Lipogramme en E, rimes en I vocaliques puis consonantiques
Texte relu et corrigé le 10 décembre 2009 (après parution dans le numéro 53 des Nouvelles d'Archimède)

Virginal, continu, sculptural l’aujourd'hui
Va-t-il grand nous ouvrir d'un coup d'alluchon gris
Un lac durci d’oublis qu'y hanta l'inlandsis
Du cristallin frimas aux vols qui n'ont pas fui !

Lors un ibis d'antan invoqua quand par lui,
Coruscant sauf qu'il va s'affranchir sans sursis
Pour avoir tu toujours un opportun pays,
Brilla l'impuissant froid du chagrin alangui.

Tout son col ondula l'instant blanc convulsif
Du cosmos s'imposant à l'animal captif,
Non la prison du sol aux confins du martyr.

Zombi du rayon pur qui glaça l’oasis,
Il s'immobilisa d'illusions transir
Aussi loin fors raison qu'il apparût Ibis.


... d'après Le Cygne de Mallarmé

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.