Navets 12

Hier on a lu Issa. Feuilletons encore « Fourmis sans ombres » ; l’auteur, Maurice Coyaud, cite des haïkus de fleurs et d’arbres :

Sous l’apparence de la
Minuscule violette
J’aimerais revivre

(Sôseki)


Je lève la tête
L’arbre que j’abats
Comme il est calme

(Issekiro)


J’avais sommeil
Mais je suis retourné pour regarder
Le saule

(Baishitsu)



1 - Je lis aussi Mathias, non pas une nature morte, mais plutôt le tableau chantant d’une abondante cueillette automnale. Comment en rendre compte dans le format d’un haïku : la tradition japonaise impose 3 vers de 5-7-5 syllabes.

Voix des jardiniers
Radieuses comme une pomme
Cueillie en novembre

Beaucoup de détails sont passés sous silence, mais en haïku on s’interdit le bavardage ! Les 2 tercets ci-dessous en disent davantage.

Novembre arrive où l’on cueille :
après la moisson de seigle,
Chantons un air coutumier !

De l’étamine à la feuille,
calibrons sur une règle
la pomme prise au pommier.



2 - Terine redoublée d’après la nature morte de Lucille (pomme rouge, feuille noire, balance blanche)

Elle ne s’effarouche
Cueille la pomme rouge
Sœur de coing et de poire
De prune à feuille noire
En sectionne la branche
Sur la balance blanche

Par le fer elle tranche
La chair de pomme blanche
Moitiés dessus la souche
D’érable à feuille rouge
Soupèse la mémoire
Sur la balance noire

On lut dans un grimoire
Que dans la pomme noire
N’entrent lame ni manche
Mais qu’une feuille blanche
Enveloppe la gouge
Sur la balance rouge