Samedi 9 juillet 2016, dans le grand jardin de la maison familiale, Nicolas Graner a organisé les premiers Jeux Oulipiques. C'était à Grandvillé dans la Brie, non loin de Mormant et de Pontault-Combault. Une trentaine de gens composions ensemble de la poésie, quand un phénomène s'est produit tel que Walter Benjamin l'entendait (cf. Alex Dutilh sur France Musique / avancer à 44:00 ; le commentaire dure 2 minutes), quelque chose aussi improbable que l'hallucinant dernier chapitre d'Anquetil tout seul de Paul Fournel.

Nous nous souviendrons d'une journée d'impeccable, d'exemplaire, d'extrême civilité.

Je suis – Éden heureux – l’hôte de Grandvillé :
province d’une plaine alentour ample Brie,
familiale porte et clos ensoleillé
qu’orne l’accort fermoir d’un bouquet de prairie.

Mormant suivant Combault, Nicolas travaillé
d’émoi très oulipique espère non tarie
la source emprès l’étang sous l’arbre tortillé,
où l’oreille se chante une prose euphorie.

Suis-je Syagrius l’évasé de Soissons ?
Mon français bouge encore, assez se rassérène
pour changer une faute en hapax clinamène...

Et j'ai vingt fois veinard l’adresse de maisons
hébergeant tout un jour près la rive dallée
ce qu’inspire sans crainte une exquise assemblée.

À ranger sous l'ombre tutélaire des Avatars de Nerval, chaque vers ici visant à sonner en rappelant l'original.

Notes –
1) Il y a bien un petit étang, un arbre tortillé, etc. dans le jardin Graner.
2) Syagrius est le dernier "roi romain" maître de la Brie, avant que Clovis ne le vainque à Soissons.
3) Au lieu de "clinamen", "clinamène" est en effet un hapax, du moins une cheville.