Le blogue de Robert Rapilly

Tripoteuse de style

1 - V.O.

La tripoteuse de tête est rentrée de vacances. On se revoit donc, dans le moelleux de son cabinet. Tout est doux chez elle, les tapis, le fauteuil, son sourire, ses yeux. Pas sa voix. Elle a le phrasé râpeux. Toujours au bord de la quinte de toux.

2 - Contrepèteries

La tripe t'ose de traite enterrée : que d'avances ! On veut ce roi donc, dans le loué meuh de son bac inné. Tout est chou des ailes : l’œuf, ta pile et Auteuil, Cicéron, roues essieux, vape à soie... Et là l’heureux Zappa frais. Tout court, aux torts de la junte debout.

3 - Assonances

La tricoteuse de crêtes est ancrée de latences. On se reboit donc, dans le milieu de son satiné. Tout est flou chez elle, les tamis, l’écureuil, son soupir, ses vieux. Pas sa noix. Elle l’a écrasée : affreux. Toujours au port de la pinte, debout.

La transporteuse de bêtes est enflée des bacchantes. On se reploie donc, dans le moyeu de son barillet. Tout est mou chez elle, les taxis, le faux deuil, son sabir, l’essieu. Pas sa poix. Elle a le français aphteux. Toujours au fort de l’absinthe de boue.

L’asticoteuse de prêtres fait en vrai des avances. On se reçoit donc, dans le soyeux de son praliné. Tout est goût chez elle, les papys, le bourgueil, son saphir, ses dieux. Pas sa foi. Elle a les Ave baveux. Toujours au chlore, de la crainte de poux.

4 - Mots mélangés

La tripoteuse de toux est rentrée de tapis. On est donc dans le moelleux de son phrasé. Tout se revoit râpeux chez elle, les vacances, le bord, sa quinte, ses yeux. Pas son sourire. Elle a le cabinet doux. Toujours au fauteuil de la voix de tête.

5 - En vers & contre toux

Tripoteuse de tête, interromps tes vacances !
Trop j’aspire au moelleux de ton cabinet doux.
La laine des tapis, le fauteuil, les fragrances,
ton sourire et tes yeux envoûtent mes dégoûts.

De l’Eden en enfers me charrieront des transes...
Que tantôt m’épouvante un éclair dont les coups
résonnent dans ta voix ! Qu’hoquètent tes séquences
grumeleuses au bord de la quinte de toux !

Lipogrammes

Oups, ça fait bizarre, non ? Avant, il me parlait de mon succès assuré en amour, de mon impatience coupable au travail, de mes relations sociales asymétriques et là, une citation sur les gens qui se croyaient indispensables.

Hep, ce semble excentré, yes ? Elle me révèle ce précédent : règne de tendresse, je régente les sens ; certes, elle répète mes empressements délétères & dépense d’ergs, mes entregents de jet-set en S.D.F.… et me jette brève sentence : tels mecs se rêvent l’essence et le sel de cette Terre.

Glups, ça fait original, oui ? Avant, il m’octroyait un sûr profit d’amours, un prurit fautif au turbin, plus un aplomb social impair... puis, là, il cita un dicton d'un public s’y croyant primordial.

7 coups de blues

Lundi, je fus pris d’un grand coup de blues. Alors je suis allé faire un tour du côté de mes balades adolescentes.

Mardi, je fus touché d’un grave accès de bourdon. Après quoi je me suis absenté, en excursion non loin de mes flâneries juvéniles.

Mercredi, je fus gagné d’une éminente attaque de cafard. Subséquemment, je suis parti en pèlerinage dans le coin de mes promenades originelles.

Jeudi, je fus saisi d’une ample bouffée d’hypocondrie. Ensuite, je me suis esquivé pour une marche suivant mes périples d'antan.

Vendredi, je fus frappé d’une haute crise de mélancolie. Or donc, j'ai filé en tournée après mes randonnées enfantines.

Samedi, je fus troublé d’un sérieux souffle de nostalgie. Par conséquent, je me suis éclipsé en virée dans le sillon de mes courses initiales.

Dimanche, je fus envahi d’une tragique vapeur de spleen. Aussi ai-je disparu dans la trace de mes fugues primitives.



Anagrammes successives (sauf accents) de « lundi je fus pris d’un grand coup de blues », de « alors je suis allé faire un tour » et de « du côté de mes balades adolescentes » :

Jubé, fucus, pudding nullard... dépression !
Son fléau joueur tressaillira
dédoublement : soldat cassé, aède clos.



« Lundi, je fus pris d’un grand coup de blues. Alors je suis allé faire un tour du côté de mes balades adolescentes ». Les mêmes mots rangés en vers hexasyllabes :

Allé fus-je d’un coup ?
Pris-je un tour de côté ?
Suis mes adolescentes
balades de lundi !
Faire alors du grand blues...

Des cheveux tombent des balcons

Et si - je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée - et si la femme des yeux revolver (Marc Lavoine) et la femme libérée (Cookie Dinger) étaient une seule et même personne ? Je me rends compte que ça coïnciderait avec la Jardinière.

Libérée oui, revolver braqué sur les canons de la prosodie, et qui chante sans façons :

Jardin des Plantes souffle rap
petits oiseaux aux graminées
coup de patte de gros minet
le vent les arrache par grappes

À l’aune de la Jardinière, la poésie se vit, se sent, se voit, se compare, se dit très bien dans le mot générique. Zéro fioriture, une rafale et n'en parlons plus. Posons la sensation d’éponge qu’on presse dans la gorge lorsque l’enfant s’embarque pour Québec :

ce transport en commun
d’elle et moi souvenir
quelque jour revienne un
tramway nommé désir

Dès le lendemain, son vivace entendement - qui ne pleurniche jamais - emploiera bouger et non frémir, vaciller, osciller, tanguer ou frissonner quand, filtrant l’aube fenêtre entr’ouverte, bougera le rideau de la chambre, rythme inégal d’une respiration fantomatique. Et qu'elle lise « filtrant l’aube fenêtre entr’ouverte, bougera le rideau de la chambre, rythme inégal d’une respiration fantomatique », elle m'en flinguera aussitôt le style :
- Il n'y a pas de fantôme après le rideau qui bouge. Tu écris ampoulé, Bbt.
- Pas ampoulé, sous la contrainte.
- Voilà le mot : contraint !

L'œil vise juste. À deux pas de là, elle fera tomber et non pleuvoir, onduler, planer ou choir le fer forgé de la rue des Écoles à Paris, ligne de mire avec « comme des cheveux qui tombent des balcons ».

Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire.

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