Le blogue de Robert Rapilly

Peintre et portrait

Couple de sonnets contraires vers à vers ; les deux textes à la suite forment un palindrome de mots.
Cf. billets précédents et Louis d’Épinay d’Ételan & Selvio Zagghi (Formules n° 12, pages 329 et suivantes).

Peintre et portrait miroir tu donnes tu reçois
Autant autre l’égale apparence d’ombrage
Feindre tel artifice éclipse ton visage
Nonobstant abolir point ne faut-il qu’émois

Voilée a-t-elle trop flétri timbre sans voix
Étoilée ourse l’orbe esquisse-t-on l’image
Constamment inversé foyer après sillage
Trace sans origine avenant quelquefois	

Efface-t-elle aurore éclipsant galaxie
Retentissement oint apparue éclaircie
Dément ce calme sort là gomme ci crayon

Carapace où d’éclair ressemblance de reste
Vivace aujourd’hui soit idéal un rayon
Comment annihiler l’indistinct palimpseste
Palimpseste indistinct l’annihiler comment
Rayon un idéal soit aujourd’hui vivace
Reste de ressemblance éclair d’où carapace
Crayon-ci gomme-là sort calme ce dément

Éclaircie apparue oint retentissement
Galaxie éclipsant aurore elle t’efface
Quelquefois avenant origine sans trace
Sillage après foyer inversé constamment

Image l’on t’esquisse orbe l’ourse étoilée
Voix sans timbre flétri trop elle t’a voilée
Émois qu’il faut ne point abolir nonobstant

Visage ton éclipse artifice tel feindre
Ombrage d’apparence égale l’autre autant
Reçois-tu donnes-tu miroir portrait et peintre

Miroir

Sonnet palindrome de mots, ayant relu Louis d’Épinay d’Ételan et Selvio Zagghi (Formules n° 12, pages 329 et suivantes) :

Peintre et portrait miroir tu donnes tu reçois
Autant autre qu’égale apparence d’ombrage
Feindre tel artifice éclipse ton présage
Nonobstant abolir point ne faut-il qu’émois

Voilée a-t-elle trop couvé timbre de voix
Étoilée Ourse l’onde esquisse cette image
Quelquefois inversés foyer après sillage
Sillage après foyer inversés quelquefois

Image cette esquisse onde l’Ourse étoilée
Voix de timbre couvé trop elle t’a voilée
Émois qu’il faut ne point abolir nonobstant

Présage ton éclipse artifice tel feindre
Ombrage d’apparence égale qu’autre autant
Reçois-tu donnes-tu miroir portrait et peintre

Post-scriptum : quatrain palindrome de mots à vers isocèles -

Serment sous-entendu revenant du manoir,
aimant son imago vampire est-on miroir ?
Miroir on est vampire, imago son aimant,
manoir du revenant entendu sous serment.

Post-post-scriptum : distique palindrome de monosyllabes -

Or, d’outre en bois tu vins : de ce fût plein et for.
Et plein, fût-ce de vins, tu bois en outre d’or.

L'épiquatrain

Lu dans le Traité de Prosodie de Gilbert Farelly (éditions Ichthusson 1960, p. 947) :

L’épiquatrain, poème dactylographié sans ponctuation, se joue en deux temps :
1) la fable, deux décasyllabes isocèles de rythme épique 4 + 6,
2) la morale, deux pentasyllabes isocèles contenant une contrepèterie.
Exemples sur divers schémas de rimes :

Souffle profond de vapeur en machine
double compound on intercala l’hymne
Cet épiquatrain
équipa le train
Jamais rempart ne se touche amabile
ni le minet n’a menu qui croustille
Pas plus doux le mur
que le mou n’est dur
Chant d’Haïti s’y joue épisode où
le diable anglais a suave vanille
Ô doux vaudeville
d’un Devil vaudou
Frottant vaisselle avec un manchon l’on
barbouille « Ave » sur le cul du poêlon
Qui lave un gratin
l'y grave en latin

Antisonnet miroir

La suite des 2 sonnets est un palindrome de mots, dont quelques homographes.
Ce rapport d'inversion est augmenté d'antinomie entre les vers de même position.
En bref, ici l'inverse dit le contraire ; à lire en se demandant pourquoi les miroirs retournent droite & gauche mais pas haut & bas.
L'objet est brut ; on peut en concevoir d'autres, où la syntaxe serait lissée, le lexique creusé - notamment polysémique.

Vertu la praxis en distance
glace ivre l’onde d’élixir
tu sombres oublieux désir
enlace-t-on l’élan sans transe

Pleur ou somme immobile danse
coureur avant l’autre zéphyr
poche ta soif comme avenir
Marabout sort outre une ganse

Oud identique après lenteur
bamboche ailleurs d’éveil rieur
décroche alors arrêt en grève

Goût mémorable dessus flot
moût au sobre plat on t’enfièvre
approche envers l’abstrait défaut
Défaut abstrait l’envers approche
enfièvre-t-on plat sobre au moût
flot dessus mémorable goût
grève en arrêt alors décroche

Rieur éveil d’ailleurs bamboche
lenteur après identique oud
ganse une outre sort marabout
avenir comme soif ta poche

Zéphyr autre l’avant-coureur
danse immobile somme ou pleur
transe sans élan l’on t’enlace

Désir oublieux sombres-tu
élixir d’onde l’ivre glace
distance en praxis la vertu

Palindrome & antipalindrome de mots

Deux quatrains forment un palindrome de mots :

Loin au silence parfois clameur
une onde cette alarme océan
l’alizé tout à fait
serait écume en larme de sel

Quel sel de larme en écume
serait fait à tout alizé
l’océan alarme cette onde
une clameur parfois silence au loin

Deux tercets sur la même symétrie palindrome, mais où chaque mot a pour image son contraire :

Murs colmatés d'indifférence
ils affectent fort dédaigner
céans s'éloignant dos à dos

Face à face allant s’y viser
vaguement dissimulent-elles
désir de limpides miroirs

Défaite au foot

Quatrain où la voyelle finale O suit A, B, C et D,
de sorte que ça rime à l'œil mais pas à l'oreille :
on entend à la suite "san" / "-bo" / "-gnie" / "dou".

D’invoquer une fée à São
Paulo n’eut qu’effet placébo
de rebouteux & C°
Voix du vaudou nothing to do

Sur la contrainte des rimes alphabétiques, voir le billet Alphabétire.

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