2 sélénets puisés à la première version (1868) du sonnet allégorique de lui-même ; un mot ajouté ("prolixe"), d’autres réduits (par ex. "obscurcissement" devient "obscur"). Comme dans les quatrains de Stéphane Mallarmé, les rimes de Sélényxore englobent la consonne d'appui (Nore - Tyx - PHore - Ny/ix) ; pas celles des tercets ni de Sélénorixe.

Sélényxore

Noir Salon sonore,
Vaisseau de nul ptyx,
Le rêve s’honore
Avec l’eau du Styx.

Cinéraire amphore,
S’allume l’onyx :
Nuit lampadophore,
Vespéral Phœnix.
_
Sélénorixe

Néfaste, prolixe
Pour son cadre, un or
Incite une rixe
En l’obscur Décor.

Scintille et se fixe
L’absent septuor
Qu’emporte une nixe
Sur la glace encor.

_
Un monnet :

Pnyx
dore
ptyx,
flore.

Styx
fore,
Bix
score.

Or,
l’or
fixe

saur,
mixe
cor.

Traduction désinvolte du monnet en vers libres :

Sous les hauteurs d’Athènes,                Pnyx
qui colorent                                dore
hapax                                       ptyx,
et végétation,                              flore.

le Fleuve des Enfers                        Styx
s’infiltre                                  fore,
et le cornettiste Léon Bismarck Beiderbecke Bix
marque des points.                          score.

Présentement,                               Or,
des pépites                                 l’or
qui retiennent                              fixe

le hareng de Diogène                        saur,
y mélangent                                 mixe
le chorus du jazzman.                       cor.

_
5 réécritures du sonnet de 1887, successivement en a, e, i, o, u.
Pas les tercets, mais chaque quatrain fait rimer ses consonnes d'appui :
oNyx / PhéNix
lampadoPHore / amPHore
pTyx / STyx
soNore / hoNore
Une version combinatoire tourne grâce à Gilles Esposito-Farèse en cliquant ici.

Araxe

Ses purs ongles très haut sacrant l’opoponax,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lucifuge are,
Maint rêve vespéral brûlé d’Astyanax
Que ne recueille pas de cinéraire jarre

Sur les crédences, au salon vide : l’hapax,
Aboli bibelot de muette fanfare,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs à Sfax
Avec ce seul objet dont le Néant s’effare.)

Mais proche la croisée au nord vague, l’anar
Agonise selon peut-être l’hospodar
Des licornes ruant l'impétueuse Araxe.

Nymphe défunte nue en le miroir, en star
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se faxe
De scintillations sitôt le samovar.

*

Exergue

Ses purs ongles très haut dédiant leur pyrex,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, thuriféraire
Maint rêve vespéral rougi par le murex
Que ne recueille pas d’amphore cinéraire

Sur les crédences, au salon vide : nul sphex,
Aboli bibelot d'inaudible tonnerre,
(Car le Maître est allé puiser des tubifex
Avec l’objet par quoi le Néant se vénère.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un air
Agonise selon peut-être quelque épair
De licornes ruant une flamme convexe,

Elle, défunte nue en le miroir, si clair
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, s’annexe
De scintillations sitôt le vierge hier.

*

Lyrics

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soulève, lamprophyre,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille aucun funèbre vaudevire

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'une insonore lyre,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet que le Néant put lire.)

Mais proche la croisée au nord vacante, Ophir
Agonise selon peut-être l’elzévir
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, en cuir
Dessous l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septemvir.

*

Aurochs

Ses purs ongles très haut dédiant leur inox,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve phosphorant sous l’Oceano Nox
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul phlox,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé prier chez Palafox
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant la foudre contre Eudoxe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se boxe
De scintillations sitôt le septuor.

*

Luxure

Ses purs ongles très haut dédiant leur Fiat Lux,
L'Angoisse, ce minuit, tient, appogiature,
Maint rêve vespéral consumé par Pollux
Qu’une amphore à jamais cinéraire n’obture

Sur les crédences, au salon vide : nul flux,
Aboli bibelot d'inaudible murmure,
(Car le Maître en garnit les tombeaux mamelucks
Avec ce seul objet que le Néant n'emmure.)

Mais proche la croisée au nord vacante, une Ur
Agonise selon, peut-être ça l'obscur,
Des licornes ruant du feu contre le luxe,

Elle, défunte nue en le miroir, azur
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se luxe
De scintillations sitôt le glaive sûr.

*


_
Le sonnet allégorique de lui-même selon manuscrit premier de Mallarmé en 1868 :

La nuit approbatrice allume les onyx
De ses ongles au pur Crime lampadophore,
Du Soir aboli par le vespéral Phoenix
De qui la cendre n'a de cinéraire amphore

Sur des consoles, en le noir Salon : nul ptyx,
Insolite vaisseau d'inanité sonore,
Car le Maître est allé puiser de l'eau du Styx
Avec tous ses objets dont le rêve s'honore.

Et selon la croisée au nord vacante, un or
Néfaste incite pour son beau cadre une rixe
Faite d'un dieu que croit emporter une nixe

En l'obscurcissement de la glace, Décor
De l'absence, sinon que sur la glace encor
De scintillations le septuor se fixe.

... sans titre en 1887 :

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.