À supposer qu’on me demande ici, non pas une de ces louanges sans retenue dont on couronne nos proches à leur disparition, mais quelques mots plus réservés à propos des vertus de Patrick Smith, je soulignerais chez lui une carence au titre de physionomiste : — Non, Patrick, n’insiste pas, je ne suis pas Brulois ; à croire que Brulois et moi nous nous ressemblons beaucoup, mais ici ça n’est pas lui, c’est moi Bébert ; et s’il te plaît ne m’appelle plus Brulois la prochaine fois que tu me rencontres !... physionomiste défaillant donc, cependant (merveille le paradoxe) doué d’une invraisemblable acuité quand il observait la vie en train de se déployer, capable avec ses mains colossales — parmi les plus belles depuis Lascaux — de combiner une corde remisée, de la ferraille au rebut, du carton usagé, du bois flotté, ce genre de choses qu’il brassait en des protocoles alchimiques surhumains, tout un système incarné débordant d’improbables Arches de Noé, exacts galops, ébrouements à point nommé, envols soudains dans la lumière d’une vie si vivante qu’une fois retombé le rideau du Théâtre de la Licorne, on aurait parié que, de l’autre côté, les assemblages de corde, de ferraille, de carton et de bois continuaient de galoper, de s’ébrouer et de s’envoler, là-bas comme en nos cœurs aujourd’hui.

  

Photo / Patrick au jeu des 7 différences : saura-t-il distinguer le vrai Brulois du faux Bébert ?