mercredi 27 septembre 2017
La fondue au chester dans la boutique obscure
Au détour d’un courrier mardi 27 septembre 2017, JJ (Jacques Jouet) demande quoi de neuf. Ma réponse :
mince on a coupé l’eau à la maison j’inspecte une vanne qui remonte de la cave pas normal de la fumée diffuse puis dense une voix anonyme minimise le phénomène ben si ! faut descendre vérifier ce qui cloche dans l’escalier un espoir insensé la voix de Stéphane il est là le plombier situ il répare même pas mort et mon cœur chavire de joie la coupure d’eau la fumée si vous saviez comme je m’en fous ... le néon était bien allumé mais il n’y a personne à la cave je pleure en dormant je me réveille en pleurant
JJ objecte : « mon petit Robert, faut pas abuser de la fondue au chester ». L’angle d’attaque est juste : ne pas consommer du chagrin comme drogue, sans fin. Deux ressources immédiates, en premier l’humour. Stéphane avait suggéré cette épitaphe si jamais ça tournait mal après son opération :
— Il avait du cœur, mais il manquait d’estomac. —
Dernière fois où je l’ai vu, cet as de la plomberie dormait profondément au milieu d’un réseau de tubes et cathéters. Alors :
Imagine-toi qu’on sourie à t’entendre moquer le pire : adieu tuyaux de plomberie, en voici par où je respire.
Seconde potion anti-fondue-au-chester, un sonnet sérieux, qui ne pleure qu’en secret sur des choses à lui : la moto Matchless, la figure tutélaire de Hugo, une ultime lecture de Dylan Thomas à son oreille...
Un halo cathéter incurve la piqûre ; c’est la faucille d’or de Booz endormi, le jet paradoxal vivant mort à demi, la fondue au chester dans la boutique obscure. Allons tu vois je reste atermoyer l’augure ; les Vingt ans de jeunesse et Le beau samedi, m’entends-tu les bisser ? Modus operandi, s’agripper au bouquin, faire bonne figure. But a Matchless Engine, un moteur sans pareil suppléant de ton cœur, propulse le sommeil d’où tu ne réponds rien — bécane trop puissante. Rassembler une page avec quels mots tu m’as entraîné, jeune chien, de rue adolescente en Laugharne rêvée après Dylan Thomas.
Robert Rapilly,
mercredi 27 septembre 2017
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