Coraline Soulier et Bart Van Loo se sont mariés à Moorsele, Flandre, samedi 16 juillet 2016.
Exercice de style, comment transmuter l'extrême tristesse du Colloque sentimental de Paul Verlaine en épithalame joyeux ? Car heureuses, très, furent les épousailles.
On conservera le découpage épique des décasyllabes = 4 + 6, de même la syntaxe des distiques originaux.
L'anecdote est authentique : j'ai vu Coraline et Bart se croiser la première fois, en juin 2008 sur le Sentier des Jacinthes au Mont-Noir.
Photo Hans Donckers -

Sur le Mont-Noir, premier soleil d’été,
deux êtres ont tout à l’heure monté.

Leurs yeux sont vifs et leurs bouches loquaces,
pays de jeux, kermesses et ducasses.

Chez Yourcenar, premier soleil d’été,
ils s’aimeront : le sort en est jeté.

— La pressens-tu, notre extase future ?
— J’y cours, j’y vole, envoûtante aventure…

— Ton cœur bat-il déjà d’élire Anvers ?
— Idem le tien que bercera Nevers !

— Sais-tu comment, cette exquise romance,
la couronner ? — La nommerons Clémence.

— Ah ! qu’il est bleu le ciel, et grand l’espoir !
— L’espoir vainqueur survole le Mont-Noir.

Tels ils dansaient, ivres tant leurs étreintes
les chaviraient au Sentier des Jacinthes.

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... d'après Verlaine, les Fêtes galantes :

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Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

— Te souvient-il de notre extase ancienne ?
— Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.

— Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible.

Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir !
— L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.