lundi 26 avril 2021
Chanson de 3 saisons / Automne holorime
L’automne est l'unique saison à désinence féminine. Inversons avec les trois autres, prinTEMPS, éTÉ, hivER, le genre des rimes de la Chanson d’automne de Verlaine. Le schéma F-F-M-F-F-M gardera la métrique originelle en 4-4-3-4-4-3 syllabes. Peut-être existe-t-il des précédents à cette imitation ? —
Les notes nettes des clarinettes du printemps bercent nos âmes d’épithalames exaltants L’humeur friponne du saxophone de l’été trouble ton foie qu’a dive joie enchanté Les plaintes lasses des contrebasses de l’hiver hantent ta tête blême poète doux-amer
"Fatrasong" = trois fatrasies issues d’une contrainte simple : reprendre la richesse phonétique des rimes initiales (LONGS-vioLONS, auTOMNE-monoTONE, etc.), puis amadouer la folie des vers qui en découlent. —
Aux pantalons des apollons qu’on boutonne le bookmaker prend sa longueur de cretonne Sur l’éloquent problème Kant cerne un leurre d’abois latviens au nez des chiens qu’il effleure Quand je rivais à des civets un cloporte cela colla ma rissole à l’extraforte
Contredire Verlaine, le projet d’une "Chanson de printemps" est délicat. On notera ici que "doux" et "douce" se suivent de peu, en se souvenant que le grand poète usait à dessein de répétitions. —
L’oud du printemps jouit d’instants que n’abrège mon fol entrain dont se cure un florilège Tout rubicond du souffle qu’ont hors l’espace nos au-delà je ris que la mort s’efface Tranquille sous un soleil doux l’onde douce frissonne ici pareille à si jeune mousse
"Chanson d’une semaine" —
À perdre haleine
bondit Verlaine
le lundi
quand les linottes
coulent des notes
glissandi
Puis il modèle
l’onde charnelle
d’un mardi
la plume au pouce
croquis de rousse
arrondi
Roule une lame
du fond de l’âme
mercredi
il rêve un buste
qu’elle rajuste
au body
Je vous invite
écrit-il vite
dès jeudi
à la bien sage
en son corsage
d’organdi
Il se demande
jour de limande
vendredi
quel chaste jeûne
retient la jeune
Milady
Vienne la danse
après la panse
samedi
chacun de fièvre
et de genièvre
ébaudi
Mot d’abandon
sous l’édredon
ce dimanche
le saignement
d’un cœur aimant
ne s’étanche
Trois strophes palindromes de mots, contrainte compatible avec une syntaxe pseudo-médiévale. —
Armes d’enfer boutant pleurer tant de larmes, larmes de tant pleurer boutant enfer d’armes. Reine sans Lear, flot à gémir trop de peine, peine de trop gémir à flot. Lear sans reine. Lumière sans reflets bruissants les libère, libère les bruissants reflets sans lumière.
"Son automne sonotone", inspiré de Gilles Esposito-Farèse. —
Blé sans vainqueur blessant vain cœur à l’automne dans sanglot creux danse angle ocreux allo ! tonne Poe émouvant poème ou vent sceau n’est leurre qui rhum ancien chiromancien sonnait l’heure Laid comme au faix l’écho mauvais misanthrope de-ci de-là décidé l’a mis en trope
"Chanson d’Oscar" : Clémentine Mélois à la manière de Verlaine. —
Blessé Simon m’alarme — Mon capitaine ! les Albigeois ils sont dix fois la centaine. Preux encerclés nous armons les catapultes. J’abats vainqueur ma dague au cœur des tumultes. Chef d’ennoblis mâchicoulis, je l’étouffe ce feu bougon qu’enfle un dragon sous la douve. On donnerait son empire et sa province pour le parfum à qui sniffe un Chocoprince. Le goût d’Oscar penche au nectar de la fraise. — Oh ! chevaliers les vanillés sont fadaise.
Robert Rapilly,
lundi 26 avril 2021
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