À supposer qu’on me demande un trait de caractère peu commun de Harry Mathews, j’objecterais que la question est trop ouverte, tant – examinant son regard, sa démarche, son français parfait et totalement américain, ses silences où bouillonnait quoi ? un alambic réfléchissant – l’homme n’avait rien, non rien de rien qui fût commun : resserrons donc le critère, qu’on me demande un trait de caractère carrément insoupçonnable de Harry Mathews... je répondrais alors quelque chose de première main, sa passion de l’hélichrysum, fleur dont il s’est longuement entretenu avec Christiane Vernay dans notre jardin à Lille le soir du 2 juin 2012, au point de ressortir un moment de la maison pour examiner un premier massif, côté rue celui-là, puis de rentrer s’asseoir auprès de l’hélichrysum principal, proximité complice, peinarde aurait-on pu croire jusqu’à ce qu’un cri collectif n’interrompe la fête « Harry s’est brisé le cou ! Harry s’est fracassé le dos ! » à quoi l’intéressé, quasi au sol mais en sustentation de quelques centimètres, enveloppé des branches bienveillantes de l’hélichrysum, finit par répondre non pas du tout, je vais très bien, aidez-moi simplement à me relever, un verre de blanc et hop que nos douces agapes reprennent dans la nuit – nuit depuis laquelle le bouquet presque arborescent conserva visible l’empreinte du dos indemne de Harry ; à propos, connaissiez-vous l’autre nom de l’hélichrysum : immortelle dit-on.

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