Navets 11

Nouveauté épatante, je lis enfin quantité de vos poèmes sur le site Navets : une mine où je m’en vais puiser désormais. Profitons-en pour simplifier la règle de notre correspondance. Pendant les 20 jours restants, je vous adresserai des strophes plutôt brèves, réponses directes à ce que vous aurez écrit. J’y travaillerai de toutes mes forces : les poésies courtes exigent de l’attention et du temps. La moindre approximation ne pardonne pas. C’est ce que nous apprennent les maîtres du haïku, comme Issa, à qui n’échappe aucun détail :

Ne tue pas la mouche !
Elle se frotte mains et pieds
Elle implore

(traduction de Maurice Coyaud - Fourmis sans ombre - Phébus 1978)





1 - Sur la nature morte de Karim (pomme, équerre, pochette)

Une main dérobe et décachette
Ce pli recelé dans la pochette :
Gloire à la rature, à bas la gomme !
La dent brise la rondeur de pomme
Et la chanson jadis et naguère
Préférait l’oblique au trait d’équerre



2 - Sur la nature morte de Kelly (fleur, papier, règle)

Sécher la fleur
dans un herbier
stricte est la règle

Mais la couleur
sur le papier
fait tache espiègle



3 - Pourquoi ai-je recopié hier une comptine hors sujet écrite l’hiver passé ? Eh bien, je m’en suis servi de « gabarit » pour le poème n°1. J’ai changé les paroles en gardant le même rythme… et en plaçant successivement à la rime les mots « navet », « linge » et « œil-de-vieux ». Voici comment.

J’ai lu :
Dans la botte de foin
que j’ai remplacé par :
En creusant ta méninge

puis :
Allons chercher l’aiguille
remplacé par :
Déterre ce navet

etc.