Lipogramme en E, rimes vocaliques
Texte relu et corrigé le 10 décembre 2009 (il restera hélas une imperfection dans la version à paraître, numéro 53 des Nouvelles d'Archimède)

Captifs bouillants d’amour, savants point rigolos,
Autant adorons-nous quand mûrit la saison
Nos doux chats si puissants honorant la maison
À fuir un climat frais, jouir d’un salon clos.

Amis d’attraits lascifs prisant un savoir gai,
Ils vont par où sans bruit l’angoissant noir fait loi ;
Mais n’y tractant au Styx aucun obscur convoi :
Nul jamais au harnois n’a soumis un margay.

Paladins fantasmant, ils ont d’instinct l’aplomb
Du grand Sphinx accroupi sous son abri profond
Qui parut s’assoupir dans un coma sans fin ;

Dos imaginatifs aux fulgurants rayons...
Mil gravats d’or luiront ainsi qu’un limon fin
Du for d’iris divins qu’à la nuit nous voyons.


... d'après Les chats de Baudelaire

Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ;
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ;

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques.