Fouler, semelle sensible vers le havre de Geffosses, de l’herbe sous la plante gauche, la caillasse sous la droite.
Mixer dans la tête deux bourdons, le souffle marin d’ouest et le glissement automobile de la route touristique.
Coiffer, regard horizontal, les graminées au vent.
Peindre mentalement tout ça, chaque zone avec un toucher propre, tiens je n’y avais jamais pensé : un peintre doit non pas balayer, mais brosser du regard le paysage, le tacher ; par exemple ici une touche mauve sur un dripping vert, là un point jaune...

Pincer la corde d’une harpe involontaire, fil de fer épais sur chevalet en piquets à vaches.
Chatouiller du nez des pétales d’exquis colza sauvage.
Mâchouiller le lin défleuri, le jonc maritime, la tige finale des feuilles de phragmite.
Saler le bout de sa langue d’une pointe de salicorne.
Répertorier en chemin le potentiel rimique du mot salicorne : borne, corne, morne...


(20 juillet 2009)

P.S. / Motet des Archers de Pirou —

À la chasse souvent, les archers de Geffosses
soufflent en leurs appeaux des rengaines si fausses
que les oiseaux fuiront loin du champ de tir… où ?
Delà le havre au nord, dans l’azur de Pirou,
par dix, par cent, par mille et par tant d’affluences
que la nuée ondoie aux confins de Créances.
Alors pleut un gibier, çui qu’on n’a point laissé
déborder sus la Lande et rallier Lessay.
Les archers de Pirou goûtent canards et sauces,
louant d’autres canards : ceux des gars de Geffosses.