Nous sommes les citoyens de la logosphère (Gaston Bachelard à propos de radiophonie - La Nef 73-74, février-mars 1951)

En 2007, toute la terre est occupée à s’imprégner de simulacres télévisés, téléphonés, encodés. Aucune Muraille de Chine ne résiste à google, clé omnipotente. Rien ici ou là qui ne puisse dans la seconde franchir océans et continents. Aussitôt advenu tout sera connu, répertorié, normalisé, banal… Tout ? Non ! À l’écart de la planète enrégimentée, des villages singuliers résistent encore et toujours à la normalisation. Et la vie retrouve sel et sens pour qui rencontre les Irréductibles parmi nos semblables.

La musique, fade poudre instantanée, s’est-elle dissoute dans l’onde électromagnétique universelle ? Pas toute la musique ! se réjouissent les auditeurs de Joane Hétu, chanteuse et saxophoniste québécoise. On fait l’expérience d’une émotion brute, fondamentale en assistant à son interprétation de Filature avec l’Ensemble SuperMusique.

Filature transpose sur scène le passé de tisserande de Joane Hétu, en 3 actes qui filent la métaphore : la Chaîne (5 hommes), la Trame (5 femmes), le Motif (orchestre complet… et public ébahi à Victoriaville en mai). Contre-chant de virtuose sobriété, la vidéo de Pierre Hébert pare en direct les sons de Hétu, Auclair, Del Fabbro, Gignac, Guilbeault, Labrosse, Palardy, Tanguay, Venba et de l’ange oumupien Jean Derome.

Billet repris d'une chronique d'Yvan Maurage (alias mézigue) dans les Nouvelles d'Archimède n° 46