L'humanité se scinde en deux camps bien distincts.
Irrémédiablement d’un baroud lamentable,
la ligne de fracture aux brasiers mal éteints
passe, fronce précise, au milieu de la table
de la salle à manger. On dit : « Ça va chauffer ! »
Réponse tac au tac : « Ce soir le torchon brûle,
prends garde à la géhenne où t’attend Lucifer ! »
Chacun guigne qu’autrui rampe sous sa férule,
et nul ne diluera d’une goutte son vin :
« Buvez jusqu’à la lie une amère rasade ;
que coûte à qui me toise un châtiment divin ! »
La lutte se rehausse en sublime Croisade :
un trébuchet à pain investit un château
et sa douve soupière où joutent, saignant havre,
la carafe de pif contre le pichet d’eau,
la salière jumelle et son moulin à poivre,
le pâté végétal du soixante-huitard
contre le vol-au-vent des cuisines bourgeoises,
horaire des repas et saveur du retard,
la sage économie et laisser des ardoises.
Ô spéculations couteau contre cuiller,
domestique frontière au mitan du porridge !
Entendons du festin sourdre l’écho d’hier
des grains du sablier, hissés jusqu’au vertige
là-haut dans la montagne et l’azur et le ciel...
Cet écho soit maudit de la croûte à la mie :
depuis mère Lucy, parler prend goût de fiel
à juste proportion que s’accroît la famille !

Outre l’amorce - et le titre d'un précédent billet de Kozlika -, ce sablier de printemps d'après Monolecte s’est écrit en intégrant au fur et à mesure de leur parution, le 30 mars 2008 de 20h44 à 23h21, des bribes puisées aux contributions de Brol, Otir, Gilsoub, Dom, Caco, Anita, Samantdi, Élisabeth et Saperli. Merci à eux !