Le blogue de Robert Rapilly

Protéonet (2)

  • Voir le billet antérieur Protéonet.
  • Jacques Jouet m'apprend qu'il a composé jadis des "poèmes dimorphes", à l'ordre du jour de la réunion de l'Oulipo de novembre 1988.
  • Et je retrouve ce précédent de girondeau-sélénet.


Un protéonet pourrait-il combiner ces deux formes fixes en principe incompatibles, sélénet et pantoum ? Pour écueil, la distribution des rimes : immuable dans le sélénet, décalée d’une strophe à l’autre en pantoum. Voyons voir...

Mon ami ramone
Soûl lâche minet
Au son du clac sonne
Bien doux sélénet

Sous la cheminée
Le foyer s’ensuit
Bien douce est l’aînée
De même sans nuit

Le foyer sans suie
À force de cuir
De même s’ennuie
Connaît le martyr

À force de cuire
Mon ami Ramon
Connaît le martyre
Au son du Klaxon

Sélénet & pantoum d'holorimes.

Ci-gît rondeau-balle
Où l’obus sol-air
Au paradis cale
Tabernacle et chair

Houle au but solaire
Défense d’y voir
Ta berne à clé chère
Vit cet accès seoir

Défense d’ivoire
Jamais ne l’a cru
Vice est accessoire
Du rai sec ou ru

J’amène la crue
Si gironde au bal
Dure et secourue
Ô pas radical

Ci-après quelques essais d'une forme ramassée, le "pantoum" en un seul sélénet. Gef a nommé cela sélénétoum. Je viens de taper "pantoum" entre guillemets, façon de signaler que ces strophes rudimentaires ne partagent avec le pantoun originel qu'une analogie forte (quasi répétition, ou homophonie, ou contrepèterie, etc.) entre les vers 2 & 4 d'une strophe et 1 & 3 de la suivante.

À la tour égale
Comptant sept un dix
Étuve la poêle
Câpre aux propolis

Content cet indice
Alla tout régal
Qu’à propos police
Es-tu veule à poil
Sous les mule et rosse
Que la menthe au thé
Cela pingre endosse
La vitalité

Quelle amante ôtée
Soûle émut l’Éros
Là vite alitée
Se lape un grand os
Aspidistra vaille
Ver tu boiteras
Crevant pire aïe aïe
Au cul patatras

Verte boîte rase
A speedy travail
Occupa ta trace
Creux vampire à l’ail
Couleur Samothrace
Cet intrus castor
Cotonnée à tresse
Vicomtesse Habsbourg

C’est un truc atroce
Que leur chameau star
Vît conter sa brousse
Cotonéaster
Le Pont des Six Arches
Par la vitre vu
Déborde les marges
Qu’il colle au vécu

Parlant de Vitruve
Seul pondit ces chars
L’alcoolo qui cuve
Des morbleu de jars
Ô drap gonfle embarque
Là-bas tel Harry
Rouant fusain marque
Ré-Pondichéry

La batellerie
Au dragon flambe Arc
Répondit chérie
Rouen fut Saint-Marc
Ravi Shankar d’Inde
Entonna new riff
Si bleu semblant scinde
L’aliter hâtif

À Tananarive
Ravisant Cardin'
L’allitérative
Cible sans blanc-seing
Ô ruelle ô rixe
Çà l’on vit d’angor
Ma larme elfe et nixe
Puisée en son or

Salon vide encore
Haut ruait l’oryx
Puis céans s’honore
Mallarmé phénix
  • Commentaire — Difficile de s’arrêter une fois lancé. Appréciation subjective, cette contrainte plutôt dure se frotte aux limites d’un sens suivi. L’écriture progressant, on a la sensation continue de rattraper in extremis une machine emballée. Le résultat n'est qu’à moitié rationnel, mais les scories a priori hors sujet induisent par aubaine comme une hallucination automatique. Poésie sans inspiration ? Vive l’oulipo !


Enfin, au lieu de répéter les vers, on en renversera les génitifs (procédé systématique chez Feuerbach et les situationnistes), ou on usera d’une figure dialectique apparentée.

Jumeaux que l’on sorte
le pôle d’abord
entre les mots l’ordre
console l’accord

Abordez le pôle
l’écume des jours
s’accorde et console
des légumes gourds

Or les jours d’écume
de la berge au bac
gourdes et légumes
vont vers Feuerbach

Du bac à la berge
sortent des jumeaux
Feuerbach inverse
l’ordre entre les mots



Post-scriptum — Un "punktoum", sélénétoum bilingue et burlesque : question en anglais, réponse française par vers holorimes approximatifs.

Hometown a store
Duck on ice cream
DJ stevedore
Has a belly steam ?

Dès qu’un ail sec rime
Omettons Nestor
Et sa belle estime
Digestive d’or !

Pantoum menthe-houpe

Les vers 2 et 4 ne sont pas répétés exactement en 1 et 3 dans la strophe suivante : il s’agira de contrepèteries approximatives.

Pour qu’un écran s’arase
Cybernétique rien
Mousse de fraîche base
Poids plume microbien

Ethnique sibérien
Je la sème malade
Émigrant poil pubien
Vacillante façade

Gel à même salade
Durs étriers de bain
Ça file entre ambassade
Henry forcé dauphin

Sur des billets de train
Courbe un hareng s’écrase
Ce doryphore a faim
Sous ma bêche la phrase

Haïkuleurs

À la suite du Haïku noir de Gef.

Haïku invisible (2 définitions de la Taulière de l'Appentis)

La télépathie
à savoir sentez les faunes
l’âme agit sans mail
Haïku topaze

La synesthésie
par Vassily Kandinsky
Sonorité jaune
Haïku éclatant

Daphnis & Chloé
on démarre piano
Pan c’est à la fin
Haïku filigrane

Triple homographie
le dieu faune éclaterait
un lambeau de mur

Solution : Pan / pan ! / pan
Haïku grenat

Sauf son boléro
boléro boléro qu’a
composé Ravel ?
Haïku suie (vers 1 et 3 anagrammes)

Peintures abstraites
de Kandinsky tatoueur
traits bistres en peau

Sonnet culinaire

Imité de Nerval et de Gef, ce sonnet répète l'ordre des voyelles et des consonnes du Desdichado, ainsi que les espaces et la ponctuation :

   El dEsdIchAdO / lE dÉshÉrItÉ
=> En pErsIllAdE / lA cArbOnAdE (etc.)
En persillade —
(la carbonade)

Ne bois ce marasquin, — du moût, — d’ensorcelé,
Sa trempe d’agioteuse a bu tout ébahie :
La soupe écoule onc sèche, — un bar long surplombé
Gicle du mazout loin vu ta pyrophobie.

Sens le goût de mildiou, bai fou d’oc rescapé,
Corps-roi la sauterelle en ce bac s’avarie,
Le preux gui pleureur donc y fut deuil dépité,
Or sa plainte ou sa menthe a sa dose d’orgie.

Vaut-ce aveux au tripot ?… Racontar au fanon ?
Ses flans ont douze appas de louves Pô ni Seine ;
D’où bave tant sa glotte au râle de sélène…

Ys d’Eu suit leur bourgueil chapardé d’artimon :
Libérant quel y fuit tel le jaja d’exclue
Son puisard si la source en sol plat ne se rue.

Robert le Norman

Protéonet

Nommons protéonet (d'après Protée et son pouvoir de métamorphose) un poème que l'on peut assimiler à des formes fixes différentes. Exemple en jouant de la typographie :

  

On lira d'abord un hermétique quatrain de décasyllabes taratantara...

Du fin fond secret de son Mercure, œuvre
aux enfers un son : calme sommeil-watt...
Elle écoute une onde, hôte d’obscure heure
rêvant embraser noir ce soleil froid.

... mais aussi, en quinconce, un sélénet :

Du fond de Mercure
Aux fers son sommeil
Elle une hôte obscure
Rêvant noir soleil

Fin secret son œuvre
En un calme watt
Écoute onde d’heure
Embraser ce froid



Le phénomène inscrit un même texte dans deux formes fixes distinctes, voire davantage. On pourra convoquer ad libitum d’autres moyens que purement prosodiques — ci-dessus la typographie, mais encore des dispositifs phonétiques, optiques, mécaniques, etc.

Des précédents sur ce blogue, pantounnet, pantrine et 4 billets sur le sonnérailleur. Lire aussi les poésies protéiformes de Gef.




En se limitant à la prosodie, le sélénet suivant...

L’aveugle traverse
Mais à mi-chemin
Il ressent l’angoisse
Des pneus Michelin

Fantasmagorique
Son cœur voit plus loin
Par-delà panique
Et lui pour témoin

... est une petite boîte :

L’aveugle traverse mais
à mi-chemin il ressent
l’angoisse des pneus Michelin
	fantasmagorique
son cœur voit plus loin par-delà
panique et lui pour témoin



Ce haïku...

Nymphéas et d’eau
Monet fait au sonnet lit
d’où jaillit l’haïku

... donne un sonnet de monosyllabes après le titre :

Nymphéas —

Et
d’eau
Mo-
-net

fait
au
so-
-nnet

lit
d’où
jail-

-lit
l’haï-
-ku



Un gestomètre...

Croire Protée comme Poséidon
Vivre lisible telle la pépite
Prendre ta sage sérénité déchaînerait assurément
Coudre la fée Mélusine étrange

... devient une petite morale élémentaire portative par traduction en contrepèterie :

poire crottée / pomme causée
           on-dit
livre visible / pelle lattée
            type

       tendre  passage
       c’est n’hériter
       de chair  aînée
       et   sûr  amant

foudre calée / mulets inertes
           ange



Tétraprotéonet :

1) À supposer :

À supposer  naître jà  protéonet, désormais
peut-être changer de bonnet caméléonesque :
donner au dico sans tricher  — mais presque
en rime — l’écho.

2) Gestomètre :

À supposer
naître jà protéonet désormais
peut-être changer de bonnet caméléonesque
donner au dico
sans tricher ! mais presque en rime l’écho

3) Petite boîte :

À supposer naître jà
protéonet désormais
peut-être changer de bonnet
— caméléonesque —
donner au dico sans tricher
mais presque en rime l’écho

4) Sélénet :

À supposer naître
Jà protéonet
Désormais peut-être
Changer de bonnet
Caméléonesque
Donner au dico
Sans tricher mais presque
En rime l’écho



Protéonet sonnet & pantoum —

1) Sonnet :

Qui se découvre bon, homme égal au pertuis,
Ad hoc devrait passer toute gomme où son doute
Arque et boute Oc égal au pertuis ad hoc huis,
Sur le sac hurlant gamme où son doute arque et boute.

Oc ibère Roland se damne huis sur le sac,
Hurlant gamme ô Sirène ! Ivre onde ou lac ibère,
Roland se damne sous Roncevaux, souffle ubac.
Ô Sirène ivre onde où la cave c’en libère !

Lune sous Roncevaux, souffle, ubac illustré...
D’un carré, rune avec, en libère l’une : ange
À la frange et de stuc illustré d’un carré,
Rune acmé l’ombre en volapük, ange à la frange.

Et de stuc un onyx honore au charme acmé,
L’ombre en volapük pleure, aida-t-on Mallarmé ?

2) Pantoum :

Qui se découvre bonhomme
Égal au pertuis ad hoc
Devrait passer toute gomme
Où son doute arque et boute Oc

Égal au pertuis ad hoc
Huis sur le sac hurlant gamme
Où son doute arque et boute Oc
Ibère Roland se damne

Huis sur le sac hurlant gamme
Ô Sirène ivre onde ou lac
Ibère Roland se damne
Sous Roncevaux souffle ubac

Ô Sirène ivre onde ou lac
Ave c’en libère Lune
Sous Roncevaux souffle ubac
Illustré d’un carré rune

Ave c’en libère l’une
Ange à la frange et de stuc
Illustré d’un carré rune
Acmé l’ombre en volapük

Ange à la frange et de stuc
Un onyx honore au charme
Acmé l’ombre en volapük
Pleure Aïda ton mal — larme

Aïe ! arrivé au dernier vers, je n'avais pas calculé qu'il faudrait faire du même mot final une rime masculine (sonnet) et féminine (pantoum). C'est Mallarmé qui m'a sauvé du sépulcral naufrage.

À suivre là.

Sonnets holorimes 2019

Lien à l'actualité de L'Encrier Revanche / Un Voyage d'Envers.

Ci-après, avec grand retard, une salve de sonnets holorimes (de strophes, de vers, d'hémistiches) composés depuis le début de l'année. Des sonnets différents suivront, encore en vrac dans mon ordinateur.

Baudet strié l’on craint maint simulacre au pôle.
Quand on frime on coche, on boude véracité.
Doux sagittaire, Till c’est l’égal ausculté :
son talion l’aigu Mahler choqua ce rôle.

Beau destrier, Long-Crin mincit mule Acropole.
Canton frit mon cochon, bout de verrat cité.
D’où s’agitèrent-ils ? Selle et galop sculpté
sont à lion légume, à l’air chaud casserole.

La conique otarie éleva talus, mer
et creux vice ou saccage, ire, parafe amer…
c’était tard galéjade à gaver maigres nouilles.

Laconique eau tarie, elle va t’allumer
écrevisse où sa cage y repart affamer
ses têtard, galet, jade, agave et mes grenouilles.
Sait-on debout, girafe ou léopard à l’aile,
qu’aux mandibules dame ! on dut l’os caribou ?
Cette onde bouge, ira foulée au parallèle
comme en dix bulles d’âme ondule Oscar hibou.

Émile à merci trompe, attaque, escroque Odile.
Si tel alligator mordit rondelle et dent
et mit l’amer citron pataquès crocodile,
citez la ligue à tort, mort d’hirondelle aidant !

Lune, voici Bob l’okapi cool en étoile.
Éléphanteau meunier, Sade est faon secoué.
L’une voit si beau bloc à pis coulant n’est toile,
elle est fantôme, nièce à défense Coué.

Leurrez les cailles loin, six lapins sont du râble,
leur aile écaille l’oint : Scylla pinson durable.
À quoi relatif on aquarella typhon
Stentor n’a de ton hertz temps tornade tonnerre
De vents sa lime aux nerfs devança limonaire
Marimba l’orphéon ma rime balafon

L’ouragan leste au mât louera quand l’estomac
Étau s’y clone basket ô cyclone basque
Debout Rascar Capac de bourrasque arqua Pâque
Tigre au coude t’abattit gros coup de tabac

Où l’orage hiver part houle eau rage hyperbare
Au bal à fracas barreau balafra gabare
Glacis Moon honnit vos glas simoun haut niveau

En ta mer tumulte y ment amertume ultime 
Chenue à genoux fauche nuage nouveau
Héra phalange free mais rafale ange frime

Billet fourre-tout

Ci-après quelques poèmes composés depuis décembre 2018. Je ne les avais pas postés, tout occupé à L'Encrier Revanche / Un Voyage d'Envers.



  • En vrac, ceci d'abord dont chaque ligne est palindrome alpha-centré...
   


  • Un paragraphe rigolard sans rapport avec ce qui précède. Contrainte proposée par Lucas Lejeune à la liste oulipo, que les unités de temps soient des aliments :

Je t'ai connue, m'a pas fallu attendre un bœuf pour que tu m'en fasses l'effet. Mais toi, un poulet plus tard, t'avais deviné que je l'étais — précisément planton au commissariat. N'empêche, tu sais que j'suis bonne pâte : une seule m'a suffi — pas même un quart de lapin pour comprendre hier soir que tu m'en avais posé un. S'il te plaît, retiens tes mandales si qu'on se croise, attends au moins un œuf poché avant que de mon œil !


  • Un double quatrain dont le sens s'inverse selon l'ordre de lecture des vers :
Scylla d’échos fatals ô cris
De Charybde au double langage
Fors dans l’ordre de mes écrits
Havre sans récif ni naufrage

Havre sans récif ni naufrage
Fors dans l’ordre de mes écrits
De Charybde au double langage
Scylla d’échos fatals ô cris



Frankenstein dans ce sonnet —

Affiche à Grand-Guignol : Défunts & Possédés,
L’on joue un vaudou-ville où claquent les couvercles
De cercueils entrouverts, trompe-la-mort espiègles,
Éros ex-Thanatos scénar dard et décès.

Pire vent pour vampire à dentier d’enterré,
Grandes morgues soufflez, et grincez vielles vieilles
D’ectoplasme en zombi ! Tous toussent, tu bégayes…
L’extinction des feus c’est la mort au carré.

Sade maudit qu’atroce, après vendredi treize,
Leur samedi quatorze ait trait ventre en détresse.
Visser vice au viscère en démonte minuit.

Sous halo d’un fanal — acte trois, obscène une —,
L’une rousse ô miroir ! lui hèle qu’elle luit :
Scellez nez, Frankenstein, aux glaires de la Lune !

  • Un poème dont les strophes à rimes millionnaires se concluent en contrepèteries gentilles :
Au Tréport ton portrait Fernand Léger ô maître
figure un nez de clown à poupe géomètre
	Tant narine comique
	que marine conique

Afin que le regard y fronce acerbe assez
deux buissons jailliront des cernes herbacés
	La paire de sourcils
	fait source de persils

Vincent pauvre Van Gogh par manque d’aumône aïe
trancha son pavillon et rendit la monnaie
	Lorsque rare l’oseille
	on se rase l’oreille

Buste de marbre antique à quoi morceau manquait
c’est un fou de Socrate il grimace au Banquet
	La démence Platon
	déplace le menton

Magritte philosophe a peint oui-da visages
drastiquement muets cependant d’avis sages
	Suffit gommer les bouches
	pour ne gober les mouches

Un blair a plusieurs noms Capone estompe au nez
une touche exhibant deux profils pomponnés
	Le pif et le tarin
	attifent le parrain

Doré d’après Merlin fit la gravure épique
où Morgane se plaint que son blanc collier pique
	Ouch ! dit la bru du barde
	combien drue est la barbe

Cher facteur idéal oncle d’individus
tes moustache et tignasse en comptent d’invendus
	Cheval non tes neveux
	ne valent tes cheveux

Pour s’éveiller humain qui trie et qui chiffonne
il a clos sa prunelle il s’est avachi faune
	Qui bâche la paupière
	empoche l’abbé Pierre


  • Ça :
Philosophe antibaise
quand tu dis platonique
je vois tes yeux de braise
et j’entends Platon nique

D’abord hippo-thermie
ou fièvre de cheval
ensuite hypothermie
frigo de l’hôpital

Ombre d’Humphrey Bogart
olé gringo ! sachez
que l’hombre Beau Regard
fut Lévitan Sánchez


  • Une petite morale élémentaire portative :
grive grise / poule soûle
           cool

dinde dingue / aigle bègue
            help

       qu’un oiseau corne
       ailé — m’en taire ?
       mon air klaxonne
       morale aviaire

mouette chouette / kiwi cuit
              couic


  • Une strophe...
Ce fripon d’Holgersson sans l’adieu des mouchoirs
a fugué puis revint gentil à dos de jars.
Un philosophe apprit au garnement fantasque :
« Ce que tu crois savoir se planque sous un masque ;
dirait-on un serpent à plumes mais fleuri…
Rideau ! » fit-il enfin. Lors le vieux sage a ri.

... dont le résumé est un palindrome en 55 lettres de gématrie 555 :

Nils a déserté, a obéi.
Démocrite va vêtir :
comédie, boa et résédas, lin.



Rétropédalage rata ta régalade Porter.


  • Sur proposition de Gef à la liste oulipo, des palindromes (légèrement capillotractés ;-) de couples de lettres : N'é / lu / de (...) de / lu / ne :
N’élude série
Pas brune dame d’un bras
Éprise de lune
Tu feras Éon / on sera fétu
Onde ! tu végétaliserais jaune ton,
et un jais rasé lit âge vêtu d’Éon.
Baal ennemi, la décade
de la maille sonorisa
le sarin… Ô soleil malade
deçà delà mine en Alba !


  • Une strophe protestataire imitée de Clément Marot, 29 janvier 2019 :
Lors Castaner, pandore après guignol,
à court de mots a fait parler la poudre.
Entre visage et crachat de flash-ball,
où la vaillance ? où la honte jean-foutre ?
Pour vrai viendra que frappe juste foudre
avec raison, tout de cœur rien de nerf ;
nul boutefeu n’a chance d’en découdre :
lâche fissa ton fusil, Castaner !

  • Des quatrains à moralité palindrome-express phonétique ou orthographique —
Malbrough va-t-en guerre
Fifre rigolo
Ne blague plus guère
Quand ça siffle un do

Drôle de Lord
Sir en ut tu ne ris
Flacon sulfurique
Méridional
Ça vient d’Amérique
Le cocktail fait mal

L’acide médical
Le sec ipéca : sac, épice, sel
Pots du sud stop !
Bicorne revêche
Sous un froid d’igloo
Satyre à la Crèche
Fifre à Waterloo

Noël : ô Pan, ô Napoléon !
Sitôt batterie
tintant carillons
quand on se marie,
tous en chœur rions !

On sonne, noçons !
Couronnons d’obèle
l’imposant Gaulois
dont tant nous emballe
la grâce d’exploits !

Obélix c’qu’il est beau !
La boutique obscure
nous en extrayons
ce clos qui n’obture
l’accès aux rayons

Rêve, verre.
Si la braise couve
comme on l’y couvait
Calimero s’ouvre
follet et mollet

Feu, œuf.
Son sédatif fuse
Sur âme d’ados
Soda de ma ruse
Suffit à Desnos

Amoché a coché et Sélavy va leste
eh Coca ! eh coma !
À l’envers la coulpe
s’apaise à l’hosto
en lâchant la coupe
d’empli cogito.

L’obel rétro pensé trac sédatif fit à Descartes ne porter le bol.
Fructueuse cote
du Maître à Lévy :
asservir la note
sous ré, dessus si.

L’ut obéira, parie Botul.
Voici, prolétaire,
Karl dans son hamac :
mousse de galère ?
marin de kayak ?

Sis s’alite Marx, rame-t-il assis ?
Raison rigolote
un fugace instant,
l’herbe en soi grelotte :
discours excitant !

La brève facétie : Spinoza gèle le gazon ipséité, café verbal.
Le signe du doute,
logique en philo,
déchaîne le couple
qu’on meule au silo.

L’obel Russel-Leibniz-Nizan gagna zinzin : bielles sur le bol.
— Me versé-je et bois-je,
professe Jean-Paul,
des bocks de cervoise
remplis sans faux col !

Sartre se sert ras.
Passe un fabuliste
de vie à trépas
qu’instruit communiste
descend ici-bas.

Ésope se tue, Marx rameuté se pose.
Ce chien de Pontoise
sans Dieu ni rabbin
à la lettre toise
l’hellénisme urbain.

Cergy : Diogène goï d’Y grec.
Capitaine d’Arche
parfois remet-on
d’aplomb l’ivre marche
du Lord Caneton.

Noé dégrise Sir Gédéon.
Lord au nom d’Étoffe
et sujet du King,
d’un Pair philosophe
proie au kidnapping.

Sir Paletot ? Sir Aristote l’a pris.
Un retour de tube
du vilebrequin,
c’est comme titube
trop vert ton rouquin.

Rue ta manivelle tel le vin amateur.
Qu’une maladie éruptive
infecte estrade et tableau noir,
bien vite une dame s’active
paraffiner jusqu’au couloir.

Elle cira véloce l’école varicelle.
Notes sur tablette de cire :
jamais d’ailes sans parasol,
sinon ça fond au point d’occire
le héros d’un épique envol.

Et Icare sera cité.
Le marin s’enivre
Pris d’amnésie aux
Tonneaux du navire
Chez Dionysos

Noé d’oubli t’a-t-il bu, Odéon ?
Puisque je m’égare,
dis-moi, fit le vieil
homme à la camarde,
où le grand sommeil.

Sa perte : le trépas.


  • Des fables-express cartographiques :
Le fleuve a jailli des Rocheuses.
Glisse un kayak au Grand Canyon,
sa coque d’algues accrocheuses
suffit à piéger le poisson.

Moralité : colle au radeau
Pognon de dingue que ça coûte :
que ruisselle un philtre vaudou
qui chloroforme goutte à goutte
cette souffrance sans-le-sou !

Moralité : (souffrance) — (sou) = France
Cyclone dessus la rizière,
les champs de moutarde et de thé...
pauvre Gange, pauvre misère,
tant frappe fort la pauvreté.

Moralité : bang ! la dèche
Quelle ivresse va faire mouche
et triompher à la Scala ?
Pas d’un grand cru, mais de gros rouge
au cul d’un flacon de jaja.

Moralité : hit à lie
À Saint-Jacques-de-Compostelle,
un tailleur pose la leçon :
— Qu’il soit de paille ou de dentelle,
comment se nomme un caleçon ?

Moralité : est-ce pagne ?
Joseph Bologne de Saint-George
escrimeur et musicien
quand il répétait dans sa loge
n’ajoutait ni n’enlevait rien.

Moralité : scène égale
Tête en avant sur le passage
Leninski Prospekt à Moscou,
traverser ne serait pas sage
où le trafic tranche le cou.

Moralité : rue scie
Conspuez la fétide haleine
des gazouillis du Président,
qu’on les siffle, qu’on les malmène
au dam d’un tapage strident !

Moralité : huez ça !
En l’an quarante peut-on croire
le serment d’Adolf et Joseph
qu’aucune puissante mâchoire
jamais n’écrase balte fief ?

Moralité : l’étau nie
Au sauna des landes lapones,
Frigg la reine des taïgas
désirerait que tu savonnes
son dos en transpirant, mon gars.

Moralité : sue ! aide !
Le tabac quand on le mastique
ramollit joliment si l’on
ne crache pas sur l’esthétique
en pays flamand ni wallon.

Moralité : belle chique
Ninjas belliqueux de l’Empire
du Soleil levant, oyons dès
qu’au cœur hoquetterait notre ire
en des aboiements saccadés.

Moralité : jappons
Note à deux cent quatre-vingt-treize
hertz : la seule nuancée où l’
accord pentatonique plaise
à Pyongyang autant qu’à Séoul.

Moralité : qu’au ré
Disparition de l’Ancêtre
au carnaval qui le grima
en dieu Viracocha peut-être,
à moins qu’en gringo de Lima ?

Moralité : père où ?
Soupe de chuño, l’Inca danse
autour d’un calice à La Paz :
tinte la tasse et vibre l’anse
en cadence exacte des pas.

Moralité : bol hi-fi
Langues nilotique et bantoue
potentielles d’un stylo
dont la bille d’encre tatoue
les feuilles de mangrove à l’eau.

Moralité : mots en bic

Albarétros

Jeu : réciter L’Albatros de Baudelaire en lisant ce poème à l’envers.

Sa marche est sans espoir, car immense, son aile
sous la bronca l’amarre au sol du non-retour.
D’archer dont il se rit, du grain qu’il ensorcelle
et du ciel souverain parut-il troubadour.

Il volait, cet infirme à présent grabataire,
un brûle-gueule au bec afin de l’outrager ;
laid comique combien ! Autant que beau naguère,
veule et gauche dès lors, ce velet voyageur.

À son côté ne tient, qui traînerait pour rame,
qu’albe aviron géant piteusement pataud.
Honteux et maladroit, d’azur, le vénérable
sur les lames du pont fut jeté de sitôt.

L’amertume est un gouffre, y glisse la voilure
des exodes communs, l’indolence suivant
en mer l’oiseau majeur : l’albatros, ô capture
dont l’équipage humain s’amuse si souvent !

Vous pourrez aussi lire à rebours El Desdichado, en cliquant ici.

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