Statue équestre la pointe du pied,
triple galop, souffle et charivari.
Anniversaire on y compose un lied,
trente fois deux mesures de tutti ;
uhlans frappés – ô cadence oulipote –
errons contraints & panache léger.

Équilibrons l’éther avec le plomb,
que notre pas au milieu s’insinue,
un sabot : sol, l’aile à Pégase : azur,
eurythmie où se harnacher de joug
sublimerait l’obstacle littéraire.
Troubadour qui t’avises découvrir,
reçois ce don, mon sonnet antipode,
envoi d’ores loin Didier Bergeret.



Un prénom et un nom respectivement de 6 et 8 lettres, voilà bien circonstances où composer une statue équestre, appellation dont les 14 lettres font ici acrostiche. Sans ponctuation et dans une police à chasse fixe (Courier), les décasyllabes justifiés permettent de lire aisément "Didier Bergeret" en télostiche :

Statue équestre la pointe du pieD
Triple galop souffle et charivarI
Anniversaire on y compose un lieD
Trente fois deux mesures de tuttI
Uhlans frappés ô cadence oulipotE
Errons contraints & panache légeR

Équilibrons l’éther avec le plomB
Que notre pas au milieu s’insinuE
Un sabot sol l’aile à Pégase azuR
Eurythmie où se harnacher de jouG
Sublimerait l’obstacle littérairE
Troubadour qui t’avises découvriR
Reçois ce don mon sonnet antipodE
Envoi d’ores loin Didier BergereT

Post-scriptum – Ce sonnet à l'envers a été composé pour l'anniversaire imminent, 60 ans, d'un ami poète abonné à la liste oulipo. Je savais Didier Bergeret très malade, j'espérais lui procurer un peu de consolation à la lecture d'une "statue équestre" dont il serait le héros. Car (cliquez voir son nom) il appréciait les textes contraints, en écrivait lui-même d'époustouflants. Trop tard, la voix douce s'est tue. L'hommage intact reste cependant – sauf le dernier vers, joyeux, entre-temps retouché de tristesse.