Maintenant que l'affaire est médiatisée, que non seulement les sites internet, mais aussi la radio et la télé parlent de l'Affaire, je me sens plus libre d'en parler moi aussi : histoire enfouie hier encore (les blogues amis auraient suffi, à quoi bon les hauts parleurs hertziens ou les tubes cathodiques ?), mais rompons un silence ressassé durant 4 années, couvercle mal vissé sur un moment post-opératoire précis, 5 heures 05 du matin, lorsque j’ai identifié l’évidente et infime ressource qui faisait défaut, bras et jambes ligotés sur un lit de réanimation et cordes vocales comprimées autour d’un tube respiratoire : rien me fallait-il, que ce stylo que j’implorais en mimant l’écriture du bout des doigts, pendant qu’yeux muets et infirmes tentaient quand même de crier et d’agripper quiconque s’était approché : en l’espèce, deux têtes penchées sur le lit, la première coiffée et masquée de toile verte - une jeune femme d’après la voix - qui m’avait mis en garde : « Vous allez voir, si vous continuez de taper sur la barrière du lit ! non mais dites donc où vous croyez-vous ? », la seconde, élève infirmière ou aide-soignante en tenue blanche et à visage découvert, qui avait fini par comprendre : « Il veut un stylo ; (joie ! elle a deviné ; faire oui des paupières…) mais si c’est pour écrire les mêmes insanités que l'autre type tout à l’heure, faut pas compter sur nous », fin des monologues et trotteuse de l’horloge dans le champ de vision et plafond carrelé blanc et toutes choses d'hôpital à quoi j’ajouterai, n’ayant pu m’en défendre sur place, que ma résolution ne fut jamais à proférer des injures, juste noter : « Il y a de l’eau dans mes poumons, j’étouffe », conséquence ordinaire de la condensation et des sécrétions pharyngées, puisque par routine un peu plus tard - 5h20, l'oubli n'effacera pas ça - on est revenu, cette fois actionner le siphon salvateur, clepsydre qui glougloutait, sablier létal interrompu non sans m’avoir livré un plein quart d'heure à l’absolu loisir d'abandonner adieu la lutte.

(1) amorce de Tar Valanion