Le blogue de Robert Rapilly

vendredi 28 mars 2008

vendredi 28 mars 2008

Sablier piège à filles

Certains soirs, pour faire mon intéressant, il m'est arrivé de monter sur une chaise, de me draper dans un torchon à carreaux et de déclamer une poignée de vers avec des accès de lyrisme proportionnels à mon taux d'alcoolémie (1). Il s'agissait, à condition que les parents fussent partis en week-end, de l'extrait suivant :
« Mon âme est une chimère
Et le lion son papa
Il suit la chèvre sa mère
Je suis roi de la pampa » ;

ou bien, après basket-ball à Denain Voltaire :
« Sisyphe la soulève et range
Opiniâtre on ne peut nier
Mais vain puisque la sphère orange
Toujours retombe du panier » ;

ou encore, ivre de jerk au bal du 14 juillet à Jeumont :
« Tout un art le lancer du disque
Main mise sur palet cerclé
Le show-biz confine au ménisque
Ça tourne pour Eddy Barclay » ;

ou plutôt, à la buvette du Grand Prix de Spa Francorchamps :
« Mon cœur est patiente mule
Sobre et de caractère entier
Quand tournent en rond les Formule
1, mon cœur trace son sentier » ;

et surtout, lundi presque petit matin de Braderie à Wazemmes :
« La marquise Zeugma sortit
À cinq heures et quatre pattes
Allait-elle dans les Carpates
Ou maculer son bel habit ? »

J’escomptais qu’une candidate fiancée écoutât, appâtée par la poésie et, dans l’élan, qu'elle s'éprît et se prît :
- de ma physiognomonie,
- au piège à filles perpétuel de Jacques Dutronc, sablier toujours retourné par une suivante conquête, qui peut attraper seul des mies indéfiniment, et fonctionner même caché sous un torchon à carreaux.

Au bout du compte j’aurai pas mal déclamé ; déchanté aussi.


(1) Le Chieur dixit.

Sablier aux quatrains

L'amorce de Krazy Kitti commune aux sabliers de printemps est ici agencée en quatrain, d'abord l'original puis des variantes dans l'esprit des « Exercices de style » de Queneau :

Vous savez pas la dernière ?
Il paraît que j'ai un blog,
oui, oui, un de ces machins
sur Internet où je raconte ma vie !

Chaque vers anagramme du vers correspondant de l'original :

Va Zouave ! Resplendisse Râ !
Gin jubilatoire plaqua
insouciances où humide
joute victorieuse n’erre, Manant !

Palindrome de syllabes :

Vit matheux, qu’on rage ! Tout naît terrain sûr ?
Un haché meut saindoux, y ouït :
« Au gain blé ! Que geai pare île ! »
Hernie d’air, la Pavée s’avoue.

Lipogramme en a, i, o, u (y est ici considéré comme consonne) :

Entendez l’événement récent :
le Net recèle mes pensées et rêves.
Yes, yes, et ce genre de recette
révèle mes éphémères légendes et exégèses !

Lipogramme en e :

Voudrais-tu un scoop tout frais ?
Paraît-il, j’ai un blog,
oui, oui, un journal à moi
sur microcircuits communiquant au loin !

Ch'ti (pas vu le film, mais je connais la musique) :

Teu sais quôi ?
Paraîtrot qu'j'auros min bleugue.
Ouaille, un d'ches bazers
où qu'te causes ed' tout qu'est-ce qui t'arrife !

Rimbaldien :

Le vent chargé de bruits colporte la dernière
Rumeur : moi l’autre hiver sourd et lourd pis que plots,
J’entends la mer allée, et danse sur les flots
De l’onde électronique, et baigne en sa lumière !

Dialogue (les mêmes mots dans un autre ordre) :

Blog de machins ? J’ai !
Un ? Que oui, un !
Savez-vous ma dernière vie ? Oui, je ! (il la raconte)
Internet paraît où ? Sur ces pas...

Haïku (quatrain quand même, dont un vers vide) :

Clavier aux dents plates
L’écran rumine ma vie

Ça mugit chez vous

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