Sonnet allégorique d'un autre

Aux purs ongles très haut dédiant leur onyx
vers l'angoissant minuit, soutien lampadophore,
maint rêve vespéral se consume Phénix ;
brise à te recueillir la cinéraire amphore !

Je vide la crédence au salon de tout ptyx,
car l'œuf est bibelot d'inanité sonore ;
près du Maître on ira puiser des pleurs au Styx
avec ce seul hauban dont le Néant s'honore.

Paire loin la croisée au nord vacante, en or
et chair agonisant selon le sûr décor,
la licorne a rué l'hapax contre une nixe.

Elle, comète nue en le miroir, encor
tout oubli dilué par le cadre, se fixe
de scintillations sitôt au septuor.


Exercice inspiré du jeu des deux questions de Nicolas Graner.
Chaque vers du sonnet répond à 14 alexandrins épars de Hugo, puisés au pif dans « Les Contemplations, Livre III - Les luttes et les rêves », pourvu qu'il s'agisse de questions (ci-dessous). Deux façons distinctes de lire :
- sonnet du début à la fin ;
- va-et-vient des questions aux réponses.

À quel néant jeter la journée insensée ?
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Qu'en est-il de ce rêve et de bien d'autres choses ?
Et comment voulez-vous que j'échappe à cela ?

Que te sert d'avoir pris cet enfant, ô nature ?
Pourquoi le nid a-t-il ce qui manque au berceau ?
Comment passerons-nous le passage suprême ?
Veux-tu, dis-moi, bon arbre, être mât de vaisseau ?

Quels sont ces deux foyers qu'au loin la brume voile ?
Sont-ils aussi des cœurs, des cerveaux, des entrailles ?
Cherchent-ils comme nous le mot jamais trouvé ?

Quel est ce projectile inouï de l'abîme ?
Et, par instants encor, tout va-t-il se dissoudre ?
Ciel, où les univers se font et se défont ?