Je suis triplement ponté.
Je lis Trois pontes de JJ, d’après Trois contes.
Je décroche le téléphone à l’appel de la Jardinière qui annonce de Pirou « Tante Simone est morte » dont la vie normande, le deuil insoutenable du fils mais la foi terrienne perpétuaient la Félicité de Flaubert.
Je me souviens, seul invité d’un repas en semaine chez elle, du pain béni à la pointe du couteau.

Je marche sur le trottoir d’Hellemmes, banlieue commode où il n’y a que deux pas du tabac au salon funéraire.
Je dépasse à mi-distance des deux établissements un homme allongé que massent à tour de rôle des pompiers exténués.
Je vois des jambes inertes, mollets bleus sous l’ourlet du pantalon.
Je croise quelques mètres plus loin une gamine qui sautille, dix ans peut-être, longs cheveux blonds, vêtue de noir : serre-tête, chemisier, jupe, chaussettes - un autre deuil, entamé celui-là -, tout en noir aussi la petite sœur et la mère qui suivent.

Je rattrape presque un jeune homme à casquette, père déjà ou oncle à la vingtaine, un couffin tout neuf encore emballé à la main, et il me manque de le rejoindre tout à fait avant la bouche de métro, lui dire la gloire de naître.
Je revois le fatal Concours de circonstances, tableau de Christian Zeimert dans un catalogue rétrospectif chez JJ.
Je raconte ma promenade au même JJ, second appel téléphonique du jour à la maison.

Je médite aux coïncidences, qui d’ordinaire étonnent, en objectant que la vigilance poétique en action décèle tant de détails (sensitifs, mnésiques, lexicaux, numériques...) que l’étonnant serait de n’y point trouver de coïncidences.
J’entends JJ, surtout pas superstitieux, répondre néanmoins « Ne sors plus aujourd’hui ! », eh bien d’accord.
Je relis en comptant, ça tombe sans préméditation que voici le quatorzième vers d’un sonnet achevé.