "ç" de façon en "c" de faucon, et d'inventer l'hapax "nufactoslique", peut-être synonyme d'abracadabrant, abscons, abstrus, amphigourique, bizarre, cabalistique, curieux, déconcertant, énigmatique, étrange, hermétique, hors de portée, illisible, impénétrable, impensable, impigeable, inaccessible, inarticulé, incognoscible, incohérent, inconcevable, inconnaissable, indéchiffrable, inexplicable, inintelligible, inscrutable, insondable, mystérieux, nébuleux, obscur, opaque, sans fondement, sibyllin, ténébreux, vague...

L'aléa furtif

Une nouvelle contrainte que nous appellerons "aléa furtif". —
Post-scriptum du 30 mars 2020 — Cette supposée nouvelle contrainte a été jadis triplement plagiée : par anticipation, Éric Angelini et Daniel Lehman.

Non l’aléa furtif n’égare l’évidence.
David, Ali-Baba, Falstaff, Napoléon
transparaîtront tantôt sous radar à Noyon.
Zézayez, médium, l’alinéa d’errance.

L’inouï labial n’écorche l’éloquence :
Sibelius encore articula Ninon,
Ève traduisant Grieg l’éclaire sans néon,
elle l’annoncera — repentir d’élégance.

L’abracadabra tait soixante-trois surplus,
trente-sept addenda, trente-huit superflus,
nonante-et-un sabbats ; Nelligan ensorcelle…

— Caoutchouc sois kayak, baobab sois magnum !
ajoutera l’élève : ô toupet maximum,
tout cognac aura tort d’y raccourcir l’échelle.

"Ali-Baba", "soixante-trois", "trente-huit", "trente-sept" et "nonante-et-un" comptent chacun pour un seul mot. Dès lors, tous les mots du sonnet commencent et finissent par une même lettre, accentuée ou non.

Voir encore Gilles Esposito-Farèse avec Rémi Schulz et Nicolas Graner.




Typographiquement Gutenberg aligna
l’espace nivéen entre symboles d’encre.
Ses signes trait à trait transcrivirent d’entendre
l’infini lilial sous silences d’alpha.

Ô scintillations, l’élytre transparent
s’abolira non sans statuettes sonores !
Nelligan accrocha songes à sémaphores...
Elle, étincelle embue, affleurera torrent :

Eurydice touchant l’étoile évanouie
encore d’Orfeo, l’aura-t-elle éblouie
tantôt salons d’ébène — essence reposoir ?

L’aléa fugitif défend ici l’école
d’esquisse & réflecteur ; tout s’efface, Renoir
embrase l’urubu tourbillonnant d’Éole.

La variante "aléa furtif Gutenberg" autorise à commencer et finir les mots par un même caractère typographique, pas forcément une simple lettre : ci-dessus la touche "&".




PS — Variante où la dernière lettre des mots est l'immédiate suivante alphabétique de la première. Par exemple dans AchaB, BasiliC, ChauD, DiablE, etc.

Goliath éruptif dévale sept ravins.
Salut dingue clébard de faubourg, tu revins
soit quêter, soit quérir. Rogatons sont douzaine,
honni soit mon bivouac ! zézaya Diogène.


PPS — Contrainte d’écarts alphabétiques croissants entre la première et la dernière lettres de tous les mots...
- le premier vers = — 6 / GargantuA / GoûtA / ToN / TintouiN / LaxatiF
- le deuxième vers = — 5 : GurB / QueL / PunK / etc.
- le troisième = — 4
- jusqu’au douzième = + 5
- en passant par GutenberG = 0 au septième vers.

Gargantua goûta ton tintouin laxatif
Gurb quel punk, écoutez je jubile kifkif
Groc iode-moi Bronx, parasol trop jointif

Gounod halète-lui : stop sirop inactif !
Gagarine vendit ça quiproquo hâtif
Gurdjieff fige Odéon sur baba gustatif

Gutenberg s’aligna sous l’aléa furtif
Goliath tu revins de faubourg éruptif
Garibaldi par Lusignan : démonstratif

Guedj blasé quittait-il Paris contemplatif
Gluck appelle Nestor archange bourratif
Gabriel nous visa boomerang addictif



Post-scriptum du 29 janvier 2020 / Observons les mots dans cet alexandrin :

Bob Rapilly d’un gag tutoya Donald Duck.

Sur l’échelle "aléa furtif" les première et dernière lettres y sont :
- identiques (BoB, D’, GaG, DonalD)
- ou +7 en ordre alphabétique (RapillY, TutoyA, DucK)
- ou —7 (UN).
Tous les mots du sonnet suivant occupent l’un de ces 3 degrés.

L’accent d’Élise avait un vélo luminaire.
Aussitôt montait-elle, aussitôt le niveau
tutoyait le soleil, modulant un nouveau
tempérament — l’un d’eux motet d’éveil lunaire.

Zeus éructe grognon : Licite seul j’éclaire...
L’Éternel lâche lors : Lestons l’ardent vélo.
Ses lourds quintaux d’argent tarirent le halo,
assourdirent les sons d’étoile limonaire.

Le biclou tomba mort, palefroi sans litière.
D’entre les eaux bondi, hurla l’Ogopogo :
Trident à lotus bleu, biscornu vertigo !
Ô zèbres galopez lanterne sous lanière !

Lettre d’Élise, avant d’y lire un mot égal,
d’égaux quasi-cristaux traduiront le signal.



Post-scriptum du 30 janvier 2020 / 7 strophes burlesques / le curseur "aléa furtif" = —7 ou 0 ou +7.

Missouf taquinait le goujon,
elle avait un nouveau kayak.
Les eaux mouillaient le bleu gazon ;
ta faim, Vasco, happa le vrac.

Zadig habita Wonderland,
ardant boutefeu l’Envieux.
Sommons l’Ermite maintenant :
sortez le xénophobe d’eux !

Lisons Donald, Gaston, Bambi...
Le zig alarmant d’Othello
s’affligerait d’être parmi
Lamartine, Musset, Hugo.

Lesseps transpercerait Suez,
Eiffel n’égale ses sagas.
Les quintaux d’émaux zigouillés,
ç’a blondi sous le brou d’un gaz.

Un gong à quarante-cinq sons
affolerait un écureuil.
Sautons-y, lestes limaçons,
les zèbres tourneront l’écueil.

Électre montait à vélo :
zigzag, le guidon s’abîmait
d’y kilométrer l’Ohio.
Le biclou livre un rock muet.

Le tram accélérant tout seul
sans l’arrêt logique, Tesla
heurta Biniou l’épagneul...
Ho ! le Roy Lyre l’avala.

Sonnet culinaire

Imité de Nerval et de Gef, ce sonnet répète l'ordre des voyelles et des consonnes du Desdichado, ainsi que les espaces et la ponctuation :

   El dEsdIchAdO / lE dÉshÉrItÉ
=> En pErsIllAdE / lA cArbOnAdE (etc.)
En persillade —
(la carbonade)

Ne bois ce marasquin, — du moût, — d’ensorcelé,
Sa trempe d’agioteuse a bu tout ébahie :
La soupe écoule onc sèche, — un bar long surplombé
Gicle du mazout loin vu ta pyrophobie.

Sens le goût de mildiou, bai fou d’oc rescapé,
Corps-roi la sauterelle en ce bac s’avarie,
Le preux gui pleureur donc y fut deuil dépité,
Or sa plainte ou sa menthe a sa dose d’orgie.

Vaut-ce aveux au tripot ?… Racontar au fanon ?
Ses flans ont douze appas de louves Pô ni Seine ;
D’où bave tant sa glotte au râle de sélène…

Ys d’Eu suit leur bourgueil chapardé d’artimon :
Libérant quel y fuit tel le jaja d’exclue
Son puisard si la source en sol plat ne se rue.

Robert le Norman

Sonnets holorimes 2019

Lien à l'actualité de L'Encrier Revanche / Un Voyage d'Envers.

Ci-après, avec grand retard, une salve de sonnets holorimes (de strophes, de vers, d'hémistiches) composés depuis le début de l'année. Des sonnets différents suivront, encore en vrac dans mon ordinateur.

Baudet strié l’on craint maint simulacre au pôle.
Quand on frime on coche, on boude véracité.
Doux sagittaire, Till c’est l’égal ausculté :
son talion l’aigu Mahler choqua ce rôle.

Beau destrier, Long-Crin mincit mule Acropole.
Canton frit mon cochon, bout de verrat cité.
D’où s’agitèrent-ils ? Selle et galop sculpté
sont à lion légume, à l’air chaud casserole.

La conique otarie éleva talus, mer
et creux vice ou saccage, ire, parafe amer…
c’était tard galéjade à gaver maigres nouilles.

Laconique eau tarie, elle va t’allumer
écrevisse où sa cage y repart affamer
ses têtard, galet, jade, agave et mes grenouilles.
Sait-on debout, girafe ou léopard à l’aile,
qu’aux mandibules dame ! on dut l’os caribou ?
Cette onde bouge, ira foulée au parallèle
comme en dix bulles d’âme ondule Oscar hibou.

Émile à merci trompe, attaque, escroque Odile.
Si tel alligator mordit rondelle et dent
et mit l’amer citron pataquès crocodile,
citez la ligue à tort, mort d’hirondelle aidant !

Lune, voici Bob l’okapi cool en étoile.
Éléphanteau meunier, Sade est faon secoué.
L’une voit si beau bloc à pis coulant n’est toile,
elle est fantôme, nièce à défense Coué.

Leurrez les cailles loin, six lapins sont du râble,
leur aile écaille l’oint : Scylla pinson durable.
À quoi relatif on aquarella typhon
Stentor n’a de ton hertz temps tornade tonnerre
De vents sa lime aux nerfs devança limonaire
Marimba l’orphéon ma rime balafon

L’ouragan leste au mât louera quand l’estomac
Étau s’y clone basket ô cyclone basque
Debout Rascar Capac de bourrasque arqua Pâque
Tigre au coude t’abattit gros coup de tabac

Où l’orage hiver part houle eau rage hyperbare
Au bal à fracas barreau balafra gabare
Glacis Moon honnit vos glas simoun haut niveau

En ta mer tumulte y ment amertume ultime 
Chenue à genoux fauche nuage nouveau
Héra phalange free mais rafale ange frime

El Dochadides

Les mots, du moins les idées, apparaissent en ordre inverse du Desdichado. Un exercice fluide et plaisant : réciter l’original en survolant à rebours celui-ci, où dansent boum boum de légères chevilles.

Quand la fée a crié, la sainte à demi-voix
depuis l’orphique lyre à son tour y nuance
que, l’Achéron franchi, vainqueur j’allai deux fois
où la sirène nage ; en sa grotte, ma transe.

La reine, d’un baiser, m’empourpre le minois ;
je suis Léon d’Uzès ou l’évêque Constance
alliant rose et pampre ainsi qu’un vin de noix
dont, désolé, mon cœur prise l’efflorescence.

Romain Pausilypon, me reviens-tu d’au loin ?
Secourable sois-tu lorsqu’en ma tombe terne
la mélancolie ombre un noir soleil en berne !

En constellant ce luth, feu mon astre orphelin
vit abolir la tour d’Aquitaine. Et moi, Lige
inconsolé, car veuf et ténébreux, qui suis-je ?

La Taupe

Contradiction de Mallarmé, dont Le Cygne rime tout en I, ce sonnet-ci rien qu’en O.

Le boueux, le caduc et le flétri tempo
va-t-il nous colmater bercé de ballast sobre
ce mol erg ressurgi pour qu’en fulmine et sorte
un nébuleux geyser tout évanescent d’eau.

Une taupe aujourd’hui déracine l’ego
effroyable qui donc sans crainte se garrotte
de n’avoir suffoqué que l’utopie est morte
quand du prodigue été s’estompa l’allégro.

Rien sa griffe a figé cette noirceur éclose
par le vide épargnée au fouisseur qui l’ose,
mais oui délice au ciel de fourrure dehors.

Objet que nulle part l’obscurité galvaude,
elle se balance au torride éveil du corps
qu’y dénude céans nécessaire la Taupe.

À polir mille fois s'affinent nos forets

14 vers sur la série vocalique A-O-I-I-E-O-I-A-I-E-O-O-E = Aboli bibelot d'inanité sonore ; l’idée m’en a été soufflée par Gef.

Jargon distillé d’Oïl, sabir d’écho sondé,
partons d’infimes mots mi-latins ; ce folklore
va polliniser Oc d’irascible Gomorrhe
sans honnir ni l’espoir Darwin, encor Brontë.

Argo visite Odin, navire d’ors brodé ;
à bord l’irisé foc cristallin se colore
d’aconit liseron, d’irradié phosphore.
Dans son filin s’étoila l’Himéros dompté.

Samson s’il brise gong, sphinx massif et colonne,
ramollit-il des doigts la cire ? Lors comment
accomplir singleton, whist appris de Gorgone ?

N’a-t-on fini le foin, abrité son, froment...
la soif interrompit à-pic ce long moment.
Adonc midi s’endort, s’imagine, s’ordonne.

Post-scriptum 5 jours plus tard — Cheminement repris du billet De Sirène en Pibrac, se rapprocher du Desdichado, cette fois sur 14 séries vocaliques A-O-I-I-E-O-I-A-I-E-O-O-E. Entre-temps Rémi Schulz aussi a écrit une "bibelotabolition" du sonnet de Nerval.

Aboli prince, l’Occitan gris se console
à trop sinistre sort d’Italie obombré :
n’accomplit-il le don d’impartir en obole
l’apport divin étoilant vil tréfonds foré ?

Drapons l’infirme corps ; il bâtit nécropole
d’aplomb, inscrit tel toit latin entr’oblong pré,
val joli, vigne d’onc, cicatrice corolle.
Gascon ci-gît le roi carmin décoloré.

« Car mon livide front signa cippe forclose,
sanglot d’iris dehors, cris d’alliés... ô rose
pardon, dirige-moi d’Aspic en bon Codex ! »

La mort d’instinct répond : « Stigmatisez l’opprobre
— Ra noircit ce tocsin ravivé fors vortex —,
dans l’obit priez Thor, bissant Frigg d’écho sobre. »

NB — Ce sonnet totalise 5555 au Gématron.

Post-post-scriptum 22 jours plus tard — Dans la veine burlesque cette fois, également de gématrie 5555 :

Baron Firmin-Léon, Prinz Raïs de Google,
amortit cinq ressorts, dix chaînes Otto Benz.

Fats Ombilic, de dons imparti, décolore
Lamborghini, vélos italiens, scooters.

Wagons-lits : Vincenzo Bianchi de Bologne,
d’adroits fils dégrossis va visser nos Solex.

Antonin-Philémon Shiva, dit Le Monocle,
à poil filme ton slip, Absinthe Dolores.

Major Philippe mort fit la fine colombe...
malpoli pigeon gris d’avinés colonels !

Sappho d’Izmir — en occitan Philtre Gorgone —
a vomi Christ en croix par litres mordorés.

Dans l’officine Doc vint d’avril en octobre
sans dormir : six, sept mois à lire son Codex.

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