samedi 27 septembre 2025
Ian Monk
Souvenir d'un atelier animé par Ian Monk en classe de seconde, lycée Pasteur à Lille. Il s'adresse à une assemblée bigarrée de jeunes gens plus ou moins punks, gothiques ou rangés des vélos. La consigne est dite en quelques mots, précis et gentils : comment écrire un autoportrait en forme de morale élémentaire.
Les lectures seront poignantes, gratifiées du regard surpris et bienveillant de l'assemblée, Ian nous invitant à applaudir chaque élève à tour de rôle. Quelques semaines plus tard l’enseignante reviendra vers lui. Elle n’a jamais connu de classe aussi soudée, que l'on soit punk, gothique ou rangé des vélos.
Rien de facile cependant en ce protocole d'humanité et de pédagogie. C'est le fruit d'une précaution méticuleuse de la parole et du geste, en conscience que l’écriture touche à la fragilité adolescente. Pour conséquence, les récits de vie s'imposent en actes glorieux. Ian animateur de l’atelier n’élude pas les cicatrices de son propre autoportrait, qu'il lit en premier pour exemple, membre parmi les autres d’une commune poétique en mouvement.
Quelque chose de fatalité britannique, j’ai souvent perçu une résonance de Dylan Thomas en Ian, "Plouk Town" répondant à "Portrait of the artist as a young dog". Ci-après, une villanelle imitée de Do not go gentle into that good night.
N’y sombre pas si douce soit la nuit
l’âge irradie il s’insurge du terme
enrage rage à fixer ce qui luitL’usage — quoi — cède l’ombre au dépit
mais quelle allure et quel éclair du verbe
t’ont vu passer sans frousse dans la nuitHomme de bien l’ultime souffle bruit
de Fives grise à Laugharne anse verte
enrage rage embrase ce qui luitTiens aujourd’hui le soleil il s’enfuit
puis le bistrot singe au néon sa geste
un virtuose œuvre eh ! billard la nuitDelà silence où la noirceur instruit
la balistique en ton œil étincelle
enrage rage à brandir ce qui luitEt toi Ian Monk loin d’où rien ne s’ensuit
bénis ou non nos larmes ma prière
surtout ne sombre asservi dans la nuit
enrage assez que passe la lumière
Robert Rapilly,
samedi 27 septembre 2025
[In Épitaphes] Aucun commentaire
- aucun trackback