Le blogue de Robert Rapilly

Épitaphe d'Henri-Désiré Landru par Jean-Baptiste Botul

Manuscrit 1922 attribué à Jean-Baptiste Botul / Épitaphe d'Henri-Désiré Landru / Fonds Bernard-Henri Lévy aux enchères de Lairière.

Chaleureux malgré que bourru,
quel amant déclarant sa flamme
fut-il sincère avec la femme
au degré qu'afficha Landru ?

Mais les jurés, gobeurs tout cru
du boniment d'un juge infâme,
décollèrent sous une lame
l'Henri-Désiré qu'ont pas cru.

Basta des marmots & marmite
et morne besogne broyer,
vive Landru le féministe !

Point phallocrate à condescendre,
ni reléguer femme au foyer,
il n'y garda qu'un peu de cendre.
          

Dernier portrait de Botul par Pierrot Labryl, huile sur toile - 1946 / Neue Galerie de Nueva Königsberg

Villanelle à Dylan Thomas

Cliquant là, on entend la voix de Dylan Thomas en musique ; là encore telle quelle à la BBC.

Ne glisse pas docile en cette bonne nuit,
qu’au soir l’âge irradie et s’insurge du terme ;
enrage, enrage si s’éteint l’ombre qui luit.

Le sage, que droiture aux ténèbres conduit
de n’avoir harponné nul éclair par le verbe,
ne glisserait offert à cette bonne nuit.

Le juste, lors qu’en pleurs l’ultime vague bruit,
peut-être à déployer autour d’une anse verte,
enrage, enrage si s’éteint l’ombre qui luit.

Le farouche, tenant l’air d’un soleil qui fuit,
s’il apprenait trop tard avoir grippé sa geste,
ne glisserait offert à cette bonne nuit.

L’austère succombant, que la noirceur instruit
d’une aveugle gaieté – son regard étincelle –,
enrage, enrage si s’éteint l’ombre qui luit.

Et toi mon paternel, haut d’où rien ne s’ensuit,
maudis et bénis-moi : fières larmes, prière.
Ne glisse pas docile en cette bonne nuit,
enrage, enrage si s’éteint l’ombre qui luit.

Texte dit le 23 mars 2012 à la Maison Folie de Moulins par Frédéric Forte (souffle), Dominique Quélen (râle), Ian Monk (en français), Robert Rapilly (en anglais).

Post-scriptum : mode d’emploi / gestomètre / lignes justifiées -

Récrire en français la villanelle de Dylan Thomas
protocole à Do not go gentle into that good night
Traduire sans souci de prosodie un vers à la fois
chacun se déployant alors plus long qu’en anglais
Déduire de convertir le décasyllabe en alexandrin
Dresser l’inventaire des images et des inventions
Arrêter une hiérarchie élémentaire de contraintes
1/ rythme & rime aussi serrés que dans l’original
2/ collecte à distance respectueuse dans le stock
polysémique d’inventions & images de Dylan Thomas
            

Post-post-scriptum : villanelle à Boulmier 1878, qui imita Mallarmé 1885 plagiant Roubaud 1981 -

En villanelle Boulmier
s’adosse l’âme chthonienne
du divan de Récamier

Où se plagie en premier
la méthode roubaldienne ?
En villanelle Boulmier

Cependant de quel sommier
s’inspirera Freud à Vienne ?
Du divan de Récamier

La pomme annonce un pommier
à moins qu’inverse n’advienne
en villanelle Boulmier

Missive de mon plumier
à la jeune femme ancienne
du divan de Récamier

Voyage un pigeon ramier
qu’éros au temps n’aliène
du divan de Récamier
en villanelle Boulmier

Bye-bye Perito Moreno

Adieu Perito Moreno

Dites-moi quand, n'en quel pays,
Rompra l'Arche de lac hautaine,
Reine si Blanche que le lis
Dont soupire voix de sirène,
Échos grondants où bruit renseigne
De flocons avant Magellan,
Et de beauté trop plus qu'humaine ?
Mais où vont les glaces d'antan ?

Strophe ci-dessus après que Guy Deflaux a écrit sur le Perito Moreno :
« (...) Les glaces qu'on voit là se sont accumulées en amont du glacier du temps de Magellan (...) »

Archives - mars 2012

Sélectionner une date

mars 2012
« 12345678910111213141516171819202122232425262728293031 »

Les cases à fond coloré signalent les dates de parution des billets. Les flèches permettent de se déplacer au mois suivant ou précédent.