Courriel retrouvé ce matin dans mon ordinateur, à la Liste Oulipo au sujet des lignes isocèles :

En septembre 2010, le musée d'art modern
e de Villeneuve d'Ascq intitulait "Habit
er poétiquement le monde" une exposition
comptant des tapuscrits de Guy Debord, à
paraître dans le premier numéro de "L'In
ternationale situationniste", juin 1958.
Singulière singularité au temps des mach
ines à écrire Underwood, le texte en est
parfaitement justifié, juste effet du pa
ssage à la ligne déclenché par le seul b
locage du chariot. J'ai cru cependant (à
vérifier) déceler une contrainte typogra
phique : Debord se débrouillerait qu'auc
une ligne ne se terminât par une espace  <---
entre deux mots (ce dont ci-dessus on pe
ut apprécier un contre-exemple. La maxim
e perecquienne "le Vaudou c'est tourjour
s Debord" n'interdit pas de supposer que
Perec ait vu les manuscrits situationnis
tes, et de même le jeune Lucien Suel, au

cours des années 60 : prélude au parfait
calage de lignes justifiées qu'à présent
un Ian Monk ou un Gilles Esposito-Farèse
exécutent en toute virtuosité. Cela, les
abonnés à la Liste Oulipo le connaissent
bien. Mais combien savent, au bout de 54
ans, que tout près de CoBrA (acronyme de
Copenhague Bruxelles Amsterdam), contact
fut pris par Debord avec Gilbert Farelly
afin d'éditer la revue "L'Internationale
situationniste" chez Ichthusson (missive
datée du lundi 31 mars 1958 & affranchie
le lendemain, conservée au Fonds Farelly
de Bruxelles). Trop occupé à son "Traité
de Prosodie" monumental, Farelly n'a pas
donné suite ! Il n'en eut pas moins sous
les yeux l'innovante typographie isocèle
de Guy Debord. Une note dans son journal
en atteste : "Par la mécanique Underwood
souveraine et implacable et dialectique,
le chiffre selon Debord m'a fait tourner
la tête ! Penser à ajouter un article au
Traité, "Vers isocèles" ; pour exemple :

Qu'entité vierge page ouvre à dichotomie
Premier sabot chanceux à point pyramidal
Assez cul-de-bouteille intouchable métal
Le parfait plus petit déroule l’accalmie

Du deuxième chanceux densité sans orange
Efface fade poulpe ô lancier de nul marc
Sur Muses camarade ouvrant Paz communard
Debord originel fit plage de Cros l'ange

(...)" Amitiés, chère Liste Oulipo ; RR_

Dans ces deux quatrains isocèles du Traité de Prosodie de Gilbert Farelly (Éd. Ichthusson 1960), on aura reconnu, à peine codée, la numération décimale :
1 = entité
2 = dichotomie
3 = premier nombre chanceux
4 = nombre pyramidal
5 = nombre intouchable
6 = premier nombre parfait
7 = deuxième nombre chanceux
8 = poulpe
9 = les Muses
0 = origine

Autrement dit :

Nul à l'Un tracé Deux est sexué d’écart ;
aussi, orteil plié, Trois sua mûr ou Quatre.
Verre vert au quorum, non à Cinq ni canon :
à l'école vélo Six isole véloce.

La navel lèse Sept et pèse-sel leva.
N'émets banal Huit, Ness senti uhlan abstème !
Fuentes rêva l’âge égal à verset Neuf,
Et situ Zéro pave évaporé zutiste.

... lequel texte se décompose en 10 palindromes :

Nul à l'Un
tracé Deux est sexué d’écart ;
aussi, orteil plié, Trois sua
mûr ou Quatre. Verre vert au quorum,
non à Cinq ni canon :
à l'école vélo Six isole véloce. La
navel lèse Sept et pèse-sel leva. N’
émets banal Huit, Ness senti uhlan abstème !
Fuentes rêva l’âge égal à verset Neuf,
Et situ Zéro pave évaporé zutiste.

Post-scriptum sans rapport mais juste pour le fun, tercet de palindromes, gématrie 888 :

Tsé-tsé zéro fore zest, est
étole. Zéro dédore zélote
et situ. Zéro gore zutiste.