« Notez, je vous prie, que j’aurais résisté longtemps avant de finalement céder sur un malheureux coup de tête hier soir dimanche, aux alentours de minuit » (1). C’est le cri qu’a lancé à l’adresse des journalistes le président, menotté et embarqué en fourgon cellulaire depuis la cour de l’Élysée.

Le Monde, quotidien vespéral sorti des rotatives ce lundi et daté de mardi, se perd en conjectures : on décortique Machiavel, on glose d’après Dalloz, on invoque le Verbe (au nom duquel, rappelons-le, le prince déchu voulut disqualifier laïcité et loi de 1905). Combien de temps le supposé suprême garant des lois aurait-il résisté avant d’antidater ses documents administratifs d’électeur municipal, à supposer qu’il fût un honnête homme ? Quel profit ses avocats auraient-il à tirer d’une déclaration jouant de la confusion entre futur antérieur et conditionnel passé ? On l’aura cru… nous aurait-il menti ? On aura travaillé plus… gagnerait-on moins ? Mais l’imposture démasquée, une liesse populaire bon enfant se délecte à l'avance du joli mai prochain où auront triomphé le bien commun et la vertu républicaine.

Ultime inquiétude, si la résistance du président fut conditionnelle, il semblerait qu'une invective - à l'impératif cette fois - ait accompagné le coup de tête : « Casse-toi, etc. »... On n'ose imaginer qu'il s'agisse d'un coup de tête concret au collaborateur soupçonné d'avoir rancardé Le Canard enchaîné, hebdomadaire satirique paraissant le mercredi ? Affaire à suivre…

(1) Colin Ducasse