Le blogue de Robert Rapilly

Qui que soit le coquin

Cahier des charges d'une chanson -

Nous brasserons du sens
à façon de Brassens.

1/ Une forme quasi classique et carrément sévère :
quatrains d'hexasyllabes, rimes masculines & règle de la liaison supposée (ça rime encore en prononçant les consonnes muettes), hiatus prohibé, synérèses ou diérèses suivant prescriptions de Littré.

2/ Le fond tout d'actualité et de mauvais goût :
vaccin contre une peste qui couve, humour noir dosé au poids de l'hydre traité ; et une question en filigrane : qu'est-ce que Brassens aurait chanté en la circonstance ?

Qui que soit le coquin,
on n'en connaît aucun
qui n'eût nulle vertu,
taïaut turlututu.
Gilles de Rais servant
de la soupe à l'enfant,
l'aime ce nouveau-né
fraîchement mouliné.

Que non Jack l'Éventreur
ne manque pas de cœur,
l'en fait collection
avec tripe et rognon.

Ça l'émeut quand le four
par les feux de l'amour
embrasera sa bru
mieux qu'embrasse, Landru.

On meurt pas de froid chez
le moine aux mil bûchers ;
Tomás Torquemada,
chaud business oui-da.

Païens tranchons un cas
d'école, les Incas :
béni soit le Seigneur,
Pizarre est son saigneur.
Œuvres de charité,
trouvez-y bon côté,
rendez-les dignes donc,
badaboum ding daing dong.
La pelure d'oignon
d'un sale type ? oh non !
le crâne du Duce
scintille : il s'est douché.

Radovan Karadžić,
cherchez-y point le hic,
rasoir expéditif
mais nickel quant au tif.

La pommade au coco
dont s'embaume Franco
police la senteur
du pimpant dictateur.

Maréchal, il voila
sa voix perchée en la ;
juste siffla-t-il l’air
que lui soufflait Hitler.

Ne traitez Brasillach
d'écrivassier réac :
virtuose et joli
lorsqu'il sonne hallali.
Toujours prendre des gants,
prodiguez aux brigands
la tendresse et le soin,
zoum tagada-tsoin-tsoin.
La patte collabo
blanchit au lavabo,
et ron et ron Papon
le petit patapon.

Pour l'avoir pas dans l'os,
Barbie alias Klaus
a lâché l'oripeau
de toute Gestapo.

Quoi qu'il aurait pas su
l'intéresse, Massu.
Tous - d'ouest, de l'est, d'Oran, d'
Aurès - sont au courant.

Chef à lier sans peur,
sans reproche un stoppeur,
Chanal Pierre adjudant
est un homme attachant.

Jamais on verra laids
de gars Montréalais,
ravise ce beau mec
dépeceur au Québec !
Qui que soit le coquin,
on n'en connaît aucun
qui n'eût nulle vertu,
taïaut turlututu.

Pour Amélie Nothomb

France Inter a ouvert cet été un concours de haïkus pour fêter les 20 ans de succès d'Amélie Nothomb, avant sortie d'un roman, « Barbe bleue ».
S'ensuivit sur la liste oulipo pléthore de poèmes dédicacés, calembours de son nom, d'un esprit (qui vole) voisin des sollicitudes de Jacques Roubaud et Olivier Salon.
Ci-après ma contribution.

Haïkus

Barbe bleue eh rustre
Gratte l’épitaphe en givre
Ah mais ! lis nos tombes

Aux frimas je plais
Dans ta chaussette Shogun
Nô ton bas m’élit

Katrainbours

« Vois-tu rien choir, Anne ma sœur :
  Barbe Bleue ou Joueur de Flûte ?
– Las ! Je ne vois que ravisseur
  d’enfants et vertige en leur chute. »

Hamelin haut tombe !
Holà Barbe bleue à jument,
serial killer du steeple-chase,
vois l’épitaphe qui dément
qu’Auteuil coure au Père-Lachaise !

Ah mais, lis nos tombes !
Temps courbe qu’un pli
écoule des montres
Salvador Dali
amollit nos plombes
Dans l’oubli fermé
inanité d’onde
Stéphan Mallarmé
abolit notre ongle

Vers isocèles

Alors musique et danse
aussitôt que m'endors,
quelle injuste cadence
martèle les ressorts ?

Note, on bat mes lits.

« Habilement Omo » est un sonnet plus blanc que blanc de gématrie révolutionnaire = 1848 ;
les 14 vers sont anagrammes de « Amélie Nothomb ».

Moi bêlant « Home
bitonal, eh ! môme »,
Nothomb Amélie
bat mon homélie.

L’atome H binôme,
boni l’hématome,
mal et bonhomie
m’ont. Ah ! embolie…

Ô malt bohémien
mi math booléen,
ô bio emmenthal,
nomme-toi Hébal !

Bonhomme alité
Mahon l’emboîté.

Palindromes phonétiques

Il aima bon tonneau
Ô Nothomb Amélie !

Amélie eut Nothomb
On tonne huile & mât

Quinine

Accouchons, tatami, d’une île de la Sonde,
d’une barrique et de ragoûts… Dévions rhumb
jusqu’à Bali ! Cependant que voiture tonde,
Amélie au Japon dame un courriel Nothomb.

Autrement dit…

Lino mettons bas
Bali, tonneau, mets…
Mais bagnole y tond !
Ton mail y bat, nô,
Nothomb Amélie.

… soit une quinine :

li  no  mé  ton ba
ba  li  ton no  mé
mé  ba  no  li  ton
ton mé  li  ba  no
no  ton ba  mé  li

Monvochtomb

Dormons, ô Molotov, prolo dont nos cochons
font ponchos, boots, condoms, cols d’oblongs polochons…
Colorons vos photos d’Hong-Kong, Woodstock… Colomb ?
Son ponton rococo confond d’or blond Nothomb !

Polar
(quatrain épouvantable : rimes prohibées fém. & masc., calembour capillotracté au quatrième vers)

S'il rebaptisait Amélie
Vian Sullivan en grande pompe
coifferait le pied d'Amely
d'Y grec car chaussure Nothomb

Polar bis

Monsieur le Président,
votre geste impolie
dit qu'en cas d'accident,
couvrirez Amélie.

Chirac trash assure Nothomb.

Tougoudougoudou = tercet méchant (le premier vers désigne, le deuxième décrit, le dernier dézingue), forme inventée par Jean Mouchès :

Crayon et chapeau gris Nothomb
sombre style qu'éclat ne rompt
on compte deux mines de plomb

Antitougoudougoudou = variante gentille :

Graphite et feutre de Nothomb
sombres traits dont l'incarnat prompt
encre d'or la mine de plomb

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