Arnaud Daniel a inventé la sextine au XIIe siècle, forme adaptable au courant métaphorique abstrait de l'avant-garde slam la plus radicale :



Je voudrais leur dire qu’on a reçu le chauffeur de coup à la voiture mais que c’est pas parce que vous voulez renverser le pied que vous descendez de la table dont vous vous abstenez de choisir le derrière.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le derrière de chauffeur à la table mais que c’est pas parce que vous voulez renverser le coup que vous descendez du pied dont vous vous abstenez de choisir la voiture.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu la voiture de derrière au pied mais que c’est pas parce que vous voulez renverser le chauffeur que vous descendez du coup dont vous vous abstenez de choisir la table.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu la table de voiture au coup mais que c’est pas parce que vous voulez renverser le derrière que vous descendez du chauffeur dont vous vous abstenez de choisir le pied.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le pied de table au chauffeur mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la voiture que vous descendez du derrière dont vous vous abstenez de choisir le coup.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur.



Post-scriptum - À l'opposé de la métaphore filée, on qualifiera celle-ci d'écartelée au sens qu'y donne François Le Lionnais.



Post-post-scriptum - Il y a chez cet orateur quelque chose du génie de Gustave Labarbe, maire de Champignac, dont nous reproduisons ci-après un discours inspiré de Marcel Bénabou.

Champignac demain -
Mes discours, ces enfants que je n’ai pas encore corrigés, gardez-vous, chers électeurs, de prendre pour hameçon comptant qu’ils seraient le socle de fleuves éteints. Bien au contraire (et qu’ici tout mutisme soit amplifié) ils sont les rameaux d’une forge aux envols non moins soyeux que champignaciens. Ils regonflent la charrue riante de mes tribunes, par l’embrasement d’une pelletée de slogans au portemanteau de campagnes verdoyantes et électorales - cela afin de n’éluder aucun cas grammatical ni de force majeure. Mais plane autour d’eux la racine d’une lourde baudruche, ils sont englués dans un tel grain de sable, que moi-même à vrai dire, malgré la logorrhée du silence de l’amer, n’ai pas encore réussi à en extraire la pointe du puzzle, à en distiller le sémaphore souterrain. Le fil du monde me paraît plein à ras bords de plagiaires au front chétif, tels des chiens dans la soupe, lesquels font de ma verve joyeuse une longue expectation entre Charybde et l’enclume. Ainsi déclamé-je des fragments menus (du jour) qui, dans le rétroviseur de mes discours futurs, me semblent bien partis pour rester !