Et si - je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée - et si la femme des yeux revolver (Marc Lavoine) et la femme libérée (Cookie Dinger) étaient une seule et même personne ? Je me rends compte que ça coïnciderait avec la Jardinière.

Libérée oui, revolver braqué sur les canons de la prosodie, et qui chante sans façons :

Jardin des Plantes souffle rap
petits oiseaux aux graminées
coup de patte de gros minet
le vent les arrache par grappes

À l’aune de la Jardinière, la poésie se vit, se sent, se voit, se compare, se dit très bien dans le mot générique. Zéro fioriture, une rafale et n'en parlons plus. Posons la sensation d’éponge qu’on presse dans la gorge lorsque l’enfant s’embarque pour Québec :

ce transport en commun
d’elle et moi souvenir
quelque jour revienne un
tramway nommé désir

Dès le lendemain, son vivace entendement - qui ne pleurniche jamais - emploiera bouger et non frémir, vaciller, osciller, tanguer ou frissonner quand, filtrant l’aube fenêtre entr’ouverte, bougera le rideau de la chambre, rythme inégal d’une respiration fantomatique. Et qu'elle lise « filtrant l’aube fenêtre entr’ouverte, bougera le rideau de la chambre, rythme inégal d’une respiration fantomatique », elle m'en flinguera aussitôt le style :
- Il n'y a pas de fantôme après le rideau qui bouge. Tu écris ampoulé, Bbt.
- Pas ampoulé, sous la contrainte.
- Voilà le mot : contraint !

L'œil vise juste. À deux pas de là, elle fera tomber et non pleuvoir, onduler, planer ou choir le fer forgé de la rue des Écoles à Paris, ligne de mire avec « comme des cheveux qui tombent des balcons ».

Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire.