mardi 29 novembre 2011
C'est un soir de vent
12 réponses à Zazie Mode d'Emploi, dont s'ouvre l'étincelante saison 2011-2012.
0 / Texte source
C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d’orage, avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on fouette les frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de sa fenêtre s’infiltrent des minces fils de pluie poussée par les coups de bélier que le vent assène contre l’abondance soudaine d’une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à étouffer le gong du soir.
Harry Mathews, « Sainte Catherine », P.O.L., 2000
1 / Lipogramme en A, I, O, U
C’est vêpres de vent, les éléments déferlent. Elle n’émerge des Tertres de Tempêtes, bédé d’E. Bell. Revêche déversement, hé ! l’effet détrempé persévère, se segmente entre jets zébrés et ténèbres blêmes ; le frêne tremble, blessé de grêle… terne temps sélène ! De frêles rets pénètrent les berges des fenêtres : espèce de tête de chèvre, l’excédent de vent perce, délesté d’êtres et d’herbes ; de même, cette tempête te lève et t’éjecte, léger tel le bébé… Cernée de vents en ce recel, de « bell » E. Bell n’entend-elle celle des vêpres ?
Hervé Mertens, « Ste Clémence », P.E.L., 2000
2 / Lipogramme en E
Soir d’autan, d’ouragan, d’inondation. Tout vigilant, il lit un manga traduit du roman « Hauts d’Aquilon ». Or, choc soudain, la fulguration fait du flot continu un vrai grain : ici foudroyant, là diffus, un tourbillon qui, dirait-on, bat la frondaison dans un gris nocturnal ! S’infiltrant aux bords du châssis, un courant d’oblongs fils ondoyants va, soumis aux coups d’un bouc soufflant sur l’abondant flux qu’humains ou gazons ont proscrit, non plus la fulmination qui vous voit bondir à la façon d’un gamin, ou l’autan proclamant quasi aboli tout gong du soir.
Harry Mathious, « Saint-Cathrin », P.O.L., 2000
3 / Autantriloque
C’est un soir d’autan, de tonnerre et d’ondée. Elle se consacre tout à la lecture d’un illustré, les Wuthering Heights en dessins. Un rude coup de tonnerre et l’ondée soutenue se change en ondée d’orage, alternant éclairs nets ou dilués, et un tonnerre qui dirait-on châtie les tiges dans les gris du soir. Entre le cadre de sa croisée s’insinuent les drains ténus d’une ondée actionnée à coups de corne que l’autan assène contre l’excès soudain d’ondée à quoi ne consentent ni gens ni champs, ni d’ailleurs au tonnerre quand on saute tel un rejeton, ou cet autan qui atteint quasi à étrangler le gong du soir.
Harrain Windnews, « Sainte-Catherine », L.O.L.
Sans les sons qui font bouger les lèvres : b, f, m, p, v.
4 / Musique du vent de Skarry Pasthews
Soir de vent. Tino est dans la bande dessinée et voit un orage. Il dit qu’est-ce que c’est comme frondaison. Il demande ce que c’est comme nuage. Le père dit qu’une frondaison est une frondaison. Tino prend l’orage et dit papa pèle-moi le nuage. Le père pèle la frondaison et donne six éclairs à Tino. Le père mange un éclair et dit qu’un éclair est un éclair. Tino mange. Il dit c’est un éclair de nuage il a un goût de frondaison. Il demande ce que c’est comme frondaison. Le père dit qu’un nuage est un nuage et qu’un orage est un orage. Tino voit un bélier. Le père voit les Hauts de Hurlevent. Le père dit qu’est-ce que c’est que cette pluie dans la bande dessinée. Il demande qu’est-ce que c’est que cette fenêtre dans la bande dessinée. Tino dit ce n’est pas un cadre de fenêtre dans la bande dessinée c’est un orage avec deux lectures. Le père pèle l’orage et dit voici un éclair de pluie voici un éclair de gris et voici un éclair de gong. Tonnerre dit Tino et il donne l’orage à l’abondance.
Sources : Mathews & Pastior.
5 / Sélénet
C’est soir de tonnerre De pluie et de vent Sans halo lunaire La nue est devant Bande dessinée The Wuthering Heights Près la cheminée T’ont prise en leurs rets Les canons d’orage Allument des fûts D’éclairs au sillage Cinglant ou diffus L’abondance assène À coups de bélier Force trop soudaine Pour nul bouclier L’élément qui fouette Ce cadre grison Couchera défaite Bas la frondaison Sous bord de fenêtre S’infiltrent les flux Que l’homme ni l’herbe Jamais n’ont voulus Quand la foudre tonne Nous ébouriffant Ne sautes-tu comme Ferait un enfant Tinter ou se taire Entendrais-tu donc Dans un phylactère S’étouffer le gong
6 / Sonnet de bisyllabes
Coucher venteux, vacarme, ondée. Elle relit Hauteurs Hurlantes, Roman-photo selon Brontë. Brusque tampon, pluvieux Midlands, Éclairs diffus, cinglant orage, Ponant fouettard parmi Yorkshire, Chinook larguant coiffe potlatch… Chaque branche devra fléchir. Contre notre fenêtre infiltre Bélier duquel trombe, grésil Cognent suivant fureur soudaine. Saisis dessous frissons abjects, Adulte, enfant sautons idem. Volez, cloches presque muettes !
7 / L’absorbante lecture
Coucher venteux, vacarme, ondée. Elle relit Hauteurs Hurlantes, roman-photo d’après Brontë. Brusque tampon, pluvieux Midlands, précis l’éclair, diffus l’orage d’abondance fouettant Yorkshire, chinook lançant coiffe potlatch… chaque branche devra fléchir. Contre l’humble châssis s’infiltre l’onde qu’ovin – toison grésil – cogne d’une fureur soudaine. Alors saisi d’effrois abjects, double d’enfant j’oscille idem. Volez, cloches quasi muettes !
Mots syllabiquement pairs :
0 = d’, l’, s’, qu’
2 = tous les autres sauf
4 = abondancE
8 / Substrats constitutifs du Roman
Substrats constitutifs du Roman, Math Harry Calcula qu’un typhon mût l’ondoyant chinook Sur nos châssis suintants d’aucun afflux tari, Horizon fulgurant d’où l’ouragan fît choc. Ton manga s’abritait la voix dans un ballon ; Pour mots du manuscrit un croquis narratif Transmutait à traits noirs l’opus « Hauts d’Aquilon »… Lors la frondaison chut dont abdiquait un if. Il cingla qu’infiltrant l’à-coup d’abstrus sillon, Un bouc assaillirait, quoi ? Disparition À l’huis, son corps soudain sous un gris nocturnal. Imago d’un gazon qui t’a rompu gamin Fatal – tu t’y couchas parmi l’instant, fatal Soir afin d’abolir airs du gong ni d’humain.
Lipogramme en E ; alternance de rimes vocaliques & consonantiques.
9 / Vent allégorique de Hurlevent
De Hurlevent les Hauts déchaînant leurs chinooks L’ardoise sous la pluie abstient l’ample Zéphyre Quand couve vespérale une Oceano Nox À quoi recueil et voix dessinés vont suffire Surgi brusque des eaux par la vitre nul phlox Hallali qui beugla d’humanité son ire Car Mathews affublé diffus d’éclairs zopioks Assène de rejet soudain la Déjanire S’accroche à la croisée un ouest si coups honnir Persiste aux frondaisons dont fouette d’élixir L’enfant sur l’ouragan fût-ce vent d’équinoxe Elle abondante nue en phylactère fuir Infiltre la fenêtre où cartographe Eudoxe Étouffera du gong sitôt le septemvir
Permutation des rimes de Mallarmé : -ix(e) -or(e) ---> -ox(e) -ir(e).
10 / Sonnet
Le vent du soir nous délivre un bélier dont le combat répugne à l’herbe et l’homme. Peine brusque aïe ! aux frondaisons de l’orme le vent du soir persistant peut brouiller tragique feuille et bruit. Sans s’y mouiller, elle ne dort car dessus son épaule n’aperçoit-on une bédé qui frôle l’ubac des Hauts de Hurlevent, papier que d’abondance infiltre un fil de pluie, avec un cadre où fenêtre et dessin cernent l’enfant de tonnerre soudain ? Quand la lecture en gris diffus essuie le coup qu’assène un bélier repoussoir, s’étouffe presque au vent le gong du soir.
Décasyllabes héroïques (4 + 6) ; sources Mathews et Roubaud.
11 / Sonnet
Le vent du soir hurle dans la frondaison il change la pluie persistante en pluie de tonnerre pleine d’éclairs que ne veut homme ni herbe le vent du soir qui est violent en saison agite les feuilles avec un bruit de mousson ça se renforce autour de la fenêtre qu’infiltrent des minces suintements d’averse à fil de pluie, sous la corne du mouton En traits abondants s’étire l’insigne orage dont on fait pour une bande dessinée une page dessinée exactement tel le cadre à percevoir Hauts de Hurlevent la lecture le soir appelle que s'entende, sauf le gong hors la bulle, la frondaison où sans foi le vent du soir hurle.
Sources : Mathews et Roubaud.
12 / C'est un beurre de sucre
C’est un beurre de sucre, de farine et d’œufs. Tu es plongée dans la lecture des Sucres de Hurlesucre en bande dessinée. Un brusque roux de farine et les œufs frémissants se changent en œufs voraces, avec des éclats nets ou diffus, et une farine qui dirait-on fouette les bouillons dans le gras du beurre. Par le joint de ta cocotte s’exfiltrent de minces filaments d’œufs poussés par les coups de cristaux que le sucre assène contre l’abondance soudaine d’œufs que ne veut ni chef ni cordon bleu, pas plus que la farine qui vous fait sauter comme un marmiton, ou ce sucre qui arrive presque à estomper le blond du beurre.
Source : les Impromptus littéraires.
Robert Rapilly,
mardi 29 novembre 2011
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