Deux nouveaux avatars de Nerval parmi les centaines compilées chez Nicolas Graner -

1) Un oxymore par hémistiche, à savoir combinaison de deux mots aux sens contradictoires.

El Oximoreado —
Que luise, ténébreux, un baume inconsolé
en ma tour souterraine au ciel ensevelie :
ma langue d’Oc est chti dont l’orphéon sans clé
porte un chu soleil noir de sinistre embellie.

Dans l’éclat du tombeau ton blâme a consolé
le retour d’une perte en barbare Italie,
ce dégoût qui plaisait à l’entrain désolé
de contraires pareils à ma crampe amollie.

Suis-je Amour & Froideur ou Tri-Angle & Bi-Rond ?
Mon front, l’arrière intact, au baiser rougit beige ;
je veille somnolent où le naufrage émerge...

Une fois j’ai doublé dessus le pied du tronc
un motus déclamant qu’il faut lire, fors texte,
les sabbats de la sainte et ses cris de muette.

2) Chaque hémistiche d’un demi-vers contient un pléonasme qui répète la redondance inutile de synonymes disant la même chose.

El Pleonasmado —
Je suis le flou brumeux, le triste inconsolé,
noble duc d’Oc austral à la ruine abolie :
ma star défunte est morte et, d'astres constellé,
je porte pour fardeau spleen et mélancolie.

Qu’un tombeau de trépas m’apaise consolé
et m’offre les présents de latine Italie,
d’efflorescent pétale en mon blues désolé
et de treille où le pampre amalgamé s’allie !

Suis-je Amour et Vénus ?... Périgord et Biron ?
Tu m’empourpres grenat, ô reine souveraine !
Quel songe ai-je rêvé, femme-poisson sirène ?

J'ai vainqueur puis vainqueur claironné du clairon,
modulant la nuance assourdie, étouffée
des soupirs que gémit une magique fée.