Gilles Esposito-Farèse a proposé à la liste oulipo d'écrire des sélénets dont les vers commencent par les mots successifs d'El Desdichado : Je / suis / le / ténébreux — le / veuf / l' / inconsolé... Ci-dessous une variante où les mots-acrostiches s'allongent parfois (exemple "je" => "jeunesse"), changent de sens ("suis" verbe être => verbe suivre) ou de nature grammaticale ("l'" article => pronom), ou enfin restent tels quels ("ténébreux"). Les sélénets 1 et 2 se tiennent proches de Nerval, les 3 et 4 s'inspirent de Manet, Le Joueur de fifre et Chez le père Lathuille.


Jeunesse on décampe
suis-moi prends ma main
lentement sans lampe
ténébreux chemin

Leurre au chant d'Orphée
veuf du five o’clock
l’assourdit la fée
inconsolé d’Oc

Je / suis / le / ténébreux — le / veuf / l' / inconsolé


Lester l’incunable
princeps sous vélin
d’ors pare l’affable
Aquitaine loin

À sa décadence
largué son fichu
tournoie et sa danse
abolie a chu

le / prince / d' / Aquitaine — à / la / tour / abolie


Manet chez Lathuille
seulement devin
étoilera d’huile
estampes et vin

Morterille on cause
ethnique philtre et
montant virtuose
luthier en attrait

ma / seule / étoile / est — morte / et / mon / luth


Constellé ton fifre
portera Manet
levant note et chiffre
soleil au bonnet

Noirceur mais point d’ombre
devisons piou-piou
laver cette sombre
mélancolie où ?

constellé / porte / le / soleil — noir / de / la / mélancolie


À suivre ?