30 ans qu’existe par la grâce d’un poète clown
le Grand Persil

d'aucuns posent
opposent
la question du sens à la poésie
oulipienne souvent méchamment parfois
il y en a qui n'aiment pas qu'on "traite" leur maternelle langue
qu’en dire

à moins d’avoir étudié Kandinsky et retrouvé son explicite intention
qui pourrait jurer que Bleu de Ciel est à l'envers comme ci
à l'endroit comme ça
pourquoi écoutant La Valse de Ravel
l’un croit survoler un azur de lavandes
l’autre déchiqueter la cervelle d'un jaguar
or
dépourvues d'intelligibilité discursive
les mêmes peinture et musique ravissent l'un et l'autre

alors bon sang de chien
privera-t-on la poésie de pétrir
si bon lui semble
son signifiant de lettres et de mots
comme on fait ailleurs des pigments et des sons

enfances des arts
souvenons-nous des fatrasies d’Arras
ou de la souris verte
verte parfaitement
qui courait dans l'herbe
gamin sans remords on l’a trempée dans l'huile et dans l'eau
ça faisait un escargot tout chaud
aucun sens
mais un puissant jeu d'assonances
de rythme
d'images surgies de l’oralité pure

une souris verte
qui courait dans l’herbe
je l’attrape par la queue
je la montre à ces messieurs
(...)

même rigueur d'oulipo en dernier ressort chez Gilles Defacque
un soir de 1976 salle Marx Dormoy à Lille
après "Brésil" ou "babil" je ne sais plus
mais je me souviens au mot près que sur le fil d’un poème instantané
le clown invoqua
l'ombre du Grand Persil
à la seule gloire de la Rime