lundi 10 mars 2014
Isocélisme
Courriel retrouvé ce matin dans mon ordinateur, à la Liste Oulipo au sujet des lignes isocèles :
En septembre 2010, le musée d'art modern e de Villeneuve d'Ascq intitulait "Habit er poétiquement le monde" une exposition comptant des tapuscrits de Guy Debord, à paraître dans le premier numéro de "L'In ternationale situationniste", juin 1958. Singulière singularité au temps des mach ines à écrire Underwood, le texte en est parfaitement justifié, juste effet du pa ssage à la ligne déclenché par le seul b locage du chariot. J'ai cru cependant (à vérifier) déceler une contrainte typogra phique : Debord se débrouillerait qu'auc une ligne ne se terminât par une espace <--- entre deux mots (ce dont ci-dessus on pe ut apprécier un contre-exemple. La maxim e perecquienne "le Vaudou c'est tourjour s Debord" n'interdit pas de supposer que Perec ait vu les manuscrits situationnis tes, et de même le jeune Lucien Suel, au cours des années 60 : prélude au parfait calage de lignes justifiées qu'à présent un Ian Monk ou un Gilles Esposito-Farèse exécutent en toute virtuosité. Cela, les abonnés à la Liste Oulipo le connaissent bien. Mais combien savent, au bout de 54 ans, que tout près de CoBrA (acronyme de Copenhague Bruxelles Amsterdam), contact fut pris par Debord avec Gilbert Farelly afin d'éditer la revue "L'Internationale situationniste" chez Ichthusson (missive datée du lundi 31 mars 1958 & affranchie le lendemain, conservée au Fonds Farelly de Bruxelles). Trop occupé à son "Traité de Prosodie" monumental, Farelly n'a pas donné suite ! Il n'en eut pas moins sous les yeux l'innovante typographie isocèle de Guy Debord. Une note dans son journal en atteste : "Par la mécanique Underwood souveraine et implacable et dialectique, le chiffre selon Debord m'a fait tourner la tête ! Penser à ajouter un article au Traité, "Vers isocèles" ; pour exemple : Qu'entité vierge page ouvre à dichotomie Premier sabot chanceux à point pyramidal Assez cul-de-bouteille intouchable métal Le parfait plus petit déroule l’accalmie Du deuxième chanceux densité sans orange Efface fade poulpe ô lancier de nul marc Sur Muses camarade ouvrant Paz communard Debord originel fit plage de Cros l'ange (...)" Amitiés, chère Liste Oulipo ; RR_
Dans ces deux quatrains isocèles du Traité de Prosodie de Gilbert Farelly (Éd. Ichthusson 1960), on aura reconnu, à peine codée, la numération décimale :
1 = entité
2 = dichotomie
3 = premier nombre chanceux
4 = nombre pyramidal
5 = nombre intouchable
6 = premier nombre parfait
7 = deuxième nombre chanceux
8 = poulpe
9 = les Muses
0 = origine
Autrement dit :
Nul à l'Un tracé Deux est sexué d’écart ; aussi, orteil plié, Trois sua mûr ou Quatre. Verre vert au quorum, non à Cinq ni canon : à l'école vélo Six isole véloce. La navel lèse Sept et pèse-sel leva. N'émets banal Huit, Ness senti uhlan abstème ! Fuentes rêva l’âge égal à verset Neuf, Et situ Zéro pave évaporé zutiste.
... lequel texte se décompose en 10 palindromes :
Nul à l'Un tracé Deux est sexué d’écart ; aussi, orteil plié, Trois sua mûr ou Quatre. Verre vert au quorum, non à Cinq ni canon : à l'école vélo Six isole véloce. La navel lèse Sept et pèse-sel leva. N’ émets banal Huit, Ness senti uhlan abstème ! Fuentes rêva l’âge égal à verset Neuf, Et situ Zéro pave évaporé zutiste.
Post-scriptum sans rapport mais juste pour le fun, tercet de palindromes, gématrie 888 :
Tsé-tsé zéro fore zest, est étole. Zéro dédore zélote et situ. Zéro gore zutiste.
Robert Rapilly,
lundi 10 mars 2014
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