Sources : Perec d'après Proust (Longtemps je me suis couché, mouché, bouché... de bonne heure) et Verlaine (L’heure exquise). Les 12 strophes qui suivent sont un tour d’horloge en résonance avec l’heure, citée à la fois chez Perec-Proust et chez Verlaine. Il y a 12 mots rimes distincts en "-eur(r)e" et 12 verbes à l’impératif en "-vons" (sauf le Raymond final, celui par qui tout est arrivé).

1 —

Afin qu’une oie
donne magret,
confit et foie,
c’est sans arrêt
que l’on l’écœure.
	Gavons, c’est l’heure.

2 —

Tantôt l’on dîne.
Pantagruel
sur sa tartine
enduit du miel
avec du beurre.
	Bavons, c’est l’heure.

3 —

Le vin nous saoule
sous le tonneau,
la grappe coule
rouge son eau...
la vigne pleure !
	Buvons, c’est l’heure.

4 —

Quand on la goûte,
chu sur le dos,
l’ultime goutte
de calvados
est la meilleure.
	Cuvons, c’est l’heure.

5 —

La chose est grave
dans la litho
que le grès boive :
ipso facto
l’encre demeure.
	Gravons, c’est l’heure.

6 —

Noix siccative
par un tuyau,
fraîche lessive
qu’on nettoie au
parfum qui fleure.
	Lavons, c’est l’heure.

7 —

Ô peaux mousseuses
qu’on décape au
pot des valseuses,
ô bains de peau
postérieure !
	Savons, c’est l’heure.

8 —

Jet de grenades.
Soixante-huit
aux barricades,
Gay-Lussac fuit
ce qui l’apeure.
	Pavons, c’est l’heure.

9 —

D’abord service
haut dans les airs.
La balle glisse,
coup droit, revers,
envol et leurre...
	Servons, c’est l’heure.

10 —

On nous enterre ?
Poussons le son !
Le commentaire
de Mendelssohn :
— Gamme mineure.
	Crevons, c’est l’heure.

11 —

Pour filature,
il prit le bus
et la voiture,
puis pédibus
du Havre en Eure.
	Suivons, c’est l’heure.

12 —

Mots de Zazie :
— Ça m’est égal,
mon cul la vie !
L’instant fatal,
faut bien qu’on meure.
	Raymond, c’est l’heure.

.
.
.

Post-scriptum —

Saison des semailles le soir,
Quels pectoraux, il faut les voir !
Mais le brandebourg se dégrafe :
Taffe taffe taffe... épitaphe.

Inspiré de Victor Hugo, ce quatrain peut se traduire dans un esprit voisin de la contrainte de Delmas :

Le geste auguste du semeur,
Le leste buste du frimeur.
La veste juste du chômeur,
La peste fruste du fumeur.