Sonnets irrationnels
Le sonnet irrationnel est une forme due à Jacques Bens, où les 14 vers se répartissent en 5 strophes selon les premières décimales de π = 3,1415. Les vers isolés 4 & 9 sont identiques, produisant un effet de refrain.
— El Des-π-chado —
Soleil noir, ô mélancolie !
Rends-moi donc la mer d’Italie,
fleur désolée à mon giron.Je rêve où nage la sirène.
Suis-je Lusignan ou Biron,
le prince à la tour abolie ?
Où la rose au pampre s’allie,
vainqueur j’ai passé l’Achéron.Je rêve où nage la sirène.
Rouge du baiser de la reine
et constellé d’un mort flambeau,
modulant sur ta lyre, Orphée,
cris et soupirs de sainte et fée,
tu m’as consolé du tombeau.
— Pis l’automne —
Les sanglots longs
Des violons
Sonnent l’heureDes jours anciens
Lors on s’écœure
Où nous allons
Nous suffoquons
Et l’on pleureLes jours anciens
Je me souviens
Qu’un vent m’emporte
Deçà delà
Pareil à la
Feuille morte
À noter l'alternance de vers tétra- et trisyllabiques en écho à la Chanson d'automne de Verlaine à l'origine des automnets de Gilles Esposito-Farèse.
— Pi héros —
On n’y voit qu’un peu
Je n’ai plus de feu
Au clair de la luneMon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Pour l’amour de Dieu
On cherche le feu
Je n’ai pas de plumeMon ami Pierrot
Pour écrire un mot
Ouvre-moi ta porte
Pierrot répondit
Je suis dans mon lit
Ma chandelle est morte
Robert Rapilly, lundi 1 décembre 2025, à 00:41 [in Sonnets] Aucun commentaire - aucun trackback