Toumpan Moby Dick
Nommons "toumpan" la forme de ce pantoum rétrograde, dont les rimes s’ordonnent :
aFaF — BaBa — cBcB — DcDc — eDeD — FeFe
En lisant à voix haute, on devrait ressentir un effet voisin, cependant distinct de celui du standard pantoum. La trame ici reprise vient du poème La Montagne, page 246 du "Petit traité de poésie française". Implorons l’indulgence de Théodore de Banville, qui aurait sans doute désapprouvé la distribution inusitée des rimes : du quatrième vers d’une strophe au premier de la suivante, il n’y a pas d’alternance du genre des rimes.
Post-scriptum en me relisant deux mois plus tard / Exactement inverse de l’effet crescendo du pantoum, j’éprouve en relisant ce "Toumpan Moby Dick" une sensation d’effacement au fil des strophes : les vers apparaissent, s’estompent, disparaissent.
Cachalot de force et d’esprit Tête d’étrave et flot céleste Tout un océan le nourrit C’est Moby Dick qu’un harpon leste Où la nef au couchant s’illune Cachalot de force et d’esprit Le géant domine la hune Tout un océan le nourrit Dans les feux d’inquiet duel Où la nef au couchant s’illune Gloire d’un défi mutuel Le géant domine la hune L’oracle tourmentait l’abysse Dans les feux d’inquiet duel Dont la pâleur sourde surgisse Gloire d’un défi mutuel Oyez ce grondement amer L’oracle tourmentait l’abysse D’Achab dessous dessus la mer Dont la pâleur sourde surgisse Tête d’étrave et flot céleste Oyez ce grondement amer C’est Moby Dick qu’un harpon leste D’Achab dessous dessus la mer
Fatrasie prototype écrite la veille. L’absence d’un sens suivi permet immédiatement de tourner un pantoum en toumpan (et réciproquement) : par l’inversion des strophes, lues de la fin au début.
Fanfare sans tambour ni fifre ni trompette Cornerez-vous parfois vos hymnes assourdis Dont ne jodle nul cri que l’écho ne répète Du haut d’un belvédère entre quatre jeudis Colonne d’air ou peau pour engourdissement Fanfare sans tambour ni fifre ni trompette Au plaisir d’orchestrer une pause qui ment Dont ne jodle nul cri que l’écho ne répète Que glisse la pavane aux défuntes cadences Colonne d’air ou peau pour engourdissement Ô valse sous la piste où syncopé tu danses Au plaisir d’orchestrer une pause qui ment Ton rigaudon fourbu craint-il du rossignol Que glisse la pavane aux défuntes cadences Sur dissonante pente elle y descend du sol Ô valse sous la piste où syncopé tu danses Galops ad libitum des chevaux qu’on achève Ton rigaudon fourbu craint-il du rossignol Que la note de fin soit rhapsodie ou brève Sur dissonante pente elle y descend du sol Cornerez-vous parfois vos hymnes assourdis Galops ad libitum des chevaux qu’on achève Du haut d’un belvédère entre quatre jeudis Que la note de fin soit rhapsodie ou brève
Robert Rapilly [in Pantoums],
lundi 1 octobre 2018 à 10:40
Lien permanent #418. Fil rss des commentaires
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.