Le blogue de Robert Rapilly

Amer ciboire

.

À merci boire ! avis de sirène détruite.
Long le tabou, cantique amer, ciboire à vis...
où soupeser faufils ? L’onglet à bouc antique ?
Désiré né de truite ou soupe-serf au Fils ?

Répartition des hémistiches :
A - D’
B - A’
C - B’
D - C’
où, sauf les accents, A & A’ ont la même orthographe, mais aucun mot commun superposé.
Idem de B & B’, C & C’, D & D’. .



Variante 1 :

L’âme ciboire, avis de vin tonsuré toc,
au vantail du resto clame-ci boire à vis.
J’observe pi, faufil sauvant ail, dur estoc...
devint-on suret oc ? Job serve pif au fils !

Ci-dessus, vers 2 et 3, la césure décalée entre "hémistiches" gomme exprès les rimes internes. De même la prononciation distincte de "avis" et "à vis".
Seule la proximité "estoc" avec "oc" déroge à la prosodie classique. Il y a des solutions :
"aura broc" = "au rab roc",
"-don croc" = "donc roc",
"resto c-" = "-r estoc" (cf. distique ci-dessous). .



Variante 2 :

Le souci : boire avis, céleri pour estoc,
celé ripou resto, clés ou ciboire à vis...

.



Variante 3 :

Cep à Ra dis-je suite ? Oc revit, alité,
ogre en fer. Ô cité, ce paradis jésuite,
désir en eau détruite, ô green férocité,
ocre vitalité de sirène, Aude, truite...

Strophe isocèle.
Premier vers, "revit" = verbe revoir.
Vers 4, l’Aude : rivière au pays de Jacques Roubaud. .



Variante 4 :

Caméra clap ou belle on usurpa radis.
Ose ; il le cèle ris ça me racla poubelle,
mou rutabaga telle oseille-céleris...
ONU sur paradis mourut à Bagatelle.

.



Contrainte voisine :

Parle ton duc, Alice :
broc-olifant astique
mat outillage, nouille...

Par le tondu calice !
Brocoli fantastique,
matou Till agenouille.

Les vers 1-4, 2-5 et 3-6 ne sont point vraiment holorimes, mais d'orthographes identiques sauf les accents.

Pareilles contorsions peuvent sembler gratuites ? J'y vois l'insensée conformation de nos mots produire plein d'images à potentiel colossal, poétique ou narratif ; cf. Raymond Roussel...

Soties lucides & contrepétitres

Quatrains en vrac plus ou moins inspirés des Nouvelles Sollicitudes de Jacques Roubaud et Olivier Salon. La morale (douteuse) en est, au choix, un calembour, une contrepèterie, une homophonie approximative. Solution en cliquant sur les lettres bleues du quatrième vers.

D’un luth Hirohito
interroge la tierce :
sans fondamentale est-ce
jouable : mi qu’a do ?
L’aviateur se crashe.
Irréversible panne,
la moitié de son crâne
lui manque : qu’a mi-case ?
Pauvre coquille
des passereaux,
qu’y cache Achille,
qu’a mis l’héros ?
Le barde nous étonne,
samba dans un maillot
et masque de licorne...
Qu’a narval de griot ?
Deux fois dix puissance vingt-six
kilogrammes près variera
le soleil noir – coup d’œil précis
liseré de masse qu’a Ra.
Juste rond calibré,
quel rayon, Cardin, au
béret feutre, Queneau
dessous : Pierre qu’a Ray ?
Paco prédit la foudre :
ce marchand de chandails,
au relais sent la poudre.
Qu’a Rabanne en ces rails ?
Un prince au désert se change en
dune, si l’on en croit la fable
qu’un forçat nommé Jean Valjean
intitula L’émir est sable.
Jean-Sol Partre à fins théâtrales
contraste des anti-héros
et d’autres aux fiers pectoraux.
Il met en scène les seins mâles.
Confrère d’un autre copiste,
prends-y garde qu’à l’improviste
ne tache ton papier vergé.
Alors, buvard épais couché.

PS – Ci-dessus l'alternance de rimes n'est pas systématique ; ci-dessous deux quatrains à rimes mixtes : serve/cerf, -dich/biche, Poe/-baud, Cid/-cide.

Music-hall qu’on y serve
du whisky Glenfiddich !
Ivre et nubile, biche
enjoint : qu’a fécond cerf ?
Non pas Baudelaire ni Poe ?
Inédits, Salon et Roubaud
trouvent sagace rime à Cid :
la nouvelle sitôt lucide.

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