D'après Italo Calvino ; voir Diomira chez Zazie Mode d'Emploi.



De là, suivant trois jours le fil oriental,
l’homme accède à la ville aux coupoles ventrues
que barde un argent clair idem l’étain des rues ;
tout luit, les dieux d’airain, le théâtre en cristal...

Un coq en or, campé sur sa tour piédestal,
charrie une antienne où remonte par crues
le malstrom des cités et grâces disparues :
souviens-toi de septembre ô Voyageur mental !

Quand le jour raccourcit, des lampes en série
chamarrent le feston dessus la friterie ;
tantôt d’une terrasse une femme criera

Hou ! Les sens pointeront l’heure présente, cible
encadrant ce bonheur de soirée invisible
qu’ils ont déjà vécue avant Diomira.



Cœurs (cf. Roubaud & quatrains sentimentaux de Pibrac)

Mon cœur est la ville invisible
Sise trois jours vers le levant
Le trait qui l'a prise pour cible
Par le khamsin suivra le vent

Mon cœur d'or fait le coq et chante
Les heures en haut d'une tour
Combien de minutes soixante
Pour qu'il entonne son retour

Mon cœur brûle un soir de septembre
Phénix au crépuscule prompt
Soleil fossile il dore l'ambre
Rai quand les jours raccourciront

Mon cœur d'argent fut la coupole
Plein cintre au théâtre en cristal
Pavé d'étain c'est la rigole
Où coule un pleur sentimental

Mon cœur sort d’une friterie
Cornet comble de souvenirs
En terrasse une femme crie
Hou ! bonheur datant des menhirs

Mon cœur de bronze est la statue
Dont l'homme connaît la beauté
Dans d'autres villes il l'a vue
Diomira la déité



Sélénets

Au levant les hommes
Marcheront trois jours
Vers soixante dômes
D'argent et des tours

Un coq en or chante
Là-haut le matin
Voix réverbérante
Sur pavé d’étain
_

Cristallin théâtre
Et force des dieux
De bronze et d’albâtre
S’honorent les lieux

Chaque enseigne allume
Ses mots expressifs
Au clair de la lune
Clignent fish & chips
_

Les soirs de septembre
À Diomira
C'est bonheur d'entendre
Celle qui criera

Hou ! d’une terrasse
À l’heure où l’on sent
L’ancestrale trace
Dans l’instant présent