Montcalm de Saint-Véran
mord mâts, van, cantilène,
scandinave malt mort,
en malstrom TV canadienne.

Épisodes 1 à 15

1
Unique enfant du Rhône
qui vécût à l’huronne,
vint donc seul, mais marrant,
Montcalm de Saint-Véran d’
entre Gard et montagne.
Lisons ce qu’en témoigne,
broché de parchemin,
son carnet en chemin.

2
Que relate l’antique
agenda d’Atlantique ?
Que Saint-Véran Montcalm
n’accosta pas à Palm-
-Beach où vont les marquises :
rien que nobles banquises
l’ont jamais sacré roi d’
Oswego et du froid.

3
Mousse dans la Royale
du temps des nefs à voile,
de prime l’admit-on
au rang de marmiton.
Le petit poisson nage,
accroît son poids, son âge,
pourvu qu’ait bien nagé
et que devienne âgé !

4
Au port de la sardine,
ça dîne et ça re-dîne.
En mangeant l’appétit
vient petit à petit.
Sur les barques bretonnes,
tout se calibre en tonnes :
les gars à noms bretons
pêchent de nombreux thons.

5
Il apprend en patrie
de pluviométrie
qu’on n’endosse à Quimper
que pelisse et qu’imper.
Cadet de la marine,
l'air enfle sa narine.
Sorti de Douarnenez,
le vent vient droit au nez.

6
Il invective, il prise
le pif face à la brise.
Maudit vent qui t'abats
sur la blague aux tabacs !
Son brûle-gueule fume
et guérira du rhume,
en appoint aux sérums
des ratafias et rhums.

7
Mais bientôt l’équipage
eut la mer, pas la plage.
Trop d’eau sans les troquets
ni les bistros des quais.
Rien, le blanc, cette écume,
une corne de brume,
un treuil et un chalut...
Vieil océan salut !

8
Voile de frais mystère,
l’azur cerne la terre
d’indigos pas que beaux.
Du pont des paquebots,
une vague, une lame,
ça met le vague à l’âme.
Dame ! matez les eaux,
compagnons matelots.

9
Qui possède l’épée
d’océane épopée,
n’est-ce donc l’Espadon
qu’arma Poséidon ?
Quelle ombre frôle l’onde
où finit notre monde,
l’Hollandais Volant sur
l’azur, l’azur, l’azur ?

10
S’enfle un souffle en ces toiles
d’oxymauresques voiles.
Montcalm, tu confondras
la Royale et tes draps.
Escargots de Bourgogne
et cargos de Boulogne,
tant de coques se font
que l’oreille confond !

11
Un dicton de Koksijde
(Lorsque coque s’oxyde,
ça chavire à l’envers
avant chenal d’Anvers)
retentit du naufrage
de marins d’un autre âge.
Sans citron la poisse ! On
n’aime plus le poisson.

12
Et si jamais l’on sombre,
implorons que notre ombre,
désolation d’ennuis,
s’évade enfin des nuits
en abysse blafarde !
Saint-Véran cauchemarde
mais son trois-mâts le rend
indemne au Saint-Laurent.

13
À terre on perd sa trace :
un lot de paperasse
s’envola du journal, m’
a-t-on dit de Montcalm.
Or, une descendante
se trouve être ma tante,
grand clerc et lumière en
science de Saint-Véran.

14
Prairie aux découvertes,
scrutons les pistes vertes
où le soleil a lui
sur son parcours à lui.
Wanted sur les archives,
jouons les détectives,
parcourons à dada
le vaste Canada !

15
Affranchie âme amère,
la frangine à ma mère
sera guide à tâtons
des prochains feuilletons.
Son chef fiché de plumes,
suspendu dans les brumes,
ondule en vol plané
où passe son poney.

(à suivre)