L'Hyène (gestomètre du sonnérailleur)
Choisir un sonnet en alexandrins, à "préparer" comme John Cage un piano
Poser les 2 premiers vers, ici ceux du Ténébreux de Nerval :
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie (...)
Découper et recoller les 2 alexandrins en 3 octosyllabes
12 + 12 = 24 syllabes = 3 x 8
Je suis le Ténébreux, le Veuf l'Inconsolé, Le Prince d'A- -quitaine à la Tour abolie
Ne pas toucher aux rimes initiales (Inconsolé & abolie)
Arrondir les octosyllabes de sorte qu'aucun mot ne soit coupé et qu'un second système de rime s'ébauche
Je suis le Ténébreux qui plie Inconsolé sous l’Aquitaine Ou Prince à la Tour abolie (...)
Répéter 6 fois l'opération avec les distiques successifs d'alexandrins ; ça donne :
Je suis le Ténébreux qui plie, inconsolé Sous l’Aquitaine, ou Prince à la Tour abolie. Seule une Étoile morte y mène et, constellé, Je porte et traîne un luth signé Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, ta peine eût consolé De ma folie encor Virgile et l'Italie. La fleur, qui plaisait tant au chêne, a désolé La treille pleine en Pampre arrosé de saillie. Suis-je Amour que Phébus déchaîne où va Biron ? Pauvre coolie, on rêve au baiser de la Reine, Le front rosi d’une ancolie à l’Achéron ! Chez la Syrène on nage où fors pieux oublié Jouant sur une lyre hellène, ai-je crié Comme on supplie : ô Fée, ô sainte Cantilène !
Recopier au fur et à mesure les octosyllabes correspondants
Augmenter à proportion du raccourcissement des vers le nombre de strophes : 3 quatrains & 3 tercets
Lire l'un & l'autre poèmes
Je suis le Ténébreux qui plie A Inconsolé sous l’Aquitaine B Ou Prince à la Tour abolie A Seule une Étoile morte y mène B Et constellé je porte et traîne B Un luth signé Mélancolie A Dans la nuit du Tombeau ta peine B Eût consolé de ma folie A Encor Virgile et l’Italie A La fleur qui plaisait tant au chêne B A désolé la treille pleine B En Pampre arrosé de saillie A Suis-je Amour que Phébus déchaîne B Où va Biron pauvre coolie A On rêve au baiser de la Reine B Le front rosi d’une ancolie A À l’Achéron chez la Syrène B On nage où fors pieux oublie (*) A Jouant sur une lyre hellène B Ai-je crié comme on supplie A Ô Fée ô sainte Cantilène B
S'être amusé à diverses dispositions des nouvelles rimes (-ie / -ène) : croisées dans un sens, dans l'autre, embrassées
Les avoir examinées de près jusqu'à se souvenir de quelque chose comme de l'hyène de la Rubrique-à-brac
Chaque fois que j’ai lu Gotlib, il m’a semblé que je déchiquète la cervelle d’une hyène
Donner le titre
Dédicacer
(à Marcel Gotlib)
(*) diérèse : pi-eux
Robert Rapilly [in Sonnets],
mardi 10 avril 2007 à 11:20
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